ÉRADIQUER LA PAUVRETÉ
- administrateur
- 28 févr. 2018
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 mars 2018
Ce livret a été rédigé par un groupe de travail coordonné par Hélène Cros, engagée dans la lutte contre la précarité et Pascal Lafargue, responsable associatif.
Notre constat : les pauvres, oubliés de la République
8,6 millions de nos concitoyen·ne·s vivent sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 1008€ par mois pour une personne seule en 2014.
Selon l’Insee, 36,6 % des chômeurs et 35,9 % des personnes vivant dans une famille monoparentale sont pauvres en termes monétaires. En prenant plus de recul, le tableau apparaît encore plus noir et plus révoltant : la France compte 1 million de pauvres de plus par rapport à 2014. Dans le même temps, les inégalités de revenus continuent de progresser.
Un pays comme la France, riche, ne peut pas se contenter de la politique en demi-teinte menée par les précédents gouvernements. Il ne peut pas se satisfaire de voir des minima sociaux aux montants aussi faibles (à peine plus de 450 € pour le RSA) et tellement compliqués à obtenir qu’un tiers des personnes qui peuvent y prétendre ne les demandent pas ! Il ne peut pas davantage accepter de voir tant de gens bloqués dans un hébergement d’urgence faute de logements accessibles (pour rappel, l’Insee a dénombré 141 500 sans domicile en 2012) ni à plus forte raison d’en voir certains mourir dans la rue, comme cela est arrivé en 2015 à 2 838 personnes d’après le collectif « Les morts de la rue ». Il ne peut tout simplement pas tolérer qu’une partie de sa population soit sacrifiée, a fortiori quand une minorité continue de s’enrichir.
MESURER LA PAUVRETÉ AVEC LE SEUIL DE PAUVRETÉ
Selon l’Insee, « un individu est considéré comme pauvre lorsqu'il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté ». Celui-ci est déterminé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population : toute personne appartenant à un ménage dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian est considéré comme pauvre. Le niveau de vie monétaire s’évalue en comptabilisant les revenus, en déduisant les impôts et en ajoutant les prestations sociales.
Notre projet : un pays sans pauvre est possible
François Hollande avait fait de la pauvreté un plan parmi d’autres. Nous la mettons au cœur de notre action.
Nous souhaitons agir sur les domaines concernés, avec comme préoccupation perpétuelle l’amélioration des conditions de vie et l’émancipation de tou·te·s. Revalorisation du Smic, revalorisation des retraites, protection des travailleur·se·s faussement indépendant·e·s, construction de logements et instauration d’une garantie universelle des loyers, nationalisations pour faire revivre des services publics : autant de changements pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion à la racine.
Mais parce qu’elles ne sont pas qu’une menace, mais déjà une urgente réalité, pour ces millions de pauvres, nous mettrons en œuvre des actions ciblées pour éradiquer la pauvreté et l’exclusion.
Par la « garantie dignité » (voir ci-après), l’indemnisation chômage et l’accès aux biens essentiels, nous ferons en sorte que plus personne ne vive dans la pauvreté. C’est une condition nécessaire à la réinsertion future des personnes. Allez trouver un emploi si vous ne pouvez pas vous alimenter correctement, vous déplacer ou si vous êtes occupés à survivre ! C’est aussi un moyen de relancer l‘économie en soutenant la demande, mais c’est surtout un impératif moral et éthique ! Il est intolérable qu’un pays si riche ait autant de pauvres et de mal-logés.
Même avec des ressources supplémentaires, avoir ou garder un toit ne va pas de soi. Retrouver un emploi non plus, surtout dans une économie déprimée et peu régulée. Nos politiques favoriseront l’accès de tou·te·s au logement et à l’emploi. Plus personne ne doit vivre ou dormir dans la rue ! Le livret « Pour un logement universel et durable » dans la même collection développe l’objectif « zéro sans abri ».
Cet accès ne sera toutefois pas immédiat, la construction de logements par exemple prend du temps. Un temps que les pauvres n’ont pas. Des politiques fortes d’hébergement, d’emplois aidés et de formation professionnelle répondront à cette urgence.
Le plan pauvreté personnalisé apportera l’accompagnement dont ont souvent besoin les personnes pour faire valoir leurs droits et affronter leurs difficultés. Cet accompagnement global sera surtout respectueux des personnes, loin du contrôle social ou du traitement impersonnel qu’il est souvent aujourd’hui.
Notre projet donnera ainsi les moyens de sortir de la pauvreté et de l’exclusion, de se sentir membre d’une société juste, solidaire et bienveillante. Une ambition qu’incarne notre dernière orientation : donner la parole aux pauvres dans l’élaboration des politiques publiques. Condition d’efficacité de ces politiques, et c’est aussi, et avant tout, un signal fort : les pauvres aussi sont des citoyen·ne·s. Nous organiserons la représentation collective des usagers des services publics dans les instances où leur sort se décide. Ainsi, cette représentation pourra s’appuyer sur les associations de chômeur·se·s et de précaires existantes, ainsi que sur les conseils de personnes accompagnées développés dans le secteur de la lutte contre l’exclusion.
Éradiquer la pauvreté est un objectif ambitieux, il est à portée de main si la volonté politique est présente. Mais il fait intégralement partie d’une politique globale de redistribution des richesses telle que le défend la révolution fiscale, la relance de l’activité par la hausse des salaires et les nouveaux droits pour les salarié·e·s dans les entreprises.

Comments