Macron, les 50 euros et l’Histoire…
- administrateur
- 7 mai 2018
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Dans une déclaration, Macron estime que « Les gens qui pensent que la France, c’est une espèce de syndic de copropriété où il faudrait défendre un modèle social qui ne sale plus (…) » et où « on invoque la tragédie dès qu’il faut réformer ceci ou cela, et qui pensent que le summum de la lutte c’est les 50 euros d’APL, ces gens-là ne savent pas ce que c’est que l’histoire de notre pays » et met en parallèle que le « « Le colonel Beltrame est mort parce que la France, ce sont des idées, des valeurs, quelque chose d’une guerre qui le dépasse. »
Bon, déjà comprenne qui pourra ce qu’il veut dire dans la seconde partie de cette citation lorsqu’il parle de « quelque chose d’une guerre qui le dépasse ». C’est faire, à notre sens, du verbe pour du verbe. Ça n’a aucune signification, ç’est incompréhensible, ça n’a pas de consistance autre que de croire qu’on a une pensée profonde (la fameuse pensée complexe dont nous avons déjà parlé).
Ensuite, mettre en parallèle le Colonel Beltrame et les luttes sociales, ça sous-tend que ceux qui défendent le modèle social français (déjà bien entamé depuis des dizaines d’années) sont de petits esprits sans vision historique, arc-boutés sur une société figée. Bien entendu, pour Macron, la société figée (celle de l’ancien monde, dit-il), c’est celle qui refuse l’ultra-libéralisme dont il est un ardent défenseur (ultra-libéralisme thatchérien = nouveau monde si vous n’avez pas compris sa pensée complexe).

Faut-il rappeler au Président ce que peut signifier 50 euros (en fait, il calcule mal le bonhomme puisqu’il parle des 5 euros d’APL supprimés puisque c’est 5x12, donc 60 euros) ? Pour quelqu’un qui travaille au SMIC, pour quelqu’un qui touche une retraite de 800€ ? Pour les 5 millions de demandeurs d’emplois dont une grande partie ne touche aucune indemnité ? Pour ces foules de sans-abri qui même en travaillant ne peuvent plus se payer un loyer[i] ? Pour ces familles monoparentales qui trop souvent se posent la question de quoi manger en fin de mois ? Pour ces étudiants qui préfèrent ne pas manger des jours entiers pour pouvoir continuer à étudier ?

Mais lui rappeler, est-ce utile, lui qui a supprimé l’ISF, instituer la Flat tax et qui veut supprimer l’Exit tax pour le plus grand bien de ses amis les riches… Qui supprime les cotisations sociales, ce qui se traduira nécessairement par moins de prestations (SS, retraites, chômage…), qui privatise les services publics, qui facilite les licenciements et réduit à peau de chagrin le Code du Travail, et tant d’autres attaques contre le Peuple de France qui a certainement une autre idée de la Grandeur de la France que sa toute petite pensée réactionnaire. Ce Peuple qui a fait l’Histoire de notre pays contre les tyrans de toutes sortes. Et qui peut bien continuer cette Histoire contre lui !

Mais lui rappeler, est-ce utile, lui qui a toujours vécu dans des milieux privilégiés, qui dépensent des dizaines de milliers d’euros en maquillage, qui a augmenté le budget de l’Elysée de 3%, qui a dégagé un budget de 440 000 euros à « la première dame », fonction qui n’existe pas. Est-ce utile de lui rappeler quand il place ses soutiens à des postes très rémunérateurs (pratiquant donc comme les élus du vieux monde…), comme Chantal Jouanno, nommée à la Commission nationale du Débat Public ( ? ) à 6 000 euros par mois, comme Arnaud Leroy nommé à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie à 164 000 euros par an, comme Sylvie Goulard, nommée sous-gouverneur à la Banque de France à 300 000 euros par an, comme Juliette Médéal, nommé conseillère référendaire à la Cour des Comptes, grade qu’elle ne pouvait espérer comme rapporteuse extérieure à cette même cour, à 48 000 euros par an, qui peuvent être doublés par le jeu des primes.

Macron, tu sales bien tes amis. Alors, cesse de mépriser et d’insulter ceux qui se battent non pas pour des acquis sociaux mais pour un monde dont les tiens ne veulent pas : celui d’un avenir en commun !
[i] Rappelons ici la position des conseillers LREM de Paris qui veulent brader au privé le parc HLM de la ville.
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