Au jour le jour…

Deux événements tragiques ont marqué la fin de semaine dernière : l’attentat terroriste qui a conduit à l’assassinat de quatre personnes et le meurtre de Mme Mireille Knoll.

Et ces deux drames ont été l’objet de polémiques déplacées de la part de quasiment l’ensemble du monde politique.

L’attentat terroriste dans l’Aude permet, une nouvelle fois, à la droite et à l’extrême-droite de ressortir leurs vieilles recettes sécuritaires qui ne sont que discours sans aucune conséquence sur le risque d’attentat. En effet, les mesures que proposent conjointement Wauquiez et Le Pen ont fait l’objet d’une excellente analyse d’un ancien agent de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure), Yves Trotignon dans une interview de l’Obs du 26 mars. Nous vous renvoyons à cet article dans un hebdo qui n’est pourtant pas notre tasse de thé :

https://www.nouvelobs.com/societe/terrorisme/20180326.OBS4169/surveillance-des-fiches-s-nous-n-avons-pas-les-moyens-humains-de-tout-suivre.html

Cette analyse est d'ailleurs partagée par Frédéric Péchenard, ancien directeur de la Police Nationale puisqu'il pense que ces mesures réclamées ''n'ont pas beaucoup de sens"".

On voit donc que les gesticulations de ces deux personnages n’ont d’autre objet que d’utiliser l’horreur de ces actes pour capitaliser la peur et le rejet d’une partie de la population, les musulmans. Soyons clair, il n’y a aucune défense de notre part d’une quelconque religion, y compris donc de l’Islam. Nous qualifier d’islamo-gauchiste est ainsi une aberration. Cependant, il ne suffit pas de dire cela sans essayer de comprendre ce qui peut conduire des individus à de telles extrémités. Mais ce n’est pas l’objet de cet article.

Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée Nationale sur l'assassinat d'Arnaud Beltrame

Il n’y a pas que la droite extrême (puisque les propos de LR sont les mêmes que ceux du FN) qui utilise ce drame à des fins de propagande. Il n’y a rien à dire à l’hommage rendu aux victimes de l’attentat, Jean Mazières, Christian Medves, Hervé Sosna et le Lieutenant-Colonel Arnaud Beltrame. D’ailleurs, l’intervention de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée Nationale a été unanimement saluée par les députés. Avec des mots que peu d’autres ont su utiliser, parlant d’un héros de la condition humaine et d’altruisme. Mais les dissensions au sein de LREM dégagent nettement deux camps : ceux qui derrière les propos hallucinants de Valls l’ignoble et de Fauvergue, ancien patron du RAID, continuent à n’avoir qu’une vision répressive de la lutte contre le terrorisme sans avoir une quelconque approche préventive, et les députés LREM qui s’opposent à un durcissement des mesures répressives. Au demeurant, ne perdons pas de vue qu’un certain nombre de mesures de l’état d’urgence ont été inscrits dans le droit commun. Ces débats internes à LREM pourraient conduire à un durcissement du projet de Loi Asile-Immigration qui doit être débattu à partir du 4 avril à l’Assemblée Nationale. Le risque est d’introduire dans ce débat l’amalgame entre immigration et terrorisme. Et ce glissement finirait par un repli identitaire comme le connait un certain nombre de pays d’Europe comme la Hongrie, l’Autriche et la Pologne qui sont dorénavant dans le camp de l’extrême-droite ! Sans parler de l’Italie où la politique de l’Union Européenne a laissé les Italiens seuls face à l’afflux de réfugiés que connait ce pays et qui a conduit aux résultats électoraux que l’on sait : la montée du populisme. Et quels mauvais souvenirs quand l’Europe sombre dans les bras dans ce populisme d’extrême-droite…

Le deuxième drame est le meurtre à caractère antisémite de Mme Knoll, qui a échappé aux camps d’extermination, ce qui ajoute à l’horreur. La première chose est de s’associer à la douleur de sa famille. Et, ensuite, de faire front contre la montée de l’antisémitisme en France. Il n’y a pas à nier ce fait. Mais la position du CRIF sur la présence de la France Insoumise à la marche blanche de ce jour est inadmissible. En effet, dénier à notre organisation d’y participer comme pour le FN est une insulte inacceptable de la part de M. Kalifat. Ce dernier estime que la position de notre organisation sur Israël est basée sur la haine du juif. Ce sont des propos diffamatoires dont nous espérons qu’ils auront des suites judiciaires. Effectivement, la France Insoumise n’admet pas la politique colonialiste d’Israël, n’admet pas sa politique de répression du Peuple Palestinien (comme nous condamnons fermement les attentats palestiniens contre les individus, Israéliens ou pas), n’admet pas son refus de négocier pour une solution pacifique du conflit Israélo-palestinien. Mais en aucun cas nous n’avons remis en cause l’existence de l’Etat d’Israël. Mais en aucun cas nous ne mettons en cause la judaïté comme religion et les Juifs en tant que peuple. C’est devenu un argument facile que de brandir aussitôt l’antisémitisme dès lors que l’on critique la politique de l’Etat d’Israël. Et en quoi notre position sur cet Etat doit être un obstacle à notre participation à la marche blanche, ici, dans ce pays, en France, contre un acte intolérable ? Comme l’on toujours fait les militants de la France Insoumise, comme ils le feront toujours, nous nous élèverons contre les actes antisémites comme nous nous élevons contre tous les actes racistes. Ce n’est pas nous qui avons parlé d’un détail de l’histoire concernant l’Holocauste. Et la mise en proximité de la France Insoumise et du FN est non seulement perçue comme une insulte mais aussi comme une volonté politique de dénigrement d’un monsieur et d’une organisation qui sont des inconditionnels de la politique du gouvernement de droite et de l'extrême droite religieuse d’Israël.

Rendons ici hommage à l’un des fils de Madame Knoll, Daniel, qui a désavoué fermement cette position du CRIF en appelant tout le monde à participer à cette marche en des termes touchants : « Nous appelons tout le monde, je dis bien tout le monde. Les gens qui ont une mère peuvent me comprendre, or tout le monde a une mère ». Merci Monsieur.