Sandvik m'a tuer, suite (et sans doute pas fin...)
- administrateur
- 31 oct. 2018
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Dernière mise à jour : 19 nov. 2018
L'hypocrisie des élus LR et LREM prend toute son ampleur sur cette affaire. Reçus hier au ministère de l'économie à leur demande, ne les voit-on pas gesticuler auprès de la ministre Agnès Pannier-Runacher sur un éventuel plan de sauvegarde du site. Alors qu'ils savent tous très bien que le groupe Sandvik, comme il l'a déjà fait en Allemagne, au Canada, en Angleterre, en Italie, ne laissera jamais l'outil industriel spécifique aux outils en carbure de tungstène tomber dans les mains d'un de ses concurrents !
Au demeurant, Agnès Pannier-Runacher, dont on sait qu'elle représente la nouvelle noblesse d'Etat(1), a en charge le dossier Ascoval dont il faut s'attendre à ce que ce dernier sidérurgiste français ferme rapidement après le désengagement de Vallourec. Qui s'oppose à la reprise d'Ascoval par Altifort en refusant de maintenir ses commandes à Ascoval dans le cadre d'une reprise d'activité. La raison évoquée par Vallourec est que les aciers spéciaux fournis par Ascoval se trouve à moindre coût ailleurs ! Pourtant, et il faudra que Pannier-Runacher et Bruno Lemaire, qui jurent qu'ils feront tout pour le maintien de l'activité du sidérurgiste, nous expliquent pourquoi ils n'interviennent pas chez Vallourec où l'Etat est actionnaire à 17% ! La réalité est simple : ces deux-là préparent la fermeture d'Ascoval en faisant croire qu'ils ont tout fait pour l'éviter... Ce que fera donc la ministre(2) pour un temps suffisant à ce que la colère des salariés s'épuisent et qu'ils acceptent leur triste sort...

Voir la Sainte Entente regrouper De Oliveira, De Brantès, Thillaye, Chalumeau et Coulon(3) réunit autour d'un texte qui est un pur exemple de la langue de bois est caractéristique de ces agitations vaines. Jugez-en vous-mêmes sur cet extrait : « cette réponse collective, alliant fermeté, détermination et responsabilité, nous semble être la meilleure stratégie pour répondre efficacement au double objectif : faire tout notre possible pour que les emplois concernés soient préservés et co-construire un avenir durable au site de Fondettes autour duquel s’est construit un écosystème dynamique au rayonnement international ». Tout ça ne veut strictement rien dire ! Rédigé sans doute par un conseiller occulte, sorti de l'ENA, ce galimatias (nous avons ici choisi un mot qui plairait à Macron) ne sert qu'à feindre une attention particulière des élus sur ce dossier. Rappelons ici que Thillaye et Chalumeau ont voté les ordonnances qui permettent la fermeture de Sandvik Fondettes sans s'intéresser à la situation du groupe. En effet, auparavant, pour apprécier les motifs économiques avancés par l’entreprise, le juge tenait compte de la santé économique du groupe sur le marché à l’échelle internationale. Désormais, le code du travail prévoit que lorsque l’entreprise appartient à un groupe, les difficultés économiques s’apprécient à l’échelle nationale.
Le seul moyen de faire plier le groupe est la lutte que devront mener les salariés de Fondettes. Ne nous faisons pas d'illusion : pas pour maintenir le site, nous avons vu que le groupe s'y opposera. Peut-être pour reprendre une nouvelle activité sur le site avec un repreneur des locaux, sans trop y croire. Mais surtout pour avoir les meilleures indemnités de départ pour ne pas tomber dans la misère, et des formations payées par le groupe, quelles qu’elles soient et aussi longtemps dureront-elles !
Notons au passage que le compte-rendu sur la NR du 31/10, comme à l'habitude, fait la part belle aux élus et à une rencontre pratiquement présentée comme une victoire pour eux (alors qu'au sommet du groupe Sandvik, on doit bien rire). Et, comme d'habitude, se mélange les pinceaux, signe du peu de profondeur du travail de journaliste : en 2015, ce n'est pas l'usine A qui a fermé, mais l'usine B. Que peuvent-ils savoir que le bâtiment le plus ancien est l'Usine A et le plus récent était l'usine B. Le premier regroupe l'activité plaquettes, le second regroupait l'activité corps d'outils...

Derrière cette affaire, comme d'ailleurs pour celle d'Ascoval, nous voyons la continuation de la désindustrialisation de notre pays sur des secteurs clés qui, quelques soient les voies de la transition écologique, resteront indispensables : on ne peut pas construite d'éolienne, sur ce seul exemple, sans acier ni plaquettes en carbure... Cette industrie est bradée sans plan de reconversion vers la transition écologique, uniquement au gré des intérêts financiers du 0,1% le plus riche. Dans ces deux affaires, très clairement, le choix du profit immédiat est fait par des groupes qui n'ont pas d'autres stratégies que de faire gonfler le portefeuille de leurs actionnaires. Vous me direz : mais pour Ascoval, l'Etat est actionnaire de Vallourec ! Peut-on le considérer dans ce même schéma de profit immédiat ? Et oui, mon p'tit monsieur, ma p'tite dame : il faut bien trouver des sous pour combler la perte de recettes consécutive aux cadeaux faits aux plus riches ! Augmenter les dividendes des entreprises où l'Etat est actionnaire (ou vendre le patrimoine), s'en est un moyen. Rappelons que selon un calcul des Économistes atterrés, sur le quinquennat de Macron, le 0,01% le plus riche de nos concitoyens aura gagné 86 000€ de pouvoir d'achat tandis que les 20% les plus pauvres pourraient en perdre jusqu'à 1 000€. D'ailleurs, toutes les études montrent que les premières mesures du gouvernement Macron favorisent les 5% les plus riches de notre pays.
Sandvik Fondettes, à suivre...
(1) Diplômée HEC, énarque, elle est une inconditionnelle de Macron depuis 2008. Ex-directrice de la compagnie des Alpes (N°1 de l'exploitation des sites skiables, parc de loisirs, etc ; détenue à 67% par la Caisse des dépôts et consignations qui appartient à l'Etat), membre de plusieurs Conseils d'Administration, ses émoluments se montaient à 500 000€ par an avant de devenir Secrétaire d'Etat. Ses précédentes fonctions ne sont-elles pas la source de multiples conflits d'intérêt dans son nouveau rôle ?
(2) En fait Secrétaire d'Etat...
(3) A voir leur photo sur la NR, on finit par croire que leur seul objectif était d'avoir une belle image souriante.
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