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Laurent Joffrin, la carpette du pouvoir


Joffrin, directeur de publication de Libération après avoir été celui de l'Obs, s'en prend durement à François Ruffin dans un article du 21/12. Il s'étonne que Ruffin, « truffant son discours du mot haine » prenne « des accents de Marat » pour dénoncer les élites de droite comme de gauche. Il va jusqu'à le comparer au Père Duchesne qui « ponctuait ses diatribes du mot foutre ». Bon, rappelons que le Père Duchesne était le titre de plusieurs journaux qui ont paru pendant la Révolution française, plutôt de tendance radicale. Ce Père Duchesne symbolisait en fait un l'homme du peuple dénonçant les abus et les injustices. Il ne peut donc pas y avoir de diatribe du Père Duchesne, mais des diatribes dans le Père Duchesne. C'est difficile de demander à Joffrin d'être instruit puisqu'il a fait Sciences Po et est titulaire d'une licence en sciences économiques et, en même temps, d'être intelligent... ou, pour le moins d'avoir un peu de notion sur la culture du peuple. Qu'il ne connaît que pour en avoir entendu parler...


Cet homme (fils d'un éditeur qui deviendra gestionnaire de fortune, proche de Jean-Marie Le Pen et occasionnellement, contributeur financier du FN) ne sait rien des affres des fins de mois. Il militera un temps au PS avant de se lancer dans une carrière de journaliste. Diplômé du Centre de formation des journalistes, il en deviendra le vice-président. On lui doit donc la formation de ceux qui iront remplir les pages de la presse de droite ou de ceux qui encombreront les chaînes d'info continue de leur servitude au pouvoir. Ce que sait très bien faire Joffrin. Passant d'un organe de presse à un autre, il contribuera sous les ordres d’Édouard de Rothschild à la transformation de Libération qui perdra alors ce qui en faisait l'originalité pour devenir un journal à peine de centre gauche. Pendant ces trois ans (1996-1999) à la tête de Libé, le journal perdra sans cesse des lecteurs. À la tête du Nouvel Observateur de 1988 à 1994, il fera la même chose qu'à Libé, conduisant cet hebdomadaire à la même dérive droitière avec une perte significative de lecteurs. Revenu à Libération en 2014, alors que ce quotidien appartient à Bruno Ledoux et Partrick Drahi (Altice Média Group et Altice), tous deux bel exemple du capitalisme moderne ultra-libéral (1), il donne un tour de plus en plus droitier à ce quotidien. Pour ceux qui le suive, on notera la position rédactionnelle plutôt ambiguë sur Macron et des attaques systématiques contre la France insoumise. Il est vrai que la composition sociologique des lecteurs de Libé n'a plus rien à voir avec ce qu'elle était à sa création... Plutôt les catégories aisées et citadines. Joffrin est tellement bon que la diffusion payée de Libé est passée de 101 000 à son arrivée en 2014 à 75 000 fin 2017.

Donc, Joffrin continue dans son article une démonstration sur le « nouveau visage » de Ruffin qui rend « hommage à Étienne Chouard ». Par un biais très curieux, Joffrin renvoie Ruffin à Soral en passant par ce Chouard, puis à Dieudonné. Ainsi, Ruffin fricote avec l'extrême-droite antisémite, conspirationniste et véhicule des « fake news trumpistes ». Continuant sa démonstration, Joffrin ramène François Ruffin à cette gauche « qui a rejoint le général Boulanger » (2) et « trouvait des mérites à La France juive de Drumont » (3). Démonstration est donc faite que Ruffin en serait « à mélanger sans précaution le jaune des Gilets jaunes, au rouge et au vert de sa rhétorique d’extrême gauche. On voit, dans son cas, ce que donne un tel mélange de couleurs : du brun. » Bravo, monsieur Joffrin, bravo ! Voici donc notre député France insoumise devenu fasciste... Il fallait oser. Mais, comme dirait Audiard, « les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît ».


Pour ne pas être en reste, son ancien employeur, l'Obs, publie le même jour une tribune de Pascal Riché, autre journaliste interchangeable (au même cursus que Joffrin). Assez curieusement, ce papier tend à jeter sur les Gilets jaunes l'accusation d'antisémitisme. Il suffit que quelques abrutis reprennent le chant de Dieudonné, la quenelle (au demeurant très mauvais texte) pour qu'aussitôt tous les GJ soient antisémites. Une accusation de plus... Une coïncidence quand même curieuse.

Joffrin, un parmi les éditorialistes interchangeables, est un des pires représentants de cette caste de compromis avec le pouvoir, prêts à n'importe quelle ordure pour défendre ceux qui les font vivre. Parce qu'il y va de leur niveau de vie de petits privilégiés, payés par le Capital et le pouvoir en place, au demeurant quel qu’il soit, il s'en arrange toujours.(4).

Qu'il ne s'étonne pas d'avoir, un jour, à rendre des comptes ! (1) Drahi expliquant que notre problème, c'est que contrairement aux chinois, on ne travaille pas 24h sur 24h ou qu'à l'exemple des américains, 2 semaines de congés devraient suffire. Drahi vit en Suisse, ses sociétés sont installées à Guernesey, paradis fiscal. Ledoux est un descendant de Charles Ledoux, fondateur en 1881 de la Société minière et métallurgique de Penarroya (Metaleurop, cette société exploitait une fonderie à Noyelles-Godault. Une longue polémique entoura le licenciement des 830 salariés, et l'abandon d'un site considéré comme le plus pollué de France.

(2) Boulanger, général nationaliste, soutenu par les bonapartistes et les monarchistes était pressenti pour renverser la IIIe République en 1889. Il n'ira pas jusqu'au coup d'état, sera poursuivi et finira sa vie en se suicidant sur la tombe de sa maîtresse en Belgique.

(3) Drumont, écrivain antisémite, passera sa vie à vomir sa haine. Mort en 1917, il reste encore une référence à l'extrême-droite anti-sémite.

(4) Libé est le deuxième quotidien français qui reçoit le plus de subventions de l'État avec treize millions d'euros en 2017... Ceci explique cela !

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