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Le mythe renouvelé de la gauche unie…


(n’engage que l’auteur de cette tribune libre)

Depuis quelques mois, on voit s’agiter quelques intellectuels en mal d’union de la Gauche. Ainsi est né « Place publique » sous l’impulsion de Raphaël Glucksmann, de Claire Nouvian et de Thomas Porcher, notamment. Le but de ce mouvement serait de recoller les morceaux d’une gauche éclatée qui court à la catastrophe électorale sur les prochains scrutins.



L’initiative pourrait être fort louable si le thème de cette unité de la Gauche n’excluait pas immédiatement la France insoumise. En effet, il semble que cette dernière soit la principale formation visée par cette démarche. Bien plus d’ailleurs que la droite aujourd’hui au pouvoir à travers LREM qui s’évertue a appliquer le programme électoral de Fillon et de LR. Au demeurant, une partie de la gauche (ou dite comme telle) a préparé cette politique libérale. C’est bien le PS qui a commencé à détricoter le Code du travail avec les lois El Khomri inspirées déjà par Macron. C’est ce même PS qui a permis au tandem Macron-Hollande de créer le CICE, redistribution de nos impôts vers les bénéfices distribués par les grandes entreprises au détriment de l’investissement et de l’emploi que cette mesure devait impulser…


Le but de Place publique serait ainsi de faire revivre une union de la gauche dont on peut se demander si ses trahisons passées n’ont pas conduit à la situation d’ultra-libéralisme que nous connaissons à ce jour et à la forte contestation que connaît notre pays depuis plus de deux mois. L’abandon de l’électorat populaire a laissé la place à l’extrême-droite qui a vite trouvé l’ennemi : l’immigré… Ce n’est pas nouveau, dès le XIXe siècle, le thème du bouc émissaire permettait à cette extrême-droite et à la droite conservatrice de détourner des luttes sociales la population. En désignant le polonais, l’italien, l’espagnol et le juif être la cause du chômage massif ou de la misère permettait de ne pas désigner les vrais responsables de situation misérable de la majorité de nos concitoyens : les tenants du capital ! Aujourd’hui (comme l’écrivaient déjà dans les années 30 à 50 les scribouillards fascisants qui monopolisaient alors les sciences sociales), on parle d’invasion, de grand remplacement pour faire son électorat et, en passant, ses rentes de situation lorsqu’on est élu (ou écrivains que ne renieraient pas les collaborateurs du régime nazi). Pour continuer à ne pas citer ceux qui sont la cause de notre situation : le capitalisme international. Quand on nous parle de délocalisation sous prétexte de coûts de main d’œuvre moins élevés, qui doit-on blâmer ? Le salarié roumain à 250€ par mois, le salarié bangladais à 35€ par mois, le salarié (l’esclave plutôt) éthiopien à 25€ ou bien ceux qui, pour quelques euros de plus, sacrifient l’emploi dans notre pays pour augmenter leurs bénéfices déjà considérables ? Est-ce celui qui fuit le pays de misère où il vit avec moins d’un 1$ par jour ou bien les 26 milliardaires les plus riches du monde qui ont vu leur patrimoine augmenter de 900 milliards d’euros en un an ? C’est bien le résultat des politiques d’austérité depuis plus de 35 ans, menées à tour de rôle par la "gauche" et la droite, qui ont fait monter le FN au niveau où il est en désespérant les classes populaires, quand il n’y a pas eu abandon du droit de vote par dégoût.


Que propose alors Place publique ? Une union entre le PS, EELV et le PC auquel viendraient se greffer quelques personnalités du centre. On a ainsi vu mardi 29 janvier au meeting de ce mouvement des gens comme Anne Hidalgo (à gauche ?), Noël Mamère, l’ancien Modem Bennahmias, des personnalités du PS et des dirigeants de Génération.s. Bref, un inventaire à la Prévert où se côtoie à peu près n’importe qui. Quelle gauche Place publique veut-elle construire avec des militants d’un PS définitivement perdu à droite et pro-européen, avec des isolés d’EELV dont les dirigeants n’hésitent plus, dès qu’ils en ont l’occasion, à devenir ministre de n’importe quel gouvernement et de militants de Génération.s dont leur leader n’a plus que l’obsession de démolir la France insoumise dans chacune de ses interventions dans la presse ? Le PC a fait savoir qu’à la limite, il pourrait faire alliance avec Génération.s si Ian Brossat était tête de liste de ce nouveau monstre. Sans poser au préalable la question, essentielle, incontournable, du programme proposé. C’est là qu’on voit aussi que le PC ne sait plus où donner de la tête entre les 2 % dont il est crédité aux prochaines élections et une possible alliance avec une partie du centre gauche qui lui éviterait une nouvelle déroute. En excluant de travailler avec la France insoumise, ce que souhaite pourtant une grande partie de ses militants. Qu’il se pose donc la question des alliances qui lui permettraient de redevenir un parti qui parle au nom des travailleurs...


S’il doit y avoir recomposition de la Gauche, encore faut-il ne pas passer en dehors de la force qui en est aujourd’hui le moteur : la France insoumise. Pour qui, au demeurant, il n’est pas question d’alliance d’appareil que rejette aujourd’hui l’immense majorité des français et qui n’a jamais rien donné d’autre que des reculs systématiques sur les programmes pour lesquels elles étaient arrivées au pouvoir. C’est ne pas comprendre ce qui se passe aujourd’hui dans notre pays : l’émergence du peuple sur la scène politique, sur la place publique. Posons la question : où sont le PS, EELV, Génération.s dans le soutien au mouvement des Gilets jaunes ? Tout au plus la condamnation de la violence policière après être passé par le mépris de ce peuple qui descend dans la rue. Où sont les revendications des Gilets jaunes dans leur programme électoral pour les européennes, où étaient-elles pendant les dernières campagnes présidentielles et législatives ? Où est le PC qui, malgré des militants investis dans le mouvement, continue à ne pas appeler massivement à le rejoindre ? Sans parler des syndicats dont on aurait pu attendre qu’ils soutiennent fermement par un appel à la grève générale illimitée, ce qu’ils se gardent bien de faire, même si leurs militants commencent à crier fort dans leurs rangs et auxquels plusieurs d’entre eux ont répondu par un mot d’ordre de grève, mais seulement le 5 février. Ne parlons même pas de la CFDT, nouveau soutien de Macron qui n’a de cesse que de venir à son secours...


Avant que de parler de liste commune comme le souhaite pour les européennes Place publique, commençons par parler des programmes : quelles positions sur le social, sur l’économie, sur la démocratie, sur les droits civiques, sur l’Europe ? Nous pourrons après faire le bilan de ce qui rapproche, de ce qui nous sépare, de ce qui est acceptable et des limites que nous ne pourrons pas franchir. C’est un processus qui demandera du temps. Et qui se jouera essentiellement sur la volonté de nos concitoyens à voir se concrétiser politiquement l’immense mouvement de contestation du système libéral que nous connaissons aujourd’hui.


Mais ça ne se fera pas sans la France insoumise, n’en déplaise aux intellectuels qui veulent jouer à être de gauche, qui est à ce jour la principale opposition à la politique de Macron, dans la rue et dans les urnes. Et qui a le seul programme répondant aux aspirations des Gilets jaunes.

Parce que nous n’avons pas à préjuger de ce que décideront les militants de ces organisations politiques (dont nous pensons qu’ils sont dans leur immense majorité lassés de ces tergiversations entre appareils), nous les appelons à clarifier leurs lignes politiques d’abord chez eux avant que de commencer à parler de listes d’union. Et par clarification, nous parlons bien de rupture d’avec les lignes libérales qui restent la signature de trop de ces organisations que prétend réunir Place publique...

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