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Le Média, un média qui dérange…
administrateur
9 mars 2018
4 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 mars 2018
Le Média est une webtélé créée à l’initiative d’un certain nombre d’individus plus ou moins proche de la France Insoumise. Lancée en janvier 2018, elle connait quelques turbulences.
En effet, Le Média s’est séparé d’Anne Rossigneux à l’issue de sa période d’essai. A la suite de cette séparation, une campagne de presse a été initié par les médias proches du pouvoir, du monde à l’Obs en passant par Radio France et le groupe TF1.
Sur le départ d’Anne Rossigneux, suivi par celui de Catherine Kirpach, les informations ont été données par le Média : désaccord avec le reste de la rédaction, refus de pratiquer la présentation du journal en faisant tourner les présentateurs (inutile de créer des « vedettes » de l’écran) et vive critique d’un reportage concernant la Syrie où le journaliste, Claude El Khal, a refusé de diffuser des images non vérifiées. Léa Ducré qui a aussi quitté le Média, l’a fait sur un projet professionnel qui n’a rien à voir avec une quelconque affaire liée au Média. Ce qui n’empêche pas la presse « bien-pensante » du « nouveau monde » de Macron de ne pas faire de différence et, surtout, de ne pas préciser cette petite différence entre les trois journalistes qui sortent du Média.
D’autre part, quelques soutiens du Média à son lancement ont fait savoir qu’ils retiraient leur soutien à cette web télé. Le prétexte en est le « licenciement abusif » de Rossigneux et le reportage mis en cause. Rappelons qu’une rupture de période d’essai n’est pas un licenciement. Est-ce à ce point si anormal qu’une équipe qui se forme s’affine peu à peu sur une ligne éditoriale et sur un vivre ensemble ? Non, mais il s’agit du Média. Et aussitôt, Rossigneux et Mamère se répandent dans la presse en parlant, comme le fait Mamère, de Comité de soviet pour la rédaction du Média, faisant au passage un pléonasme grossier puisque soviet veut dire comité. Mais bon, pardonnons-lui cette inculture de l’Histoire…
Et, sur les plateaux de télé-publicité (BFM, CNews, LCI), dans les radios (RMC, France Info, France Inter et même France Culture), on assiste à un déferlement anti-Média, expliquant sans sourire que cette webtélé, animée par des proches de Mélenchon (on ne dit jamais la France Insoumise, on dit toujours Mélenchon, comme si cela aggravait la situation) est une télé militante qui ne pratique assurément pas l’objectivité. Et pour l’occasion, on sort d’anciens soixante-huitards depuis longtemps passé au libéralisme pour qu’ils bavent leur haine de classes, comme des Romain Goupil, ou des anti-communistes très primaires comme Stéphane Courtois dont les travaux sont contestés et qui n’hésitent jamais à remettre en cause le rôle des résistants communistes ou proche, comme Raymond Aubrac qu’il a sali.
Bon, sur l’objectivité, on peut sourire… Quelques faits : des spécialistes en analyse politique qui squattent les plateaux télé et les ondes, comme Dominique Reynié présenté en politologue mais qui fut candidat sur la liste LR en Région Occitanie, ou comme Alain Bauer, « spécialiste » en sécurité et proche de Valls qui dirigea une commission sur la sécurité pour Sarkozy et Fillon au côté de Rocard. Comme tous ces journalistes qui, en 2005, ont appelé sans retenu à voter oui au référendum sur la Constitution Européenne. Et qui ont ensuite expliqué pourquoi le Peuple, qui a voté non, est imbécile et rétrograde. Comme tous ces éditorialistes qui ont déjeuné régulièrement et sans honte avec les Chirac, Hollande et Sarkozy. Les journalistes économiques (tous orthodoxes) qui nous expliquent quotidiennement que le libéralisme est la seule solution à nos maux, qui n’ont pas vu venir la crise de 2007/2008 mais qui sont capables d’expliquer pourquoi. Qui, tous et toujours, se plantent dans leurs analyses ! Qui se réjouissent à longueur d’antenne au nom de la concurrence internationale de la suppression des acquis sociaux, du recul de l’âge de la retraite, de l’augmentation du temps de travail. Au demeurant, les mêmes journalistes qui ont des régimes fiscaux particulièrement intéressants eu regard au commun des mortels. Mais ça, chut, pas un mot ! D’ailleurs, ne quittent-ils jamais leur confortable bureau ? Qui parlent au nom de quel droit des gens par la fameuse phrase : les français pensent que… De cette presse qui ne vit que par les subventions gouvernementales, assistée donc qu’elle est, mais qui n’hésite pas à parler des autres assistés que sont les chômeurs et ceux qui bénéficient du RSA. Savent-ils ce que c’est que de vivre avec le SMIC ou avec 545€ par mois ?
Et puis oui, le Média est un organe d’opinion. De cette opinion qui dénonce une société totalement inégalitaire, d’un libéralisme qui conduira à la catastrophe écologique irréversible (pour nous en tout cas, la nature elle a plusieurs millions d’années pour s’en remettre…). Et alors ? Ceux qui le reprochent au Média le reproche-t-il au Figaro, journal d’opinion de droite, à Valeurs Actuelles, journal d’opinion d’extrême-droite ? Au Monde, à la l’Obs, à Libé, journaux libéraux pro-macroniste, totalement europhiles ? Reproche-t-on aux groupes Radio France et France Télévison de contraindre leurs techniciens à réclamer le statut d’intermittent s’ils veulent travailler pour eux ? Ainsi, pas de CDI, que des contrats renouvelables à l’infini. S’étonne-t-on du plan de licenciement qui se profile à la suite des réductions budgétaires imposées par Macron ? Non, là, c’est normal… La presse fait-elle un feuilleton autour des atteintes financières du gouvernement au magazine Cash Investigation, réduisant ainsi ses capacités d’enquête ? Que ne dit-on de cette presse régionale aux mains de quelques familles, toujours proches des pouvoirs en place ? Du contenu de celle-ci, qui de pleines pages de chiens écrasés mais de si peu de luttes sociales, de pleines pages de députés macronistes souriant, comme celles de la NR, qui a fait un publi-reportage sur un des leurs, carrément suivi par 2 journalistes le jour de sa première venue à l’Assemblée Nationale ?
Décidément, un traitement particulier pour le Média. Mais, finalement, n’est-ce pas une bonne nouvelle ? C’est bien parce qu’il gêne dans un paysage monolithique qu’il est ainsi attaqué de toutes parts.
Ci-dessous, l'analyse de Thomas Guénolé, politologue, sur les médias...
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