Un prince Saoudien à Paris

Macron reçoit ces jours-ci le prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohamed Ben Salam. Cette visite avait plusieurs buts pour ce monarque absolutiste. Redorer le blason d’une des monarchies les plus arriérées du monde et chercher des investisseurs étrangers pour pallier à la diminution de la rente pétrolière (qui faiblit en raison de la production mondiale importante, notamment aux USA) et dans la perspective de sa fin. Pour Macron, l’objet et de maintenir les liens économiques avec ce pays.

Par liens économiques, il faut entendre vente d’armes…

Cette réception a été habillée d’un pudique drap culturel. N’oublions pas que le Louvre a une succursale à Abu Dhabi. D’ailleurs, Macron a invité Mohamed Ben Salam à dîner au Louvre Paris.

Et de vanter ce prince comme étant un grand réformateur de son pays. Tout ça pour faire très présentable, très diplomatique…

Quand il s'agit de vendre des armes, une certaine continuité de l'État

Hélas, la réalité est bien différente. D’abord, ce type qu’on présente comme réformateur d’un islam wahhabite très rigoureux est un proche de Donald Trump qu’il qualifie comme allié de son pays. D’ailleurs, l’Arabie Saoudite est engagée dans la coalition américaine en Irak et en Syrie. Ben Salam est aussi un prince guerrier qui conduit depuis trois ans une guerre très meurtrière au Yémen pour contrer l’influence iranienne. En effet, l’ennemi principal de l’Arabie Saoudite est bien l’Iran. Deux conceptions de l’islam qui s’oppose et qui cache en fait des ambitions territoriales incompatibles.

À ce titre, Ben Salam vient d’annoncer qu’Israël n’est pas un ennemi de son pays. Abandonnant alors les Palestiniens à leur sort, les laissant se faire massacrer par une armée israélienne qui n’hésite plus à tirer sur des civils pacifiques et désarmés avec les félicitations de leur premier ministre qui se réjouit de ces massacres. Afin de mener sa guerre au Yémen et de parer à toutes menaces iraniennes, supposes ou réelles, l’Arabie Saoudite est un des principaux clients des marchands d’armes. À ce titre, elle a acheté pour plus de 12 milliards d’euros d’armes à la France entre 2006 et 2017. Mais, comme dit Parly, la stupide ministre de la défense, nous on vend les armes mais c’est pas nous qui tuons avec[1]… Au Yémen, les organisations humanitaires parlent de 30 000 morts, d’un million de cas de choléra, bref, d’une catastrophe humanitaire en cours. Mais qui s’en soucie ? Pas Macron qui s’était engagé en faveur des droits humanitaires, pendant sa campagne, et à « réconcilier réalisme et défense des valeurs ». Visiblement, il se limite au réalisme. D’ailleurs, a-t-il abordé le sujet de la charia avec le prince ? Des exécutions, parfois sommaires dans un pays où la peine de mort est appliquée près de cinq fois par semaine, qui sont pratiquées par décapitation puis, quelquefois, par crucifixion après ! A-t-il parlé au Prince des arrestations et détentions arbitraires ? Où sont-ils les De Rugy et députés LREM qui crient à l’appel au meurtre quand on pend et brûle une effigie de Macron dans une manifestation à Nantes ? Ils se taisent, les minables…

Et que dire de la condition des femmes qui relève toujours d’un rigorisme du Coran interprétés par des ulémas[2] que n’aurait pas renié l’Inquisition. Des femmes toujours considérées comme des mineures qui, dans chaque acte de la vie, ne sont pas jugées responsables. Mais ça va changer avec Ben Salam, on vous le dit : elles vont avoir le droit de conduire ! Quelle avancée spectaculaire ! Macron lui a-t-il parlé du droit à l’égalité des sexes ? Lui a-t-il parlé de la peine de mort appliquée aux femmes adultères ? Aux femmes qui avortent ? Ça ne pèse pas lourd devant le « réalisme » des milliards de commandes d’armes…

On pouvait, on peut, se gausser des démêlés de Sarkozy avec Kadhafi. On pourra, peut-être se gausser de Macron, un jour, avec une autre dictature, l’Arabie Saoudite. En tout cas, qu’il ne vienne jamais nous donner des leçons de morale.

[1] Vous savez, la dame qui dit que si on tue les jihadistes français en Syrie, c’est tant mieux, ça fera ça de moins. La même dame qui touchait 52 000€ mensuels quand elle dirigeait la branche voyageurs de la SNCF et qui dit aujourd’hui que les cheminots sont des privilégiés. La même dame qui avait adhéré au PS en 1995 et qui a accouru aux pieds de Macron. La même dame qui a fait l’objet d’une enquête du parquet national financier dans une affaire de marchés truqués à la SNCF au profit d’IBM et dont le gouvernement parle d’un déficit abyssal…

[2] Docteurs de la Foi