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On n’aurait pas assez de fonctionnaires ?

  • Photo du rédacteur: administrateur
    administrateur
  • 31 mai 2018
  • 4 min de lecture

Luynes, bureau de poste, samedi 18 mai 2018, 11h, une seule employée de poste est derrière le guichet et s’occupe d’une jeune fille qui souhaite souscrire à un forfait téléphonique (puisque la poste propose des forfaits mobiles désormais) : il y a tout un dossier à remplir, ce qui est long et tout le monde entend ce qui se dit puisque le bureau de poste et ainsi fait qu’aucune confidentialité n’est possible entre la guichetière et les usagers dont elle s’occupe. Pendant ce temps, d’autres usagers ne cessent de rentrer, la file s’allonge, la tension monte. Un monsieur s’agace : « Vous en avez pour longtemps encore ? Parce que j’ai un rendez-vous, moi ! » La guichetière accepte de le faire passer parce que c’est « un professionnel » et encourage les autres à utiliser les machines à affranchir pendant que la jeune fille continue de remplir seule son dossier.


Fondettes, cabinet du dentiste, mardi 22 mai 2018, 9h30, un patient discute avec la secrétaire médicale : « C’est très bien de sélectionner à l’entrée de la fac, il y a trop d’étudiants qui n’ont rien à y faire aujourd’hui, ils tirent le niveau vers le bas et les profs ne servent à rien – Oui mais bon, répond la secrétaire, moi mon fils il a été recalé à cause des tirages au sort l’an dernier, s’il n’a rien encore cette année, je ne sais pas comment on va faire… »


Tours, Hôtel des impôts, jeudi 24 mai 2018, 8h40, le bâtiment a ouvert ses portes il y a dix minutes et on dirait déjà une ruche, pleine de bruit et de mouvements : tout le monde va et vient, des dossiers à la main, on ne distingue plus qui est usager, qui est employé, et la file d’attente des contribuables stressés en cette période de déclaration de revenus, ne cesse de s’allonger – une dame d’une cinquantaine d’années discute avec la personne qui se trouve devant elle : « Personne ne répond au téléphone quand on les appelle, et évidemment, ils sont fermés le mercredi, mon seul jour de libre pour m’occuper de mes enfants ! ».


On pourrait multiplier les exemples. Dans tous les cas, on nage en pleine contradiction. Avec une seule personne au bureau de poste le samedi matin, seule matinée où bien des habitants de Luynes et Saint-Etienne de Chigny peuvent aller chercher leurs recommandés et poster leurs colis, il est évident que ça va bouchonner au guichet, surtout depuis que la poste propose des téléphones, des sacs et des assurances en plus des timbres et des enveloppes. On arrive donc au paradoxe de devoir faire seul sur des machines les tâches qui étaient jusque-là les activités prioritaires de la poste (envoi du courrier). Aux impôts, même chose : si personne ne répond au téléphone, c’est que personne ne peut le faire, faute de personnel. En période de déclaration de revenus, tout le monde est sur le pont pour recevoir les contribuables, au détriment de toutes leurs autres tâches, qui doivent être faites en dehors des heures d’ouverture au public. A la fac, même chose : il n’y a pas assez d’enseignants ou de personnel administratif, donc les TD et les amphis sont pleins et les étudiants ne sont pas assez suivis, ce qui alimente l’idée qu’une sélection est nécessaire. Mais quand on fait à manger et qu’on a davantage de convives que prévu, on fait davantage à manger, on ne sélectionne pas ceux des convives qui auront le droit de rester !


Imaginons un monde où la poste aurait assez d’employés pour occuper le guichet par roulement au-delà de 17h en semaine et toute la journée du samedi ; un monde où il y aurait assez d’agents au centre des impôts pour répondre au téléphone et recevoir les contribuables tous les jours de la semaine ; un monde où tous les étudiants qui le souhaitent peuvent aller à la fac et intégrer des cours où ils seront suivis et encadrés par leurs profs, et ces derniers auraient même le temps de faire des permanences où leurs étudiants pourront se rendre s’ils ont un problème ou une question.

Là l’argument qui tombe en général est celui du coût : qui va payer ? Eh bien tout le monde et personne à la fois ! Parce que réfléchissons à ce que nous coûtent des services publics sous-dotés en moyens et en effectifs : combien coûte au contribuable français le temps passé à faire la queue au bureau de poste ? combien coûte la déshumanisation d’une poste où les gens doivent se débrouiller seuls sur des machines, au risque d’erreurs qui plantent les logiciels, font perdre les courriers ou nécessitent l’intervention des postiers (interventions qui ne sont pas comptabilisées dans leur emploi du temps et se font donc au détriment d’autres tâches tout aussi nécessaires) ? combien coûte aux employeurs les retards de leurs employés qui doivent passer aux impôts avant d’embaucher, ou qui doivent trouver les renseignements pour remplir leur déclaration de revenus sur leur lieu / temps de travail ? combien coûte aux entreprises des salariés stressés, frustrés, énervés par des questions administratives, et donc peu attentifs à leur travail, parce qu’ils doivent passer des coups de fil, faire des recherches sur le net ou partir plus tôt que leur horaire normal ? combien coûte au contribuable une université en ruines et une partie de la jeunesse poussée sans qualifications sur le marché du travail où elle va aller nourrir les statistiques du chômage ? combien coûte à la démocratie une population défiante vis-à-vis de son administration, et qui a le sentiment d’être méprisée ou mal traitée par l’État, infantilisée ou culpabilisée, écrasée de taxes qui ne servent à rien qu’à payer pour un système dysfonctionnel ? combien coûte à la nation une population peu ou mal instruite, parce qu’on a fait comprendre aux classes populaires qu’aller à l’école dans ces conditions ne servait à rien pour s’en sortir ?


En recrutant les milliers de fonctionnaires nécessaires aujourd’hui, non seulement on contribue à résorber le chômage et à faire en sorte que le quotidien fonctionne mieux, mais on rétablit aussi la confiance des gens envers leur école, leur administration, leur système de santé, de justice, et même leur police (là aussi, le sous-effectif contribue à mettre sous tension les fonctionnaires, sauf que, contrairement aux postiers ou aux profs, ceux-là sont armés…)


Davantage de fonctionnaires, c’est davantage de gens dont la situation sociale est stabilisée, qui paient leurs impôts, consomment, épargnent et contribuent ainsi à leur tour au fonctionnement de l’État.


Clairement, on n’a pas assez de fonctionnaires !

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