Depuis quinze jours maintenant, la presse se déchaîne contre Mélenchon et la France Insoumise à la suite des perquisitions mouvementées du 16 octobre.
Sur cette affaire, il y a le fond et la forme. Sur le fond, rappelons que ces perquisitions diligentés par le parquet portaient sur le financement de la campagne présidentielle de 2017 et sur des soupçons de détournement de fonction pour des assistants au parlement européen.
Sur le premier dossier, il est à noter que les comptes ont été validés par la commission nationale de contrôle, excepté une somme d'environ 450 000 €. C'est-à-dire que les sommes qui seront remboursées au candidat seront amputées de ce montant et qu'en conséquence, il n'en coûtera rien au contribuable. L'affaire n'aurait sans doute pas pris une telle importance si le président de la commission de contrôle n'avait pas fait un pataquès sur cette affaire juste au moment où son salaire passait de 4 572 à 7 182 € (1) ! Quel hasard... Sur les assistants parlementaires européens, souvenons-nous que l'enquête a été ouverte à la suite de la dénonciation de Mme Montel, députée FN, elle-même mise en cause, comme une forme de défense. Au demeurant, elle admettra que cette dénonciation ne portait sur aucun fait avéré. Nous verrons bien ce qu'en dira la justice.
Sur la forme, jamais en dehors des périodes de dictatures un tel déploiement de force n'aura eu lieu contre un parti politique : 17 lieux de perquisitions, une centaine de fonctionnaires de police et la saisie de matériel qui donne accès aux fichiers de la France Insoumise. Que fallait-il attendre devant ce coup de force sans commune mesure ? Que Mélenchon et les Insoumis présents acceptent sans broncher une telle violation de leurs locaux, de leur domicile, dans un cadre disproportionné, allant jusqu'à être à la limite de la légalité, interdisant aux responsables de la FI d'assister à la perquisition du local à Paris ? Non, pas question de laisser faire sans réagir, même si cela a semblé excessif.
Les conséquences de ces perquisitions ne sont pas anodines : la police, le ministre de l'intérieur, la ministre de la justice sont maintenant en possession des listings de la France Insoumise, c'est-à-dire qu'ils ont accès à la liste des militants et sympathisants à un titre ou à un autre de notre organisation. C'est une véritable atteinte à la démocratie. Il est regrettable, de ce point de vue, que les réactions aient été si faibles et si peu audibles. Pouvait-on attendre d'un (ex?) secrétaire national du PC qui condamne un peu et s'en prend aussitôt à Mélenchon qui n'aurait pas le sang-froid nécessaire à un homme d'État ? D'un Hamon qui immédiatement attaque la FI et propose aux déçus (?) de ce mouvement de le rejoindre, lui qui fut candidat d'un parti qui n'a eu de cesse de mener une politique de droite entre 2012 et 2017. Lui qui soutient toujours une Europe du Capital contre les peuples... Remercions ceux, qui, sans arrière pensée, ont apporté leur soutien inconditionnel à la France Insoumise dans cette affaire. Jetons l'opprobre sur l'ensemble des médias qui ne sont plus que la voix de leurs maîtres. Faut-il les voir jubiler, les vedettes des médias audiovisuels et écrits, quand ils s'en prennent à cœur joie à Mélenchon. Comment, chaque jour, ils déversent leurs flots d'ignominie pour justifier leur servitude (voir le post sur les médias), allant jusqu'à jeter en pâture la vie privée du principal représentant de la FI...
Cependant, et malgré la boue qui nous inonde, interrogeons-nous sur le pourquoi de cette affaire initiée par l’Élysée et alimentée par les larbins de la presse. Dans quelques mois, il y aura les élections européennes, premier test pour LREM qui va payer sa politique anti-sociale, sa politique qui vise à préserver et augmenter les plus grosses fortunes. Quels sont les opposants à cette politique, quels sont les opposants à la politique de la Commission européenne, ultra-libérale (2) ? Certainement pas LR puisque Macron applique son programme, certainement pas le PS qui partage le sentiment europhile de LREM et d'une grande partie de la droite. Reste le Front National (rebaptisé récemment RN) qui fait de la haine le catalyseur des mécontentements. Et la France Insoumise (3) avec un vrai projet pour l'Europe. La question qui se pose à LREM est de savoir laquelle de ces deux oppositions est la plus dangereuse. La réponse que les marcheurs (on devrait dire les suiveurs...) ont trouvée est bien que la France Insoumise est l'opposition la plus capable de renverser la table. Il est donc essentiel de l'affaiblir. La stratégie adoptée est alors de la diffamer, de l'affaiblir en créant des polémiques falsificatrices à l'aide d'une presse aux ordres. De briser l'élan qui se serait à nouveau créé pour les européennes comme celui qu'on a connu aux présidentielles. Et, d'autre part, de désigner son adversaire, ici le FN, en développant le thème "nous ou eux". L'Europe du libéralisme économique ou l'Europe du Nationalisme. Parce que Macron croit encore qu'il suffit de brandir cet étendard pour s'assurer la victoire, qu'il suffit de présenter un âne contre Le Pen et le FN pour gagner. Malheureusement, ce calcul est non seulement faux, mais dangereux. A décevoir sans cesse, à mépriser constamment, on finit par voir l'extrême-droite qui arrive peu à peu au pouvoir en Europe comme ailleurs : la Hongrie, la Pologne, Autriche, Finlande, Italie... et aux USA, au Brésil maintenant. Et de voir Macron qui tente de devenir la figure de proue contre cette montée des nationalismes en Europe en s'autoproclamant leader du modernisme, sans d'ailleurs convaincre grand monde. Le problème de l'individu, c'est qu'il est tellement infatué qu'il y croit. Malheureusement, aucun de ses courtisans n'est en mesure, ou capable, de lui rappeler qu'il est très loin de la réalité des peuples.
L'offensive lancée contre la France Insoumise ne vise donc qu'à réduire l'opposition au FN, ce qui est le seul moyen de gagner les élections européennes. Prouvons à Macron, à ses sbires et à ceux dont il est le Président (les riches, mais est-ce utile de le préciser) que ce calcul est mauvais en lui infligeant une claque par le vote France Insoumise ! En envoyant un commando au Parlement Européen pour combattre la politique ultra-libérale de la Commission Européenne. Pour engager le processus d'une autre Europe, celle des peuples, avec nos alliés européens dans le pacte Maintenant le Peuple ! La Curée est le titre du deuxième roman de la saga des Rougon-Macquart de Zola. Mais ici, il faut le comprendre comme les chiens se jetant sur les bas morceaux que leur jettent en pâture les chasseurs après l'hallali... On comprendra l'allusion avec les chiens de garde de Macron...
(1) Voir notre post sur le financement de la campagne de Macron
(2) Il est assez marrant d'entendre le PS Moscovici expliquer que la politique de rigueur contre les peuples menée par l'Europe est la seule politique possible. Allant plus loin, il raconte comment il se disait keynésien mais voyant que cela ne marche jamais, il s'est converti au libéralisme. La politique de Roosevelt, à la suite de crise de 1929, reprenant les principes de Keynes dans le New Deal, placera en quelques années les USA en position de première puissance mondiale.
(3) Il y a bien sur le PC englué dans des querelles internes, notamment sur sa position face à la FI et dont les scores électoraux les priveront de tout espoir de députés européens, les écologistes français dont le principal combat est d'émerger à la tête du mouvement pour aller rallier le pouvoir en place, quel qu’il soit, à l'exemple de De Rugy ou de Pompili...
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