Qu’est-ce que la « charge mentale » ?

La charge mentale est un concept proposé dès les années 1980 par Monique Haicault, une sociologue du travail, pour désigner la charge psychologique spécifique que représente, pour les femmes, le travail domestique et parental.

L’INSEE a calculé qu’en France les femmes assument en moyenne 65% des tâches ménagères et parentales, l’écart se creusant de plus en plus à partir du 2e enfant. Or la gestion de la vie familiale, ce n’est pas juste faire (le ménage, la cuisine, les courses…), c’est aussi penser (à tout) : organiser, anticiper, lister... Cette présence continue de la vie domestique dans la vie psychique (« que mange-t-on ce soir ? », « il faut passer au pressing ! », « il faut acheter les chaussures de gym de l’aînée », « il faut un cadeau pour l’anniversaire de mariage des beaux-parents » etc.) constitue un poids – une charge mentale – majoritairement porté par les femmes.

Mais allons plus loin : si les hommes tendent à s’investir davantage dans la sphère professionnelle, et les femmes dans la sphère domestique, ce n’est pas une question de goût naturel ou de génétique, c’est d’abord une question d’argent ! Car cette spécialisation sexuée, qui n’est ni totalement consciente ni vraiment choisie, n’en demeure pas moins logique : les femmes étant en moyenne moins payées que les hommes à qualifications équivalentes, il est plus intéressant pour le foyer que monsieur consacre plus de temps et d’énergie au monde du travail, laissant à madame la charge des enfants et l’entretien de la maison. Or, à quoi sont dues les disparités de salaires entre les sexes ? Les enquêtes sociologiques l’ont clairement montré : à l’investissement plus grand des femmes dans la sphère familiale ! Et effectivement, leurs congés parentaux sont plus longs, ce sont elles qui prendront de préférence leur journée si un enfant est malade…

Le serpent se mord donc bien la queue : les femmes sont désavantagées sur le marché du travail (moins payées, moins considérées pour les postes à responsabilité, plus souvent à temps partiel) parce que la gestion de la famille leur revient puisqu’elles sont désavantagées sur le marché du travail. Pourtant les hommes apprécieraient sûrement un peu moins de pression au travail et un peu plus de temps en famille, tandis que les femmes aimeraient sans doute pouvoir davantage se reposer sur leurs compagnons tout en étant mieux considérées dans la sphère professionnelle. Associer des mesures favorisant l’égalité sur le marché de l’emploi, à des mesures pour diminuer le temps de travail, voilà qui permettrait de réduire le chômage (travailler moins pour travailler tou.te.s !), d’avoir un rapport plus serein au travail et une vie de famille basée sur le partage et l’épanouissement de chacun.e. N’est-ce pas là un beau programme ?