Retour sur la semaine du 21 au 27 janvier
- administrateur
- 28 janv. 2019
- 10 min de lecture
Le grand débat
Lancé à grand renfort de médias et de shows mettant en scène un président qui ne pourra pas s'empêcher de lancer ses piques habituelles contre le peuple (ceux qui déconnent) avec un discours non seulement lénifiant mais aussi condescendant (vous comprenez, les enfants...), le débat est organisé de façon à ce que les conclusions soient celles contenues dès le départ par la rédaction du questionnaire. En effet, Macron ne change pas, obsédé qu'il est par la défense des plus riches qui l'ont porté au pouvoir. Pas question de revenir sur l'ISF et les mesures antisociales prises au long de ces dix-huit premiers mois de gouvernance. Il continue aussi, avec des arguments à la limite de la débilité, à défendre la politique ultra-libérale de la Commission européenne et du grand capital. Il est à noter, une nouvelle fois, la bassesse des éditorialistes mainstream(1) qui s'émerveillent jusqu'à la "prouesse" de tenir six à sept heures devant un parterre d'élus (sélectionnés jusqu'aux questions qu'ils pourraient poser, voir la vidéo de René Revol dans le post "La Citadelle assiégée..."). Prouesse que des millions de salariés de ce pays réalisent chaque jour... Et encore, a-t-il devant lui des gens très disciplinés (quand ils ne s'endorment pas...) qui ne lui causent que peu de problèmes. Ainsi, quand un maire lui rappelle son passé de banquier, Macron explique sans rire qu'il n'est pas né avec une cuillère d'argent dans la bouche et qu'il a dû travailler dur pour être ce qu'il est : en effet, un père neurologue (au SMIC ?), une mère médecin (au RSA ?), on ne peut pas dire que c'est un milieu privilégié ! Malgré un passage dans un lycée privé (et très huppé) à Amiens (où il rencontrera sa future femme), des études où il sera obligé de vivre sans avoir à payer ses études en travaillant, filant de filières sélectives en filières sélectives qui ne le sont plus que par les habitus de classe, nous pouvons verser une larme sur cette enfance à la Dickens... :)
Ce débat a été, d'autre part, ridiculisé par la prestation télévisée de Schiappa et Hanouna, portant la politique au rang de télé-réalité. Et offrant ainsi des heures et des heures à la propagande gouvernementale. Pendant ce temps, les militants et élus LREM organisent partout des débats sur les seuls thèmes évoqués par la lettre cadre de Macron. Ils sont quelquefois perturbés par des gens qui viennent contester le principe même de ce débat, faussé par la rédaction d'un questionnaire excluant les revendications telles que le pouvoir d'achat, le Référendum d'Initiative Citoyenne dont Macron ne veut pas au prétexte qu'il serait contraire à la démocratie ("la démocratie, ce n'est pas des ateliers d'écriture à 66 millions"), le rétablissement de l'ISF, la justice sociale et tant d'autres qui sont portées aujourd'hui par les Gilets jaunes. Ces réunions en sont parfois comiques : ne voit-on pas une députée locale, Colboc, inviter à une réunion à la condition de s'inscrire sur le site gouvernemental ! Moyen d'en gonfler le chiffre et de filtrer les participants. Il est vrai que les prestations de la dame en question, lors de la campagne des législatives, ont montré ses limites au débat...
Pour clore ce chapitre sur le Grand débat, signalons que Chantal Jouanno, pourtant ancienne soutien de Macron après le 1er tour des présidentielles, dénonce un débat faussé et une opération de communication de l'Élysée...
Macron qui remonte dans les sondages ?
...titrent les médians dans leur ensemble. En citant le regain à 31% de satisfaits. Petit problème déontologique : dire que la cote de popularité de Macron remonte à 31% masque que 69% des sondés ne sont pas satisfaits de sa politique ! Le titre aurait du être : 69% des français encore insatisfaits de la politique de Macron et non Macron remonte dans les sondages. Mais manipulation-pour-protéger-sa-caste, quand tu nous tiens... Quand on examine les résultats de ce sondage (parce qu'un seul sondage, celui de BVA du 25/01 qui fait passer Macron de 27 à 31% avec une marge d'erreur de +3% !), on comprend pourquoi : les électeurs de droite font remonter à eux seuls cette courbe. Ce qui laisse supposer que chez les autres électeurs, la courbe continue sa chute, mais, chut, ne pas le dire. Le même sondage rappelle que 64% des français continuent à soutenir le mouvement des Gilets jaunes, mais c'est passé inaperçu... Tiens donc, pourquoi ? Pire pour l’exécutif, ce sondage met en évidence que 64% de nos compatriotes pensent que Macron n'a pas changé malgré le mouvement des Gilets jaunes...
Le taux de chômage baisse...
Dans ce temps quelque peu difficile pour le pouvoir, les médias nous annoncent une bonne nouvelle pour lui : le chômage baisse ! Alléluia ! Non, calmons-nous... Seulement une baisse de 1,1% au quatrième trimestre et 1,5% sur l'année. À ce rythme, il faudra quand même trois quarts de siècles pour revenir à un niveau acceptable (?) de 5%... Encore faudra-t-il suivre cette tendance sur le long terme, ce qui n'est pas garanti. En effet, l'Insee, dans une note de conjoncture, prévoit une baisse de 0,1% seulement en 2019. Cette prévision ne tient pas compte d'un possible retournement de la conjoncture internationale que redoute de plus en plus d'économistes, liée à la guerre économique qu'a déclaré Trump au reste du monde et au tassement du taux de croissance en Chine, ainsi que la hausse prévisible des matières premières et au retour aux causes de la crise financière de 2007/2008... De plus, les mesures prises par le gouvernement pour faire la chasse aux "fainéants", à ceux "qui ne veulent pas traverser la route", à ceux qui "déconnent" ne sont pas étrangères à cette baisse ponctuelle du taux de chômage. Cependant, deux secteurs se signalent ici sur cette baisse : le bâtiment avec une hausse de 31 000 emplois et l'industrie avec une hausse de 3 000. Ce dernier chiffre est inquiétant. En effet, malgré cette hausse (très faible), l'industrie ne représente plus que 13,8% de l'activité dans notre pays. Ce qui signifie une désindustrialisation continue de la France, amorcée dans les années 70(2). Ce qui fait que nous allons passer à côté des nouvelles industries que la transition écologique devraient générer... Rappelons simplement, même si on peut s'interroger après sur l'énergie que nous consommons, que le solaire ou l'éolien n'ont plus de fabricants français capables de se positionner sur le marché ! Enfin, et ce n'est pas la moindre des choses, les femmes sont les grandes perdantes de cette baisse du taux de chômage...
L'écologie en berne
Macron l'a dit : l'interdiction du glyphosate en 2021 est abandonnée ! Non seulement la Cop24, à laquelle il n'a pas participé, est un échec cuisant pour notre planète, mais la politique menée en France sacrifie encore la lutte contre les pollutions agricoles, cédant au puissant lobby de la FNSEA. En effet, il ne fallait pas, en plus des Gilets jaunes, se mettre à dos les gros propriétaires céréaliers qui font la loi en matière d'agriculture dans notre pays, capables de faire descendre dans le rue leurs salariés par un indécent chantage à l'emploi. Et pendant ce temps, les petits agriculteurs et éleveurs continuent à crever sous le poids des prix imposés par la grande distribution, souvent en-dessous des prix de revient... Grande distribution qui profite outrageusement du CICE, création de Macron, qui vise à redistribuer les impôts que nous payons (essentiellement la TVA) à ceux qui n'en ont pas besoin mais qui sont les maîtres de la Macronie !
La fameuse rencontre de Davos, qui réunit chaque année les milliardaires, les chefs d'État et les grands patrons vient de s'achever. Le forum international de cette station de ski pour milliardaires avait pour thème, entre autres, le réchauffement climatique. Nous aurions pu croire à un gag mais, hélas, c'est la réalité : ces riches participants ont mobilisés 1 500 jets privés pour atterrir sur l'aéroport de Zurich à 200 kilomètres de Davos pour ensuite être emmenés sur le site en hélicoptères... Hypocrisie ! Ces gens-là sont tellement persuadés de leur importance qu'ils ne voient même pas l'indécence de parler d'écologie en se déplaçant par des moyens les plus polluants possibles. Ensuite, on vient nous faire la morale parce que nous n'avons pas d'autre choix que la voiture pour aller travailler ! Pourtant, nous avons le souvenir de l'encensement général d'un Carlos Ghosn qui aurait à lui seul redresser et Renault et Nissan, que nous devions donc garder en PDG un tel prodige irremplaçable, avec des salaires honteux eu regard la misère de ce monde, comme nous devons rémunérer très cher les dirigeants d'entreprise pour ne pas les voir partir à l'étranger... Et là, surprise : le Ghosn est en prison depuis deux mois au Japon et la terre tourne ! Renault, Nissan et Mitsubishi continuent à tourner ! La preuve que ces parasites ne servent à rien...
La marche pour le climat de ce 27 janvier, dans le contexte particulier que connait aujourd'hui notre pays, a réuni plus de 120 000 personnes (moins de 80 000 selon Catagnettes). À tours, environ un millier de manifestants ont défilé.
Le rapport d'Oxfam sur les inégalités
Nous avons déjà parlé de ce rapport où nous apprenons que 26 milliardaires possèdent autant que la moitié de la population. Nous vous recommandons vivement de lire cet article qui parle de l'accueil fait à ce rapport par les éditorialistes dont nous avons déjà parlé ici :
Rien à ajouter...
Gilets Jaunes : acte XII
La mobilisation ne faiblit pas, malgré les chiffres de plus en plus ridicules du ministre de l'intérieur, puisque le Nombre jaune (page facebook qui recense les manifestants sur des critères plutôt objectifs : https://www.facebook.com/lenombrejaune) donne plus de 126.000 manifestants. La nouveauté tient plutôt aux tentatives d'organisation qui se mettent en place à travers des Assemblées générales un peu partout. De ces AG, sortent des revendications et des propositions sur la suite du mouvement. Nous devons, en tant que citoyens, participer à ces AG, ne serait-ce que pour ne pas laisser le champ libre aux frontistes ou aux dupontistes. De fait, depuis le début du mouvement, nous avons pu voir le glissement des revendications d'une contestation de l'impôt vers des revendications sociales et politiques (de la justice fiscale au RIC, du niveau de vie à la démission de Macron). C'est une prise de conscience de classe d'une partie de la population qui échappait jusqu'à maintenant aux organisations politiques et syndicales (nous pourrons un autre jour parler du pourquoi...). La réponse répressive du pouvoir montre à quel point celui-ci craint ce mouvement. Au demeurant, le mot d'ordre de grève générale commence à faire son chemin parmi les Gilets jaunes et rejoint le mot d'ordre de grève nationale lancé pour le 5 février. Et c'est précisément ce que ne veulent ni Macron, ni le patronat. D'où l'accentuation de la répression qui a fait plusieurs dizaines de blessés graves quoiqu'en dit Castagnettes, le familier des truands du milieu marseillais, et qui vise maintenant les figures des Gilets comme Jérôme Rodriguez, pris directement pour cible d'un LBD (lanceur de balles de défense) qui peut le laisser borgne. Le but est de faire peur à ceux qui pourraient rejoindre les manifestations, d'installer un climat de peur, à la fois parmi les Gilets jaunes et parmi la population en tentant de faire dégénérer les manifestations. Nous avons vu, à Tours, les forces de l'ordre utiliser à nouveau les gaz et les tirs de grenades "désencerclantes" alors que rien ne le justifiait (3).
À priori, un appel à manifester le 2 février a été lancé au niveau grand ouest à Tours comme auparavant à Bourges. En attendant, nous pouvons assister aux prochaines Assemblées générales les vendredis, à partir de 18h :
- 01/02 : St-Pierre-des-Corps, (salle des fêtes à côté la mairie)
- 08/02 : 19 route des Mares, Tauxigny
- 15/02 : Joué-les-Tours
- 22/02 : Chateau-Renault
- 01/03 : Fondettes
La manif à Tours : les médias nous voient de moins en moins, parait-il...
La réaction relève la tête
La grande peur un peu passée, la réaction se met en branle : d'une part les foulards rouges, d'autre part, des listes Gilets jaunes impulsées par la Macronie.
Les foulards rouges ont ainsi manifesté à Paris, 10 500 selon la préfecture (étonnamment, les organisateurs avaient parlé d'un succès au-dessus de 10.000 participants), en réalité pas plus de 3.000 selon des observateurs indépendants. Ici, la presse va reprendre, comme à son habitude, les chiffres officiels en ayant quand même bien du mal à parler d'un succès pour une manifestation nationale... Les manifestants interrogés ont lâché leur haine de classe (vous n'êtes pas obligés de suivre jusqu'au bout...) :
Il n'y a rien à ajouter à cette vidéo, tout le mépris qu'on connait chez Macron ressort ici. Les nantis vomissent sur le peuple qui les nourrit.
Ensuite, viennent les listes Gilets jaunes aux européennes, dernière tentative des macronistes pour arriver en tête de ce scrutin et, ainsi, clamer leur victoire, même avec seulement un cinquième des votants, un huitième des électeurs. La liste de Levavasseur est composée de soutiens à Macron (elle-même a voté Macron au second tour des présidentielles) et de proche de l'escroc Bernard Tapie qui vit avec ce qu'il a volé aux salariés des entreprises ruinées par ce prédateur et avec ce que lui a reversé Sarkozy via Christine Lagarde (aujourd'hui présidente du FMI, alors ministre de l'économie) et le Crédit Lyonnais. La seconde liste sera sans doute constituée par Jacline Mouraud qui vient de créer son propre parti. Mouraud, celle qui prétendait ne pas être une politique vivant de l'argent public et qui s'apprête à le faire, illuminée qui participe à des stages "d'ectoplasmie" (?). Celle qui a une propension à croire que certains complots sont cachés à la majorité de la population. Elle s’interroge par exemple sur les chemtrails, ces trainées blanches laissées par le passage des avions, que certains internautes ultra-méfiants imaginent être constituées de produits chimiques disséminés pour des projets top secrets...
Ces deux listes font donc l'affaire de Macron. Cependant, l'immense majorité des Gilets Jaunes n'est pas dupe de ce que sont ces deux futures listes (parce qu'il y a encore des obstacles à franchir...), un moyen de sauver la Macronie aux élections. Maintenant, le problème pour le pouvoir en place, c'est que la multiplication des listes Gilets jaunes risquent d'être contre-productive. En effet, elle peut-être ressentie comme l’avènement d'ambitions personnelles, contraires au mouvement, et en détourner d'éventuels électeurs vers des listes de politiques (sans se cacher, le FN et LFI) ou vers l'abstention dont ils viennent.
Il nous appartient donc de donner une issue politique au mouvement des Gilets jaunes en offrant, comme dans l'Avenir en Commun et le programme pour les élections européennes, des réponses à leurs revendications pour faire respecter la souveraineté des peuples, faire face à l'urgence écologique, mettre au pas la finance, le dumping fiscal et social, construire la paix et les coopérations et, face aux réactionnaires et aux fascistes, étendre les droits et les libertés.
(1) Courant dominant, en français...
(2) Où nos Grands Penseurs ont voulu faire de la France un pays de services, croyant que l'industrie traditionnelle avait vécu. Conclusion : les français vont devoir se coller des oreilles de Mickey pour aller faire le clown dans l'immense parc d'attraction que sera devenu notre pays...
(3) BAC et gendarmes mobiles. Rappelons que 1 500 manifestants étaient encore là ce samedi 26 janvier.
Comments