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Lettre aux élu.e.s de l'intersyndicale des cheminots de la Région Centre Val-de-Loire

Nous reproduisons ci-dessous l'intégralité de cette lettre et le texte de présentation :


Mesdames, Messieurs les Elu-e-s,

Depuis 10 ans, la gestion du ferroviaire sous le seul prisme de la rentabilité immédiate et du risque calculé, même si elle permet d’afficher le triplement du bénéfice net de l’entreprise publique en 2017, fragilise et pénalise la vie des usagers et des cheminot-e-s.

Cette préparation à une ouverture à la concurrence complète du transport ferroviaire, organise le cloisonnement des activités, une gestion à flux tendu dans tous les services et un recours accru aux entreprises sous-traitantes. Dans ce contexte, le moindre aléa se transforme en véritable catastrophe occasionnant la paralysie du trafic durant plusieurs heures voire plusieurs jours. Des évènements récents sont là pour illustrer ces propos.

Penser gérer ces situations en multipliant les opérateurs ferroviaires, sur un réseau fatigué et amputé, tout en espérant une amélioration en termes de ponctualité et de coût pour les usagers et la collectivité relève de l’escroquerie intellectuelle.

Ainsi, le rapport SPINETTA publié le 15 février 2018 fait la recommandation « d’assurer la couverture du coût complet du TER, compte tenu de la redevance d’accès payée par l’Etat, par une augmentation progressive des redevances payées par les régions pour le TER ».

Au regard des baisses de dotations des Collectivités […], cela peut conduire à fermer des lignes pourtant indispensables aux territoires.

Malgré cela, le Gouvernement veut passer en force en utilisant la possibilité de légiférer par ordonnances.

Les enjeux sociaux et environnementaux devraient pourtant être au cœur de la politique publique de transport : - Pour relancer le transport de marchandises qui permettrait de décongestionner les routes, préserver l’environnement… - Pour améliorer le droit au transport et la qualité du service en réunifiant la SNCF et en décloisonnant son fonctionnement interne. - Pour desservir solidairement tous les territoires et leur permettre de se développer. - Pour défendre l’emploi stable et bien rémunéré, qui est le seul moyen de relancer efficacement l’économie.

L’exemple du Royaume Uni devrait servir de leçon. Dépecé et ruiné par les mêmes recettes, il a causé de multiples catastrophes ferroviaires. L'entretien du réseau a été laissé à l'abandon et les prix ont explosé. Cette situation l’a amené à ce qu’il alloue aujourd’hui 300% de plus de subventions publiques aux compagnies privées que ce qu’il donnait à l’entreprise historique.

Les britanniques déboursent 14% de leur revenu mensuel pour se rendre sur leurs lieux de travail contre 2% pour les Français. Vingt ans après la privatisation de British Rail, deux britanniques sur trois souhaitent une renationalisation.

Le gouvernement parle de la protection de l’environnement, du réchauffement climatique, de la lutte contre la pollution, de la solidarité entre les territoires et dit l’urgence de prendre des mesures mais il continue à mener une politique du tout routier.

D’Assises du ferroviaire en 2011 en Assises de la Mobilité en 2017, les rapports s’enchainent sur la situation du transport ferroviaire, mais tous sont fondés sur des logiques financières avec en ligne de fond la perspective de l’ouverture à la concurrence.

La question du financement de ce mode de transport et de sa dette n’a jamais été véritablement résolue alors que la réforme de 2014, devait répondre à l’amélioration des conditions opérationnelles du système par sa réunification et résoudre son financement et son endettement.

Concernant le rapport du comité d’orientation sur les infrastructures, présidée par Philippe DURON […], il fait le choix de « passer d’une offre de transport en commun à des services intégrés et diversifiés de mobilité », il limite ses ambitions à une « réponse aux urgences » […]

Dès lors, aucun investissement routier n’est remis en cause (ni même chiffré) mais, à l’inverse, les autres modes doivent faire la preuve de leur efficacité économique sous peine d’être abandonnés au nom de la rationalisation de la dépense publique.

Si les enjeux n’étaient pas aussi importants, un tel parti pris pourrait être risible. Mais voilà, c’est la politique des transports pour les années à venir qui se définit aujourd’hui.

La réduction du réseau et la concurrence ne sont pas des solutions vertueuses car elles aboutiront à la marginalisation durable du mode ferroviaire.

Dans les conditions actuelles […], notre Région qui a mené durant des années une politique volontariste pour entretenir, rénover voire rouvrir des lignes se verrait contrainte par des coupes budgétaires importantes […], d’abandonner des lignes comme : Tours-Loches, Tours-Chinon, Châteaudun-Dourdan, Chartres-Courtalain, Bourges-Montluçon et Salbris-Gièvres.

Ces lignes ont pourtant toutes une pertinence pour participer au report modal et participent à structurer les territoires et leur redonner une impulsion économique et sociale. Ce serait faire preuve de manque de vision politique que de se borner à rester dans des cadres financiers et comptables sans prendre les décisions ad-hoc qui soutiennent les orientations que l’ensemble de la population attend : protection environnement, qualité de vie, transports faciles, rapides et sécurisé.

Ainsi, quid des projets de réouverture de lignes comme Orléans-Châteauneuf ou Chartres-Voves-Orléans (Voves étant aussi sur la ligne entre Châteaudun et Dourdan) !

Quid de la perspective du report modal de la route RD943 (Tours-Loches-Châteauroux), reconnue accidentogène !

Le rapport SPINETTA sur l’avenir du ferroviaire ne contient par contre aucune étude sur le surcoût des Partenariat Public Privés (PPP).

Nous pouvons citer la ligne grande vitesse Tours / Bordeaux, où SNCF Réseau doit revoir à la baisse les prix des péages entre Paris et Tours pour limiter la perte de SNCF Mobilités au vu des prix imposés par le gestionnaire privé de Tours à Bordeaux […].

Les Organisations syndicales considèrent que d’autres choix doivent être faits et qu’un autre avenir est néanmoins possible pour le réseau ferroviaire et l’entreprise SNCF en charge de l’exploiter dans une logique système qui permet de gagner en efficacité et d’en maîtriser les coûts tant pour les Utilisateurs que pour les Collectivités.

La SNCF est un outil extraordinaire qui pourrait améliorer la vie des citoyens de ce pays et participer à réduire la fracture entre les territoires ruraux et les Métropoles.

Par ce courrier nous tenions à vous faire part de notre appréciation de la situation et de l’ampleur des attaques portées à notre patrimoine commun qu’est la SNCF.

Nous sommes bien entendu disponibles pour participer à toutes rencontres que vous souhaiteriez utiles pour partager nos réflexions.

Recevez, Mesdames et Messieurs les Elu-e-s, nos salutations respectueuses.


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