Retour sur la semaine du 28 janvier au 3 février
- administrateur
- 4 févr. 2019
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Macron qui ne peut pas s’empêcher...
Malgré une autocritique sur sa propension à aligner les petites phrases, le président des riches ne peut pas s’empêcher de manifester son mépris envers les couches populaires, ce mépris de classe caractéristique de ceux qui possèdent. Et voici donc « Jojo », le Gilet jaune (GJ) qui aurait le même statut qu’un ministre ou qu’un député dans les médias. Et pourquoi, M. le président, un quelconque citoyen devrait avoir un statut inférieur à vos premiers de cordée ? Peut-être pensez-vous qu’en dehors de vos copains grands patrons, énarques, éditorialistes et banquiers, les autres ne sont que des vulgaires à qui il ne convient pas de laisser la parole. Parole qui ne vaut rien puisque gens de rien nous sommes. Petit problème, cependant : ces gens de rien en ont assez de votre caste de privilégié et ils le disent en investissant l’espace publique et politique. Ne vous en déplaise !
Ne se limitant pas à cette nouvelle insulte, Macron fait preuve de préjugés racistes : en effet, contrairement aux valeurs humanistes qu’il prétendait défendre, le voici reprenant des à priori sur les gitans qui sentent forts ceux de l’extrême-droite : Christophe Dettinger, le boxeur qui s’est illustré en faisant face à la violence policière, aurait des mots qui ne sont pas ceux d’un Gitan : « Le boxeur, la vidéo qu'il fait avant de se rendre, il a été briefé par un avocat d'extrême gauche. Ça se voit ! Le type, il n'a pas les mots d'un Gitan. Il n'a pas les mots d'un boxeur gitan ». Tiens donc, et quels mots auraient donc les Gitans ? Il s’agit bien là d’un préjugé sur la base d’une origine sociale et raciste. Dettinger aurait été briefé par un avocat d’extrême-gauche. Une nouvelle notion vient de naître dans l’esprit tordu de Macron : l’avocat qui ne servirait non pas la cause de la défense dans une république de droit, mais un militant probablement payé par les Russes pour ébranler notre si belle société…
Ne se contentant pas de ce type de propos inadmissibles dans la bouche d’un président de la République, Macron se lance alors dans un délire paranoïaque qui pourrait nous faire douter de sa santé mentale : les Gilets jaunes seraient « conseillés » par l’Étranger, notamment par la Russie. Se laissant aller, il confie aux journalistes ce type de stupidités : « Les structures autoritaires nous regardent en se marrant, Il ne faut pas se tromper. On est d'une naïveté extraordinaire (...) La communication officielle ou celle de tous les mouvements traditionnels, elle est très peu active, très peu relayée. Les gens qui sont surinvestis sur les réseaux sont les deux extrêmes. Et après, ce sont des gens qui achètent des comptes, qui trollent. C'est Russia Today, Spoutnik, etc ». Le coup des Russes, on nous l’avait pas fait depuis 1981…
Et il continue : « Et après, ce sont des gens qui achètent des comptes, qui trollent. C'est Russia Today, Spoutnik, etc. Regardez, à partir de décembre, les mouvements sur internet, ce n'est plus BFM qui est en tête, c'est Russia Today.» Il n’y a plus qu’à attendre les chars de Poutine sur les Champs Élysées, accueillis par Éric Drouet et autres agents médiatiques, « conseillés » (sic !) par le KGB. On croit rêver. Mais est-ce si hallucinatoire que cela ? Non, en réalité, devant son incapacité à fédérer autour de lui une frange significative des Français, il se lance à tout va dans une politique sécuritaire et d’ordre pour amener à lui la frange la plus réactionnaire de notre pays. Parce qu’il n’y a plus qu’elle pour le sauver du naufrage. Il a d’ailleurs reçu, sur BFM, le soutien de Jean-Marie Le Pen qui le trouve « solide » et « assez doué » (1)
Décidément, ce type est à vomir !
La loi anti-manifestation...
Ainsi donc, il faut interdire au peuple de manifester son mécontentement. Pour cela, d’abord la répression avec près de deux mille blessés depuis la manifestation du 17 novembre, dont deux cents graves. Ensuite la peur. La peur des coups qui dissuade d’aller rejoindre les GJ le samedi, la peur entretenue avec outrance par les médias aux ordres. Un exemple ? Celui de la NR qui, la semaine précédant le 2 février, n’a cessé d’inciter les gens à ne pas aller à Tours de crainte du rassemblement régional. Surtout, ne sortez pas, ne stationnez pas, rentrez vos poubelles, barricadez vos vitrines, les hordes barbares arrivent ! Insensé… À l’opposé, des articles présentant le dispositif policier sous un jour dithyrambique : mobilisation des forces de l’ordre sur un dispositif quasiment militaire. Il est vrai, nous l’avons vu, que les chars de Poutine sont à nos frontières… Ainsi, un journaleux va passer sa journée au PC de la préfète (celle qui ordonne le gazage de manifestants tout à fait pacifistes) et décrire la situation : « Pompiers, Agence régionale de santé, policiers, gendarmes étaient réunis autour de la préfète pour gérer la sécurité des biens et des personnes […] Au deuxième étage du commissariat de Tours, la concentration est maximum. Toutes les informations du terrain remontent au centre d’information et de commandement et seul le directeur départemental de la sécurité publique leur fait écho. Pour la première fois depuis le début des mouvements en novembre, un centre opérationnel départemental se tient à côté de cette salle. Il a été élargi et regroupe non seulement les représentants des polices nationale et municipale mais également des pompiers, de la gendarmerie, de l’Agence régionale de santé et de la préfecture, Corinne Orzechowski en tête ». Manque que les sous-marins !
Ensuite, la loi anti-casseurs. Cette loi, inspirée par Retailleau député LR très à droite, contrevient au principe fondamental qui veut que, dans un État de droit, seul un juge peut entraver la liberté individuelle des citoyens. Son article 2 autorise en effet les préfets, représentants directs du pouvoir, à prononcer des interdictions de manifester à l'encontre d'individus présentant une menace d'une particulière gravité pour l'ordre public, sous peine de six mois d'emprisonnement et 7 500 euros d'amende en cas d'infraction. L’article 3 prévoit la création d'un fichier des personnes ainsi visées. Qu’elle est donc cette République qui étend constamment des interdictions administratives au détriment du judiciaire consacrant ainsi une augmentation du pouvoir de l’État gravement préjudiciable à la séparation des pouvoirs et à nos libertés individuelles. La décision administrative pourrait donc se baser sur de simples présomptions dont on a pu observer lors de l’état d’urgence qu’elles généraient de nombreuses erreurs sur l’identité des personnes et pas mal de confusions dans les faits reprochés. De plus, s’il s’agit de se protéger contre 150 à 200 casseurs plus ou moins déjà identifiés, pourquoi ne pas laisser le système judiciaire s’occuper d’eux conformément aux lois en vigueur plutôt que de créer un texte qui met la justice à la discrétion du pouvoir politique, qui pourrait potentiellement s’appliquer à tout le monde et qui fait passer la charge de la preuve du côté de l’accusé, en rupture de tout état de droit ? Est-il sérieux d’en passer de plus en plus par des procédures d’exception alors qu’on ne voit aucune volonté de donner à la justice les moyens de son action tandis que l’argent coule à flot dans un système social à bout de souffle ? L’objectif de cette loi est donc bien de réduire le droit de manifester, le droit de n’être pas d’accord avec la politique ultra-libérale de sa Majesté Macron ! Quelques députés LREM sont réticents à voter cette loi : il y a fort à parier qu’à une exception prêt, ils voteront comme un seul homme cette infamie ! Parce qu’ils ne sont que les godillots des forces de l’argent qui réclament l’ordre contre la racaille que nous sommes… Ils n’auront pas le courage d’un De Courson (député UDI) qui s’insurge contre cette loi, la comparant à celles du régime de Vichy qui ont conduit son grand-père vers la mort en déportation et son père dans les rangs de la résistance à l’oppression nazie.
Acte XII
La mobilisation ne faiblit pas, contrairement à ce qu’espérait Macron en jetant sur la table son Grand Débat. Chaque semaine, classique maintenant, le ministère donne des chiffres qui font rire tout le monde. Comment pouvons-nous avoir 58 600 manifestant dans toute la France alors qu’à Paris il y en avait 10 500 (le compteur a du resté bloqué sur le chiffre des foulards rouges, le fonctionnaire de la préfecture en charge des chiffres n’a pas suivi les consignes de Castagnettes qui lui demandait d’inscrire 8 000…), plus de 17 000 à Toulouse, plus de 5 000 à Bordeaux, 6 000 à Marseille, 5 000 à Valence ? À Tours, nous étions sans doute 5 000 et plus. Il suffit de savoir que du rond-point du pont Napoléon au Pont-de-Pierre, la rue des Tanneurs était pleine. Ce qui fait 600 mètres. À raison de 17 manifestants par rang en moyenne et un distance de 2 mètres entre chaque rang, il est facile de connaître une bonne approximation du nombre de manifestants : 5 100 (6.000 selon les organisateurs)… Très loin des 1 850 annoncés par la préfecture et des à peine 3 000 de la NR (qui a fait un petit effort, d’habitude les journalistes fainéants reprennent les chiffres de la préfecture). Place Jean-Jaurès, avant l’arrivée du cortège régional, il y avait bien 2 à 3 000 personnes, soit plus que les semaines précédentes. La manifestation s’est déroulée plutôt dans le calme si ce n’est que les flics de la BAC ont largement provoqué les manifestants dans les rues où ils étaient stationnés, notamment en faisant des doigts d’honneur ou en menaçant avec leurs armes ! Comme à chaque fois, l’ordre a été donné par la préfète de disperser la manifestation vers 17h30 avec les charges habituelles et l’utilisation massive de gaz lacrymogène. Il est à noter des témoignages sur les gendarmes mobiles présents ce samedi à Tours : visiblement mal à l’aise avec les interventions violentes de la BAC et de la BRI. Sur le Facebook des Street-Medics de Tours : « de nombreux retours de manifestants indiquent que les gendarmes mobiles, sur ordre ou à l'initiative de leur commandement d'escadron, se sont à un moment retirés dans le calme et sans explosion de violence... contrairement à la BAC et à la CDI (Compagnie Départementale d'Intervention ; Police nationale) qui ne se sont pas gênées ensuite pour frapper de nombreuses personnes pacifiques qui restaient là et venaient d'applaudir les GM. Sans aller jusqu'à remercier les gendarmes mobiles, on reconnaîtra qu'ils ont plusieurs fois eu l'occasion de casser du manifestant comme l'aurait fait la police nationale (et comme elle l'a fait lors de l'Acte 11), mais finalement ils ont mesuré un peu leurs coups, leurs charges et leurs gazages... ».
Le grand débat
L’enfumage continue. Ce qui était à craindre arrive : les macronistes se félicitent du succès de ce non-événement. Ils annoncent plus de 500 000 contributions sur le site du gouvernement et plus d’1,5 millions d’inscrits sur cette plateforme. Ils font de la quantité une vertu indépendante de la qualité. Première question : comment vont-ils faire pour traiter ces 500 000 contributions ? Elles représentent, à la moitié de la consultation, 300 000 pages A4 ! Pas de problème, un appel d’offres a été lancé dans la précipitation pour transcrire en numérique les doléances reçues. Macron, lui, continue son one-man-show avec les élus et quelques sorties soigneusement préparées pour éviter ce qui lui était arrivé au Puy-en-Velay, quasiment la fuite sous les insultes. C’est d’ailleurs pourquoi il parle de l’humiliation qu’il a ressenti : et nous, alors, l’humiliation que nous ressentons depuis 18 mois sur ces propos ? La dernière des petites sauteries qu’il a organisé était destinée aux élus d’outre-mer. Ce que les médias ont oublié de montrer, c’est l’agacement de Macron qui finira par simplement confisquer les micros des élus parce qu’ils reposaient plusieurs fois une question à laquelle Macron ne répond pas. Que n’a-t-il pas fait ça avec les élus de métropole ? Peut-être parce qu’il est persuadé que ces gens-là (d’outremer) n’ont pas les codes de compréhension de sa pensée complexe…
Si le questionnaire donne déjà les réponses qu’attendent les partisans LREM du libéralisme à la sauce Commission européenne, reste le délicat problème, à leurs yeux, de la sortie de crise, comme ils disent. Une idée a été soufflée : pourquoi pas un référendum en même temps que les élections au Parlement européen ? Il suffit de trouver maintenant les bonnes questions (quels services publics supprimer pour réduire les impôts des plus riches : hôpitaux, écoles, transports, etc ?) pour conduire au maintien d’une politique dont nous ne voulons plus. Las, quelques uns (peut-être les plus futés des macronistes) s’effraient du résultat que pourrait avoir ce référendum : et s’il venait aux gens de rien l’idée de ne pas répondre correctement ? Comme en 1969… Comme en 2005, même si deux ans plus tard Sarkozy nous la faisait à l’envers avec le traité de Lisbonne… Non, marche arrière toute ! C’est que, voyez-vous mon brave, le référendum c’est dangereux ! Demander son avis au peuple, vous n’y pensez pas ! Il pourrait le donner…
Grève générale le 5 février
Justement, donnons-le ce 5 février en participant massivement à cette grève et aux manifestations prévues. Donnons-le pour faire savoir aussi aux organisations syndicales qu’il est temps d’appeler à la convergence entre le mouvement des GJ et les organisations syndicales puisque leurs revendications se recoupent, puisque que nous devons trouver ensemble une issue à ce mouvement qui ranime la France d’en bas depuis presque trois mois. Il est temps ! Pour un appel à la grève générale illimitée ! Pour chasser Macron et son gouvernement de droite, pour dissoudre l’Assemblée nationale et convoquer une assemblée constituante ! Partout, comme le font les Gilets jaunes, créons des assemblées générales (AG) qui prennent enfin en mains les destinées du peuple de France, contre l’oligarchie des financiers, contre l’Europe libérale à la Merkel, contre les forces répressives et réactionnaires !
Venezuela
Quoiqu’on pense du régime de Maduro, on ne peut que s’étonner de voir la France suivre la position impérialiste de Trump qui prépare un coup d’état dans ce pays. Comment peut-on accepter de soutenir un homme qui s’autoproclame président contre celui qui a été, quoiqu’en dise les médias, Trump et Macron, élu démocratiquement malgré le soutien des puissances d’argent de la droite et de l’extrême-droite vénézuélienne. Que dirait-on de pays qui dicteraient à la France quels dirigeants choisir comme le font la plupart des pays occidentaux en proclamant, sans demander leur avis aux vénézuéliens, Guaido président de fait ? C’est pourtant ce que fait Macron plutôt que de s’inquiéter de ce qui se passe ici. Et quand a-t-il consulté les représentants de la nation pour prendre cette décision ? Jamais, la constitution obsolète de la Ve République lui en donne le droit. Comme il n’a consulté personne pour signer le traité d’Aix-la-Chapelle (nous ne ferons ici aucune analyse d’un traité somme toute banal). Voilà ce qu’est notre démocratie : un seul homme fait de notre politique internationale ce qu’il veut ! Et ce qu’il veut, c’est aligner la France sur l’ultra-libéralisme américain, comme c’est d’ailleurs la volonté de l’Union européenne qui se fait de plus en plus contre les peuples. Ainsi, il donne des leçons de démocratie alors qu’il ne la respecte pas dans son propre pays.
Décidément, il est temps de renvoyer Macron là d’où il n’aurait jamais du sortir : les poubelles de l’Histoire !
Les Journalistes
Un petit florilège des propos d’Yves Calvi, représentant digne de sa caste de vils laquais du pouvoir :
Vous pouvez aussi consulter ce post sur le blog de Samuel Gontier, qui en dit long sur ce que sont ces cireurs de pompes : https://www.telerama.fr/television/emmanuel-macron-sauto-remanie-pour-soigner-ses-scarifications,n6116646.php?fbclid=IwAR2gsT7WZ6lXMoKQ0a950Mjfrw7LGX5nEhXhJCjiq6SIGLH9CvbEh6dtxhE
(1) Les propos de Le Pen : « C'est certainement très compliqué, écrasant de responsabilité » d’être président aujourd’hui. « Il faut un moral, un physique, un mental, une psychologie absolument exceptionnels. Et je crois que dans ce domaine, M. Macron est assez doué, il a passé les examens depuis un moment déjà. » sur BFM le 31 janvier dernier…
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