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Macron fait-il de l'écologie ?

Dernière mise à jour : 27 nov. 2018

Quand Macron veut faire de l'écologie, il supprime les trains de nuit, ferme les petites lignes de la SNCF, les remplace par des bus, puis lance des cars privés, via du dumping social, qui inondent les réseaux secondaires de CO2 et de particules fines. Il permet à Total de forer du pétrole en Guyane, les banques (milieu naturel de Macron) françaises continuent à investir largement dans les énergies fossiles au détriment des renouvelables. Ainsi, selon Oxfam, en 2016 et 2017, les six plus grandes banques françaises ont consacré près des trois quarts de leurs financements au secteur énergétique au charbon, au pétrole et au gaz – ces énergies fossiles qui sont la première source de gaz à effet de serre au niveau mondial. Soit 43 milliards d’euros, contre seulement 12 milliards pour les énergies renouvelables sur la même période. BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole sont les principaux pourvoyeurs de fonds aux énergies sales, tandis que la Banque postale affiche un portefeuille d’investissements beaucoup plus « vert » (mais aussi beaucoup plus modeste). Entre janvier 2016 et septembre 2018, selon les Amis de la Terre, les trois poids lourds bancaires français ont encore investi près de 10 milliards dans les entreprises actives dans le secteur du charbon, comme l’allemande RWE . C’est 50% de plus qu’au cours de la période 2013-2015, alors même que le charbon est largement considéré comme la source d’énergie à éliminer en priorité pour contenir le réchauffement des températures globales. Le gouvernement refuse la taxation du kérosène alors qu'à trajet égal il est 40 fois plus polluant en CO2 et particules fines que le TGV, il refuse la TVA sur les vols internationaux et la laisse limitée à 10% sur les vols intérieurs (qui en représentent 20%). Ces exonérations de taxe sur le kérosène c'est 3,5 milliards d'euros par an et font que le train est souvent plus cher sur ce type de voyages !


Paradoxalement, la pollution des vols internationaux n’est pas imputée aux États dans les accords internationaux sur le climat comme le protocole de Kyoto. L’aviation est réputée contribuer à 3% des émissions globales des gaz à effet de serre, mais le GIEC (Groupe intergouvernemental pour l’étude du climat) estime qu’en réalité sa part est deux à quatre fois plus importante. La Commission européenne a cependant impliqué depuis 2012 l’aviation dans son système d’échange de quotas d’émission des gaz à effet de serre. Ce système ne taxe cependant que les vols intra-européens et accorde 80% de quotas gratuits aux compagnies aériennes, selon le Réseau Action Climat (RAC). Certains pays appliquent une taxe au kérosène, sur leurs vols intérieurs, comme les États-Unis, le Japon, le Brésil et la Suisse. Contrairement à ce qui est prétendu, la fameuse convention de Chicago n'a jamais interdit la taxation des vols intérieurs, comme le rappelle un certain nombre d'organisations de lutte contre le réchauffement climatique (dont le WWF, Greenpeace, les Amis de la terre, Oxfam…).

D'autre part, les données de l’industrie maritime démontrent qu’en considérant la taille des moteurs et la qualité du carburant utilisé, les 15 plus gros navires-cargos du monde polluent autant en oxydes de soufre et en oxydes d'azote que l’ensemble des 760 millions d’automobiles de la planète. Vous savez, ces porte-conteneurs qui nous alimentent en produits que l’on fabriquait dans nos usines délocalisées et qui brûlent chacun 10 000 tonnes de carburant pour un aller et retour entre l’Asie et l’Europe. Ces 15 navires font partie d’une flottille de 3 500, auxquels il faut ajouter les 17 500 tankers qui composent l’ensemble des 100 000 navires qui sillonnent les mers. Pour ne pas quitter le domaine maritime, rappelons que dans le monde, il y a 5 000 yachts de plus de 60 mètres (*), et que le plus moyen de ceux-ci brûle environ 900 litres de fuel en seulement une heure. Enfin, que dire de ces 80 super paquebots de luxe qui consomment chacun 150 tonnes d'un fioul de très mauvaise qualité par jour pour le plaisir de quelques milliers de privilégiés capables de dépenser plus de 10 000 € pour une croisière de huit jours, et qui, à quai, polluent autant qu'un million de véhicules pour l'agrément de leurs 4 à 5000 passagers (une petite ville à laquelle il faut ajouter les 2 300 salariés qui y travaillent dont la plupart sont souvent d'origine des pays sud-asiatiques avec des contrats non seulement précaires, mais avec des salaires souvent dérisoires au regard du luxe qui règne à leur bord).

Ce qui ne n'empêche pas Macron de taxer le gasoil une première fois pour porter son coût au niveau de l'essence puis de prévoir une nouvelle taxe de 6 centimes d'euros au 1er janvier 2019, taxe sur laquelle il affirme ne pas vouloir revenir au soir du 24 novembre, après les événements de la journée sur lesquelles nous reviendrons dans un autre post. Or, on apprend d'autre part que non seulement cette taxe n'alimentera qu'en partie la transition écologique, mais qu'en plus ce budget se réduit ! Mais il est vrai qu'il faut compenser les 3,5 milliards d'euros de manque à gagner à cause de la suppression de l'ISF et les 40 milliards que coûtera le CICE en 2019 avec un effet sur l'emploi quasiment nul mais qui permet de reconstituer les marges des entreprises. Faire donc payer à 99% des français les cadeaux faits au 1% des plus riches. Devant l'ampleur de la protestation, le gouvernement fait marche arrière sur un seul point : le report de l'embryon de taxe sur le transport des marchandises par poids lourds ! Et c'est évidemment au patronat du transport routier que va profiter cet abandon ! Pas aux chauffeurs routiers...


Quant aux aides mises en place par le gouvernement et dont les élus LREM répètent sur tous les médias les éléments de langage qui ont été fournis par l’Élysée tant ils sont incapables de les défendre eux-mêmes, elles sont non seulement dérisoires pour les plus défavorisés mais, finalement, peu pourront en bénéficier. Il en est ainsi de la « super » prime de 4 000 € destinée aux 20% les plus modestes. Il faudra toucher pour une personne seule moins de 12 500 € par an, 2 SMIC pour un couple avec trois enfants ou 1,8 pour un couple avec 2 enfants. Édouard Philippe donne des exemples : "Un Français qui a acheté une voiture au milieu des années 2000, on va dire une 206 diesel [...] Elle consomme 6 litres aux 100 kilomètres. Avec la super prime, il va pouvoir acheter un véhicule plus récent, comme une C3 essence d'occasion, à 5 500 euros, qui lui permettra de passer à une consommation peut-être de 5 litres aux 100 kilomètres". Et là, on se demande s'il a réfléchit à ce qu'il vient de dire ou s'il y croit. Ou, peut-être pire, c'est qu'il ne comprend rien de ce que c'est de vivre dans les conditions qu'il décrit. En effet, comment ceux qu'ils citent pourront trouver les 1 500€ manquants à l'achat alors que souvent ils sont obligés de faire des économies y compris sur l'alimentation pour finir leurs fins de mois ! Pour un hypothétique gain d'1 litre aux 100 km ? Pour un véhicule qui restera sans doute au diesel ? Pour une voiture qui aura souvent plus de 130 000 km avec les frais afférents dus au vieillissement ! Ce qui montre bien qu'il n'a plus aucune idée de ce qu'est la vraie vie... Cette prime est un vrai foutage de gueule !


Mardi, Macron annoncera la création, sans doute, d'un Haut Conseil pour le Climat qui sera destiné à "susciter moins de crispation" sur sa politique énergétique et ses conséquences fiscales. Rappelons-nous ce que disait Clemenceau en substance (que nous éviterons de citer !) : pour enterrer un problème, il suffit de nommer une commission. Histoire de nous enfumer en recrutant quelques experts et 'écolos' prêts à aller la soupe...

Où est, dans tout ça, la cohérence d'une politique de transition écologique ? Nulle part. La vision de Macron n'est finalement que celle de la classe dont il est la marionnette : le profit immédiat, même si cela court à la perte de l'humanité par trop de cupidité et d'avidité. Illustré par l'affaire Carlos Ghosn (toujours défendu par le gouvernement, le CA de Renault et la presse qu'il fait vivre avec ses 500 millions d'euros par an de publicité) qui montre qu'ils en veulent toujours plus. Ce plus qu'ils s'approprient sur le dos de l'immense majorité des populations mondiales. Pour en savoir plus sur notre position, voir les livrets sur la transition écologique.


(*) Quasiment tous immatriculés dans des paradis fiscaux ou sous pavillon de complaisance

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