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Revenons sur les mesures annoncées par Macron lundi soir


D'abord, la première d'entre elles, l'augmentation de 100€ du SMIC. Pour mémoire, le salaire médian en France (la moitié des salariés touchent moins, l'autre plus) est de 2 185€ bruts, 1 710€ nets, pour un total chargé de 3 004€ moins 131€ de crédit d'impôts, soit 2 873€. Il y a 1,67 millions de smicards en France, soit 10% des salariés. Actuellement de 1 498,47€ bruts, il est de 1 184,93€ nets. Le coût total d'un SMIC pour l'employeur (SMIC chargé) est de 1 715€ moins 90€(1) d'aides, soit un montant de 1 625€. A ce SMIC net, il faut ajouter la prime d'activité de 155€ par mois. La prime d'activité, sous certaines conditions, s'étend sur une fourchette de 0,25% à 1,25% du SMIC. Pour 0,25% du SMIC, le montant est de 177 €. Il est de 306€pour 0,50% du SMIC, de 252€ pour 0,75% du SMIC, de 155€ pour 1 SMIC et de 46€ pour 1,25 SMIC. Cette prime d'activité est versée à 2,6 millions de personnes. Ce qui, en, d'autres termes, signifie qu'un salarié sur 8 touche le SMIC ou moins... D'autre part, gardons à l'esprit que les salariés du secteur public ne seront nullement concernés par cette pseudo-augmentation du SMIC. Ainsi, 6 millions de salariés ne verront rien du tout venir en pouvoir d'achat. Or, ce fameux pouvoir d'achat ne permet plus que de satisfaire les besoins élémentaires, de moins en moins les loisirs, de moins en moins les possibilités d'investissement (changer de voiture, isoler son logement...) La promesse de campagne de Macron était, dans un premier temps, d'augmenter rapidement ce SMIC de 100€. Mais, pour satisfaire aux contraintes des 3% de déficit budgétaire de la Commission Européenne, cette mesure a été étendue jusqu'en 2021. Devant la colère populaire, Macron revient sur ce calendrier en annonçant l'augmentation des 100€. Voyons comment ils se décomposent :

- 1,8% d'augmentation automatique du SMIC au 1er janvier 2019 ; soit 30€

- 30€ de revalorisation de la prime d'activité au 1er janvier, déjà prévu dans la loi de finance

- 40€ de revalorisation de la prime d'activité prévue initialement en 2020 et 2021.

La réalité est donc que cette mesure impactera le budget sur les seuls 40€ qui devaient être versés en 2020 et 2021. S'ils l'avaient été. En effet, l'augmentation de cette prime de 20€ qui devait avoir lieu en 2018 s'est finalement convertie en... 8€ par la modification du calcul du montant de cette prime. Maintenant, n'oublions pas que ce sont les impôts qui payent cette prime d'activité, directs ou indirects (TVA, TICPE...). C'est donc plus de 6 milliards de coûts actuels de cette prime qui sont offerts au patronat qui n'aura donc rien à débourser. En réalité, le smicard va payer son augmentation avec la TVA, les autres salariés par leurs impôts et cette même TVA ! Prodigieux. Il fallait bien avoir fait l'ENA pour pondre une telle idée. Muriel Pénicaud, vous savez, la ministre du travail multimillionnaire qui aurait payé l'ISF, se répand dans les médias pour expliquer que cette augmentation du SMIC aura pour répercussion une hausse des salaires proches du SMIC. Elle se réfère notamment aux conventions collectives et aux négociations : elle ment deux fois. La première parce que ce n'est pas une augmentation du SMIC, mais celle de la prime d'activité. Aussi, les 9 millions de salariés normalement impactés par cette augmentation ne le seront pas par l'augmentation de la prime d'activité. Le second mensonge est que ça n'aura pas ou peu d'incidence sur les autres salaires : par exemple, la convention collective de la métallurgie d'Indre-et-Loire prévoit une valeur du point de 5,10€, inchangé depuis 2014 ! Pourtant le SMIC a évolué depuis cette date. Mais on comprend là que tout salaire est tiré vers le bas : par le montant bas du SMIC, par la pression du chômage (estimez-vous heureux avec ce salaire, il y en a tant qui n'en ont pas...). Ces 6 milliards de cadeaux s'ajoutent aux 40 milliards de CICE qui seront reversés aux entreprises en 2019, plus 40 autres milliards d’allègement de charges sociales. L'abandon de l'ISF, c'est 3,5 milliards d'euros de cadeaux aux plus riches de nos compatriotes. Et contrairement aux stupidités entendues, ce ne sont pas des dizaines de milliers (ce qui se serait vu sur 351 000 déclarants !) qui auraient quitté notre pays pour ne pas le payer, mais seulement 0,2% des déclarants selon les services de Bercy ! Nous attendons toujours les investissements et emplois en France que la suppression de cet impôt devait créer, comme l'e prétendait Macron (et Wauqiez, et Fillon et Le Pen).

Enfin, rappelons que le versement de cette prime d'activité n'est pas automatique : on doit en faire la demande auprès de la Caisse d'Allocations Familiales. Ainsi, à défaut d'information, 30% des ayants droits en 2016 ne l'ont pas réclamés...

La fausse augmentation du SMIC est donc un enfumage !

Exemption de l'augmentation de la CSG pour les retraités touchant moins de 2 000€ par mois, c'est la seconde annonce. Cette augmentation de 1,7% devait rapporter 4,5 milliards d'euros par an (il fallait bien compenser la suppression de l'ISF...). Bien. Cependant, il faudra attendre les explications sur cette mesure. En effet, l'annonce ne semble valable qu'en 2019 (pour un an a-t-il dit). D'autre part, concerne-t-elle les individus ou le foyer fiscal ? Ça peut beaucoup changer selon que ça soit l'un ou l'autre : imaginons un couple où un retraité touche 2 004€ et l'autre 900€ et un autre où chacun des deux retraités touche 1 950€. Dans le premier cas, le revenu total sera de 2 904€, dans le second, 3 900€. Dans le premier cas, l'un des retraités touchant plus que 2 000€, il sera soumis à cette augmentation. Son revenu baissera alors de 34€. Dans le second cas, pas d'augmentation ! Ce serait un comble ! D'autant plus que les retraites sont quasiment bloquées depuis 2013 et le seront jusqu'à la fin du mandat présidentiel. En conséquence, les deux couples seront perdants. Encore, ces exemples sont-ils parmi les « favorisés » comme disait Macron. En France, 50% des retraités touchent moins que le SMIC par mois, un quart moins de 800€. 1 million de retraités vivent sous le seuil de pauvreté. Voilà ce qu'il en est des nantis ! D'autre part, Macron supprime en partie une mesure qu'il a lui-même institué. Il vous poignarde et en enlevant le couteau, souhaite que vous le remerciez...

Macron se moque de la misère d'une grande partie des retraités ! Il n'a absolument pas pris la mesure du mécontentement généré par sa politique !


La troisième mesure est la défiscalisation des heures supplémentaires et la suppression des charges sur celles-ci. Il ressort à l'occasion une mesure de Sarkozy qui n'avait eu aucun effet sur l'emploi (au contraire, les heures supplémentaires s'opposent à l'embauche). Encore une fois, sous prétexte d'augmenter le niveau de vie des salariés, c'est un cadeau fait aux entreprises exonérées elles aussi de charges et d'impôts sur ces heures supplémentaires. Déjà, faudrait-il que les salariés fassent ces heures. Et encore une fois, ces exonérations ont pour conséquence de faire baisser le montant des salaires socialisés (les fameuses « charges ») donc, à termes, la baisse des retraites, de la sécu, des indemnités chômage. Mais aussi des recettes fiscales, ce qui contribuera là aussi à moins de services publics (écoles, hôpitaux, infrastructures comme les transports) mais aussi aux sommes consacrées à la transition énergétique, passée à la trappe dans l'intervention de Macron. Enfin, cela signifie travailler plus ! À un moment où la productivité au travail n'a jamais été aussi élevée, où les bénéfices n'ont jamais été aussi hauts, où les salaires des dirigeants du CAC 40 ont atteint des sommets, on nous demande de travailler plus. On n'envisage absolument pas de mieux partager les richesses. Et puis, est-ce une vie que de travailler de plus en plus, les weekend, la nuit, en posté avec des temps de trajets de plus en plus élevés ? D'être de plus en plus stressés au travail ? D'avoir de plus en plus de burn-out, de maladies professionnelles (notamment les TMS) ?

Une mesure incompréhensible du point de vue de la société, de la vie quotidienne, voilà ce qu'est la défiscalisation des HS !


Vient ensuite le versement d'une prime (là aussi défiscalisée, déchargée) de fin d'année. Mais à la discrétion des entreprises qui le peuvent. Cette annonce va surtout pénaliser les toutes petites entreprises, celles qui emploient presque la moitié des salariés de ce pays. Là où les petits patrons se battent quotidiennement pour ne pas sombrer, là où la proximité avec les salariés fera qu'ils se sentiront obligés de faire un geste. Les PME et les grandes entreprises, depuis des années, pleurent sur la hauteur des salaires, des charges sociales et des impôts. Gageons que les primes accordées seront ou rares ou symboliques chez elles. Pas de contrainte, diront-elles, alors non, nous ne le pouvons pas... On leur rétorquera : mais les bénéfices ? Elles expliqueront sans rire que la rémunération des actionnaires empêche leur fuite ailleurs... Alors, il faudra encore les privilégier.

Une mesure qui touchera peu, sans contrainte, à la générosité de nos bons patrons !


La lutte contre l'évasion fiscale est une énorme foutaise : pendant que Macron, presque en pleurant, précisait qu'il allait donner des instructions pour durcir cette lutte, le Sénat réduisait le délai sur l'Exit Tax. Qu'est-ce que c'est ? Cette taxe, instaurée en 2011 par Nicolas Sarkozy, porte sur les "plus-values latentes" de chefs d'entreprise qui décident de transférer leur domiciliation fiscale à l'étranger, en cas de cession effective de leur patrimoine en France dans les quinze années suivant leur départ.Le Sénat a réduit ce délai à cinq ans sur une proposition du gouvernement au prétexte de l'attractivité fiscale de notre pays. Qui sont donc les sénateurs qui ont voté cette réduction : les sénateurs LREM, comme des petits moutons, renforcés par la droite, toutes tendances confondues ! Quelle hypocrisie quand Macron parle de faire payer en France les impôts des patrons français alors que parallèlement, il réduit le temps qu'ils devront attendre pour ne pas en payer quand ils vont s'installer dans un paradis fiscal !

Voici donc une mesure incantatoire à l'opposé de la politique qu'à mené jusqu'à maintenant Macron et qu'il continuera à mener !

Ensuite, faire payer des impôts en France pour les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) alors qu'il vient d'échouer à imposer cette mesure à la Commission Européenne est une farce. Comment compte-t-il faire quand on voit que ces puissances n'ont que faire des états, comment ils se moquent de l'Union Européenne depuis tant d'années. Et que nous dit-il là, Macron, quand Renault, dont l’État est actionnaire à 16%, à transféré son siège social en Hollande afin d'y bénéficier d'une fiscalité plus conciliante envers les entreprises ? Silence, bien sûr, sinon qu'à travers Renault, il continue à soutenir l'escroc Carlos Ghosn, en prison pour fraude fiscale et abus de biens sociaux au Japon !

L'annonce d'une mesure qu'il ne tiendra jamais !

L'urgence écologique ? Ah, bah non, rien ! Ce qu'on nous présentait hier comme essentiel ne semble plus l'être, contre l'évidence. Ce qui montre bien que les mesures sur les taxes carburants, sur la CSG, sur la non indexation des retraites, sur le maintien de salaires bas n'avaient comme unique objet que de compenser les cadeaux fait aux 1% les plus riches. Que pouvions nous attendre d'un banquier ?


Des mesures pour rétablir une vraie démocratie ? Vous plaisantez ! Contentons-nous de la répression, des 2 000 interpellations du 8/12 dont la plupart sont illégales, de l'humiliation des lycéens de Mantes-la-Jolie, des charges sans justification des CRS. Et puis quoi, il a été élu pour cinq ans sur un programme, comme dirait Ferrand qui prétend à un cap maintenu : c'est bien là le problème !


L'ensemble de ces mesures coûtera entre 8 et 10 milliards au budget et les fameux 3% de déficit seront sans doute dépassés. Ce qui va faire bien rire ceux à qui Macron donnait encore récemment des leçons... Où seront trouvés ces 8 à 10 milliards ? Par la diminution du nombre de fonctionnaires (postes, hôpitaux, écoles, pompiers...). Et par la suppression accélérée de services publics. Donc à notre détriment. Le contraire de ce que demandent les GJ...

Maintenant, les médias, les ministres et les députés LREM vont faire le service après-vente. À les en croire tous, c'est merveilleux, extraordinaire, jamais autant d'avancées sociales : ils ne devront pas être surpris s'ils sont particulièrement mal reçus par les gilets jaunes, par le peuple en colère. Un seul exemple de ce mépris qu'ils ont encore dans leur propos : un certain Jeudy, éditorialiste sur BFM s'emporte centre un gilet jaune qu'il reçoit lorsque celui-ci est capable de dire le pourquoi des manifestations et de décliner avec rigueur une plate-forme revendicative structurée. Jeudy l'accuse alors d'être un faux GJ, compte-tenu de sa capacité à parler comme un politique. En gros, les GJ sont des cons, incapables de parler bien, de réfléchir, de proposer. La réaction du GJ a été à la hauteur de ce mépris « et vous, vous êtes un faux journaliste » a-t-il lancé à Jeudy (d'autre part rédac-chef du service politique et économique de Paris-Match, groupe Lagardère) qui a failli s'étouffer ! Comment Jeudy peut-il être présentateur sur BFM, rédac-chef à Paris-Match, chroniqueur à C dans l'air ? La réponse a été donné par ce Gilet Jaune : parce que c'est un faux journaliste ! Le MEDEF se réjouit pour sa part des "réponses fortes" du président : évidemment, ça ne leur coûtera pas un kopeck, les intérêts du patronat sont préservés ! Macron annonce des concertations (à la charge des maires, facile de leur refiler le bébé). Nous participerons à ces concertations pour dire ce que nous pensons de cette politique et de ceux qui la mènent, ministres, députés, militants LREM (s'il en reste). Qu'ils ne soient pas surpris de trouver face à eux une grande colère.

Que pouvons-nous attendre des partis politiques de droite et d'extrême-droite ? Rien, déjà LR se range derrière les mesurettes prises par Macron en parlant de premier pas. Mais surtout, ils applaudissent à la politique de répression tous azimuts menée par Macron au nom de l'ordre. C'est cela, en dignes héritiers des Thiers, des fusilleurs de la Commune, des généraux incapables qui ont envoyé à la mort des millions d'hommes en 14/18, de ceux qui se sont agenouillés devant Pétain puis devant le coup d’État de De Gaule. Ils sont résolus opposés à toutes avancées sociales parce qu'au fond, ils défendent les mêmes intérêts que LREM ! Pour le Front National (ripoliné en RN), On voit l'infect Nicolas Bay s'évertuer à ne parler que du protocole de Marrakech qui devrait voir déferler sur nos belles campagnes des hordes de musulmans intégristes, venir chez nous pour profiter de nos avantages sociaux sans travailler. Il est toujours égal à lui-même : bête à bouffer du foin. Ceci étant, il donne le ton de la future campagne électorale pour les Européennes du FN : revenir aux fondamentaux qui le caractérise, le racisme et la haine, et les valeurs pétainistes, travail, famille, patrie... Pour ce qui est des revendication des GJ, occultés ! Et tous crient haro sur les dépenses publiques qu'il faut absolument réduire. Et tous crient à l'arrêt de la lutte des GJ au nom de l'unité nationale !


Notons que le PS a voté les mesures Macron au Sénat. Avait-il besoin de le faire ? Non, ces mesures seraient passés sans le vote des sénateurs PS. Dans le même temps, les députés PS vont se joindre à la motion de censure proposée par le PC et soutenue par la FI. Duplicité d'un parti qui ne sait plus où il habite.

Malheureusement, les partis de gauche et les organisations syndicales continuent à passer à côté du mouvement des GJ, alors que celui-ci s'étend peu à peu, aux lycéens, aux étudiants. Or, ces GJ, se sont des salariés, des retraités, des artisans, des petits commerçants. Pourquoi cette distance ? Pourquoi appeler à un mouvement le vendredi 14/12 alors que les GJ manifesteront probablement le lendemain ? Pour éviter la convergence des luttes (impossible, comme dirait Martinez) ? Pourquoi ? Ont-ils peur d'un mouvement qui leur échappe, qui n'entre pas dans leur schéma ? Qui les menace en tant qu'organisation bureaucratique ? Ce faisant, ils s’excluent eux-mêmes de la capacité de représenter les luttes que mènent les GJ et à porter les revendications développées dans ces luttes qui durent depuis plus de trois semaines. Le rejet manifesté à cette occasion des organisations syndicales et politiques montrent qu'elles ne sont plus en mesure de représenter une grande partie de la population laborieuse, sans emploi ou retraitée de notre peuple. Parce qu'elles se sont toujours contentées de mesures partielles destinées à satisfaire des catégories de salariés sans jamais avoir une perspective de changement de notre société. Parce que finalement ceux qui les dirigent sont si bien dans leur petite délégation de pouvoir (et, occasionnellement, d'avantages matérielles)... Si cette position ne change pas, elles seront définitivement déconsidérées.

À ce jour, il est plus que jamais nécessaire de coaliser l'ensemble des mouvements, GJ, lycéens, salariés en lutte, chômeurs... afin d'exiger le départ de Macron et de sa clique. Afin que le peuple prenne le pouvoir !

(1) Crédit d'impôt de taxes sur les salaires. Pour mémoire, le salaire médian en France (la moitié des salariés touchent moins, l'autre plus) est de 2 185€ bruts, 1 710€ nets, pour un total chargé de 3 004€ moins 131€ de crédit d'impôts, soit

2 873€.

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