Publireportage de la NR sur SYNTHRON (ex-Protex)

Le 7 juin, sur son édition électronique, la NR consacre pas moins de trois articles à cette usine de produits chimiques basée à la limite de Château-Renault, sur la commune d’Auzouer-en-Touraine. La NR se félicite des investissements que Synthron va enfin réaliser sur son site tourangeau pour envisager l’obtention de la certification ISO 14001[i]. A titre indicatif, signalons que Monsanto (le glyphosate…) a fait certifié grand nombre de ses sites de production. On comprend tout de suite ce qu’elle vaut…

Admettons cependant que ces investissements (10 millions en 5 ans) et cette démarche de certification sont signifiants de la volonté de la nouvelle direction de rompre avec un passé fait de pollutions et d’actions en justice restée lettre morte. En effet, la plus grave des pollutions a eu lieu il y a trente ans, la Brenne entrainant la pollution dans la Loire et privant Tours d’eau potable. En 2004, une nouvelle pollution de la Brenne entraînera de nouvelles poursuites. En 2015, Synthron est classé au premier rang des infractions concernant les sites Seveso. Au deuxième rang figurait Protelor, autre usine du groupe Protex. Malgré les mises en demeure, le site d’Auzouer restera longtemps hors-la-loi : en 2014, la direction régionale de l’environnement (DREAL) relèvera, sur une visite, 57 non-conformités, un record ! trente après l’incendie de 1988 qui pollua non seulement la Brenne mais aussi les nappes phréatiques, il est, à ce jour, toujours interdit de capter l’eau de cette rivière ainsi que du puisage en aval du site. Qu’à cela ne tienne, la NR, toujours le 7 juin, explique que Synthron a installé un petit jardin qui permet, via l’arrosage par l’eau de Brenne, de connaître l’état de contamination de la rivière. Les légumes de ce jardin sont analysés par un laboratoire indépendant qui a constaté l’absence de pollution. La préfecture et la DREAL sont plus septiques puisqu’elles ont demandé des études supplémentaires…

Robert Moor, le PDG qui vient de passer la main, aura préféré payer les amendes (491 000 pour Synthron, 216 500 pour Moor) plutôt que d’investir les quelques millions nécessaires pour mettre en conformité le site. Petite info : Robert Moor et sa famille est classé 443e fortune de France avec 150 millions d’euros. Alors, qu’est-ce que 216 500 euros d’amendes…

Tout cela, la NR aurait pu le rappeler. Mais non, là il s’agit de se féliciter de la bonne santé du groupe, quitte à se désintéressé de cet aspect négatif sur l’environnement dont on parlera seulement pour indiquer que l’usine fait d’énormes efforts. Oui, trente après !

Trente ans où la NR ne s’est jamais inquiétée des conditions de travail des salariés de l’entreprise. Le rédacteur de cet article a travaillé au début des années 70 chez ce qui était encore Protex. Il peut témoigner des conditions indignes de travail où la santé des travailleurs et des cadres, d’ailleurs, était sans cesse mise en danger. Nombre de ses collègues de l’époque n’ont pas atteints la retraite, décédant prématurément de cancers et de maladies respiratoires chroniques. Et ceux qui y arrivaient n’ont pas contribué aux déficits des caisses de retraite, leur espérance de vie étant très limitée après leur départ. Malheureusement, des affaires récentes montrent que peu de choses ont changé depuis ce temps (voir affaire Philippe Schmitt dont le cancer n’a pas été reconnu maladie professionnelle, décédé en 2015 à 56 ans). L’inspecteur de la DREAL lors du passage de cet organisme en 2014, témoignera en ces termes au procès en 2015 : « Quand on arrive dans cet établissement pour la première fois, on a l’impression d’un site à l’abandon. Tout est plus ou moins rouillé, des murs en partie écroulés, des carreaux cassés, des peintures dégradées, des anciennes cuves déposées ci et là… ». On parlera aussi à ce procès de stockages dangereux, d’absence de politique de formation, de fuites et de rejets… Neuf incidents avaient alors été versés au dossier, dont une explosion dans un atelier. Les salariés ont été les premières victimes de ce patron bandit. Mais les salariés de Synthron ne sont pas le souci des rédacteurs de la NR. On finit, au vu des trois articles, par se demander dans quelles conditions ils ont été réalisés… Au demeurant, on peut essayer de trouver un article sur la dernière grève sur le site. Cette grève où, dans une interview, Robert Moor expliquera qu’avec 1 300 euros par mois, les salariés de son usine ne sont pas malheureux. Comment pouvait-il être aussi méprisant, le multimillionnaire qui ne sait pas ce qu’est vivre avec un salaire de misère ! Mépris qui continuera en proposant 125 euros d’augmentation… par an !

Pourtant, il fut un temps où la NR était moins bienveillante avec ce groupe. Ça devait être du temps où la NR ne dépendait pas des recettes publicitaires du patronat local…

Maintenant, il faut se poser la question du contrôle de ce type d’installation industrielle. De ce point de vue, seul un contrôle exercé par les représentants du personnel permettra d’éviter les dérives de dirigeants d’entreprises qui sont prêts à tout pour leurs intérêts et ceux de leurs actionnaires au détriment du bien commun.

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[i] La norme iso14001 est la plus utilisée des normes de la série des normes ISO 14000 qui concernent le management environnemental. Elle repose sur le principe d’amélioration continue de la performance environnementale par la maîtrise des impacts liés à l’activité de l’entreprise.