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Macron ou l’art de l’humiliation.

Dernière mise à jour : 20 juin 2018

Lors des cérémonies marquant l’anniversaire du 18 juin, Macron a été interpellé par un collégien qui après avoir fredonné quelques notes de l’Internationale lui a demandé des nouvelles… certes de façon un peu cavalière ! En effet, le « Comment ça va, Manu » n’est pas le plus adapté pour s’adresser au président de la République.


Deux ou trois choses cependant. Si ce collégien n’a pas fait preuve de finesse dans son interpellation, Macron n’a pas non plus été du plus fin en le reprenant vertement, utilisant le tutoiement pour lui donner une leçon de politesse. De quel droit, sans doute de droit divin. De plus, lui faire comprendre que c’est un imbécile qui ne comprend rien à la signification de cette commémoration n’est pas pédagogique. C’est même plutôt humiliant, devant les caméras, que de rabaisser un adolescent qui devra ensuite vivre avec ça. D’autre part, la leçon de morale qui consiste à lui dire « …et tu fais les choses dans le bon ordre. Le jour où tu veux faire la révolution, tu apprends d'abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même, d'accord ? Et à ce moment-là, tu iras donner des leçons aux autres » est d’autant plus mal venue que Macron a créée les conditions d’un monde du travail où il sera de plus en plus difficile aux jeunes d’assurer leur indépendance devant l’écrasement des droits sociaux, précédant celui des rémunérations déjà contraintes par le chômage et la mondialisation.


Macron, on peut être révolté quand on est adolescent devant un monde que l’on voit injuste. Macron, en ce jour de commémoration, souviens-toi de ces jeunes qui avaient encore l’âge d’être nourris par leurs parents mais qui ont fait le choix de la résistance, le payant souvent de leur vie. Souviens-toi de Mathurin Henrio, le plus jeunes des Compagnons de la Libération, mort sous les balles allemandes à 14 ans. Souviens-toi d’Henri Fertet, lui aussi Compagnon de la Libération, mort à 16 ans, abattu par les nazis. Souviens-toi de Guy Môquet[i], un des vingt-sept fusillés de Châteaubriant alors qu’il n’avait que 17 ans. Souviens-toi de ces milliers de jeunes qui ont trop souvent payé un lourd tribut à leur engagement dans les révolutions de 1789, 1848 et pendant la Commune de 1871. Ce choix de la résistance, de l’insoumission, tu ne le feras jamais, Manu[ii], parce que tu es du côté de l’oppression du monde du travail, du côté de ceux qui possèdent contre ceux qui sont, comme tu aimes à le dire, « des gens de rien ». Parce que ceux-là n'ont pas cherché à être ni des exemples, ni des premiers de cordée. Ils n'ont pas cherché une mention à un examen quelconque, à être des forts en thème, comme toi. Ils auraient même préféré, sans doute, vivre longtemps en restant ces petites gens du peuple que tu sembles tant mépriser. Ils ont cependant choisi la lutte pour la justice, pour le bien commun, se sacrifiant pour nous, pour tous. Pas dans l'intérêt égoïste des possédants que tu représentes !


Guy Môquet, Mathurin Henrion, Henri Fertet

Alors oui, ce jeune homme n’a pas été des plus fins dans sa harangue. Mais toi, tu as été une encore méprisant. Et c’est pire puisque tu représentes la République et qu’une nouvelle fois, tu l’as humiliée.

[i]Voici le texte de la lettre à ses parents : « Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé, je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c’est d’être courageuse. Je le suis et je veux l’être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose. Je n’ai pas eu le temps d’embrasser Jean. J’ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable je ne peux le faire hélas ! J’espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui, je l’escompte, sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t’ai fait ainsi qu’à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracée. Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j’aime beaucoup. Qu’il étudie bien pour être plus tard un homme. 17 ans et demi, ma vie a été courte, je n’ai aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c’est d’être courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, je vous embrasse de tout mon cœur d’enfant. Courage !

[ii]Je l'appelle Manu parce que pour être respecté, il faut être respectable. Il ne l'est pas.

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