ON SAIT POUR QUI ROULE LA NR !
- administrateur
- 13 mars 2018
- 4 min de lecture
Un exemple : le « reportage » sur Thillaye*
Ce mardi 13 mars, un article sur la députée de notre circonscription. Plutôt un publireportage qui encense le personnage. La Présidente pro-européenne de la commission des affaires européenne de l’AN passe visiblement beaucoup de temps en voyage… et peu dans sa circonscription puisqu’elle vient seulement d’y ouvrir sa permanence à Saint-Cyr (dans un bel immeuble, nous dit-on). Au demeurant, cette permanence n’est pas vraiment très centrée sur la circonscription, alors quand elle parle de zones agricoles défavorisées, elle doit penser au parc de la Perraudière à Saint-Cyr...

Après son élection, elle avait expliqué dans cette même NR que sa permanence serait probablement à Fondettes. Mais le journaliste, obséquieux, oublie de lui rappeler cette probabilité. Comme il ne s’inquiète pas qu’il faille un an pour ouvrir une permanence. Comme il oublie de lui demander que devient la promesse d’un conseil de citoyens qu’elle avait promis de réunir. Pas le temps, bien entendu, puisqu’elle voyage sans cesse. Sans qu’on sache très bien pourquoi… Ce que se garde bien de dire le journaliste. Et en Angleterre pour vérifier le coût du Brexit qu’elle pense plus proche des 20 milliards d’€ que des 12 de la Commission de Bruxelles (a-t-on vraiment besoin d’aller en Angleterre pour en faire le calcul ?). Evidemment, le journaliste évite de lui demander pourquoi elle pense à cette somme. Ça n’a pas d’importance, ces 8 milliards de différence. Non, ce qui est important c’est d’énumérer les voyages et les fonctions de la dame. Sans lui faire remarquer que sa co-présidente de la commission, chargée d’évaluer le montant du Brexit, Marielle de Sarnez, fait l’objet d’une enquête pour abus de confiance, concernant des soupçons d'emplois fictifs visant des eurodéputés et leurs assistants parlementaires. Merveilleuse Vème République qui confie une co-présidence de mission à quelqu’un qui est en délicatesse avec la justice ! Quant à ses liens avec les 54 communes, là non plus le journaliste luis pose la question d’en quoi consiste ces liens. Mais il signale bien le dossier des gens du voyage, parce que ça, c’est payant auprès de la droite et de l’extrême-droite.
Quant à son travail législatif, il consiste à plancher sur la pêche électrique (toujours sans suite), les travailleurs détachés qui a été une tarte à la crème de Macron puisque cela n’a abouti à rien. Et sur les dérives des états de droit en Pologne, Hongrie, etc. alors, que dans le même temps, la France est régulièrement condamnée par l’Europe sur sa politique envers les migrants. Les enjeux industriels de la défense, entendons la vente d’armes aux dictatures (mais il est vrai que la Ministre de la défense explique que nous, on vend seulement les armes, on n’est pas responsable des massacres qu’elles font). Et elle ne veut pas devenir une marionnette de son agenda alors qu’on le présente comme surchargé !
Cet article fait suite à celui sur Labaronne (LREM 2ème circ.), tout aussi élogieux. Et, le comble, sur l’article d’Emmanuelle Pavillon qui a suivi Chalumeau (1ère circ.) sur une journée et qui le relate avec moult photos (quasiment de mode) et messages sur twitter. Avec une telle admiration qu’on pourrait croire à un dépliant pour sa campagne électorale !
On voit donc pour qui roule ce quotidien régional. Il est vrai que depuis la liquidation de la SA à participation ouvrière, en 2009, l’indépendance éditoriale a été conditionnée aux acteurs économiques locaux qui assurent son financement par la publicité. Et la vente des parts de l’association des petits actionnaires (25% des parts) n’a certainement pas contribué à endiguer cette dérive. Les 16% des parts de la famille Saint-Cricq sont préservés (vous savez, cette famille dont une des membres, Nathalie Saint-Cricq, est responsable du service politique de FR2…). L’association Acrimed, observatoire des médias, a relevé le traitement très défavorable des mouvements sociaux contre la Loi El Khomri ou, plus anciennement, celui contre la réforme des retraites de 2010. Cette association, qui réunit des journalistes et salariés des médias, des chercheurs et universitaires, des acteurs du mouvement social et des « usagers » des médias, pointe régulièrement les liens très serrés avec les entreprises locales et les articles élogieux sur ces dernières et ceux très complaisants des élus locaux. En bref, la NR est le porte-parole du Medef local et de la baronnie Briand. Et, pour se complaire dans l’avilissement, maintenant avec LREM…
La conséquence, c’est à la fois l’effondrement de sa diffusion (231 441 exemplaires diffusés en 2005 et 161 491 en 2016 sur cinq départements (population sur ces départements : 1 963 224), un CA qui passe de 100 millions d’€ en 2007 à 76 en 2016, et la suppression de diffusions locales : le Maine-et-Loire en 2006 et le Cher en 2009. Mais il est vrai qu’entre le cirage de pompes, les résultats sportifs, les chiens écrasés et les vins d’honneur, c’est le vide qu’on voudrait voir dans le cerveau des lecteurs, comme le disait un PDG de TF1, pour pouvoir y vendre une boisson gazeuse hyper calorique…
*Pour qui ne saurait pas qui est Thillaye : députée LREM de la 5ème circonscription
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