Macron en flagrant délit de mensonges !
- administrateur
- 16 avr. 2018
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Macron, dans son intervention télévisée devant un journaliste plutôt déférent, a professé plusieurs contre-vérités, pour ne pas dire des mensonges.
Le premier, c’est de prétendre qu’il n’a pas supprimé l’ISF mais l’a transformé pour permettre aux plus riches d’investir dans l’économie française. Faux, car si seuls les biens immobiliers sont dorénavant assujettis à cet IFI[1], les investissements et les placements à l’étranger ou les sommes non investies (liquidités, objets de valeur) ne le sont plus. Ce qui ne profitera en rien à l’économie de notre pays. Prétendre donc que la modification de l’ISF est une politique d’investissement est un mensonge. Les 3,2 milliards qui ne rentreront plus dans les caisses de l’État sont donc bien un cadeau aux plus riches. Aujourd’hui, dans une interview, la ministre de la santé, Agnès Buzin, évoque la possibilité de « deux lundis de Pentecôte travaillés » (sic !) pour financer le coût de la dépendance des personnes âgées. Le rapport actuel du lundi de Pentecôte est de 2,37 milliards. Ce qui permettrait de combler le cadeau aux plus riches… Ça serait encore faire porter le coût d’une mesure sur les seuls salariés.
Le deuxième mensonge concerne les retraités à qui il promet un gain de pouvoir d’achat… en augmentant de 1,7 points la CSG pour quasiment tous. En effet, cette hausse qui ne devait toucher que les retraités les plus aisés, c’est-à-dire 60% d’entre eux[2], serait compensée par la suppression de la taxe d’habitation. En réalité, c’est en 2020 que les effets de la suppression totale de la taxe d’habitation compenseront la hausse de la CSG. Cependant, c’est un marché de dupes : en effet, cette suppression de la taxe d’habitation signifie moins de recettes pour les communes. Donc, nécessairement, moins de services offerts aux contribuables. Car la promesse de compensation par l’État ne vaut que pour ceux qui y croient. Il ne faut pas être grand économiste pour comprendre que si un impôt local est supprimé et compensé par l’État, ce dernier devra dégager les recettes conséquentes ou réduire ses dépenses, notamment dans le cadre contraint du diktat européen d’un déficit budgétaire inférieur à 3%. Or, réduire les dépenses, c’est moins d’hôpitaux, moins de services publics qui condamnent en priorité les communes rurales.
Le troisième mensonge concerne la baisse de l’effectif en école maternelle et l’ouverture de nouvelles classes. Macron confond les chiffres. Jupiter serait-il faillible ? Il annonce 32 000 élèves de moins en CP à la prochaine rentrée. Petite erreur : 32 000 élèves en moins, oui, mais sur l’ensemble des maternelles et des écoles élémentaires. De plus, il mélange ces annonces en prétendant ouvrir, malgré la baisse de 20 000 élèves en milieu rural, 1 000 classes supplémentaires. Là aussi, c’est faux. Son propre ministère de l’éducation annonce d’une part la fermeture de 4 000 classes et l’ouverture de 5 000 autres. Les 1 000 classes créées le seront sur toute la France et non sur le seul territoire rural.
Le quatrième mensonge concerne les dotations aux collectivités locales. Macron se targue de tenir une de ses promesses de campagne qui était de ne plus réduire les dotations de l’État au budget des communes. Ce que n’auraient pas fait « toutes les majorités précédentes »[3]. C’est une autre erreur de sa part (décidément…) car ces dotations n’avaient pas baissé en 2011 et 2013. En ce qui concerne celle de 2018, une étude de la Caisse des dépôts sur le site de la Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL) indique que si cette Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) est stable de 2017 à 2018, c’est hors inflation. Mais le mode de financement des dotations de solidarité urbaine et rurale, des évolutions de l'intercommunalité, de l'augmentation de la population et des incitations financières accordées aux communes nouvelles après leur création va conduire à ce que 22 000 communes voient leur dotation baisser en moyenne de 5,8% ! Si un millier de communes ont une DGF stable, 10 800 auront une dotation augmentée en moyenne de 1,9%. On est très loin des propos du président de la République. D’autant plus qu’il omet de parler des 300 millions d’euros de crédits destinés aux collectivités qui ont été annulés par simple décret (n° 2017-1182). Contrairement à ce qu’annonçait à l’époque Édouard Philippe, ces crédits ont effectivement manqué à des projets, notamment dans les communes en difficulté. Comme il n’est pas de meilleures louanges que celles que l’on s’adresse à soi-même, Macron cite l’exemple de ce maire qui l’a remercié lors de son passage dans Berd’huis parce qu’il n’avait pas baissé cette DGF : ce maire, c’est Thomas Blonsky, adhérent de… La République En Marche. Quelle surprise ! Non, pas tout à fait. Les quelques acclamateurs du président que les caméras de TF1 et LCI ont filmé étaient tous militants de LREM. Les manifestants, que les caméras n’ont pas vu, étaient maintenus à distance par une armada de CRS, comme lors de sa venue à Tours.
Le cinquième mensonge concerne la privatisation de la SNCF. Bien qu’il s’en défende, c’est bien vers une privatisation que l’on va. Car si la SNCF est transformée en société anonyme à capitaux publics, c’est l’ouverture du rail passager au privé dont il s’agit, comme ce fut le cas pour le fret. Pour faire passer la pilule, il invoque l’exemple allemand où le service serait meilleur et où il y aurait plus de petites lignes. C’est dire n’importe quoi : les opérateurs privés occupent seulement 25% des trains en circulation et la DB[4] continue de faire circuler les siens sur 99% sur les grandes lignes. De fait, la privatisation s’est faite notamment par la reprise de la dette de la DB (35 milliards d’euros) par l’État allemand, ce qui a permis la modernisation par l’investissement. Mais malgré la suppression de 100 000 cheminots, la DB a continué à s’endetter pour un montant actuel de 20 milliards d’euros. Sans la reprise par l’État allemand de la dette, elle serait actuellement de… 55 milliards d’euros. Ce n’est donc pas le statut des cheminots qui est responsable de la dette. De plus, il n’y a pas eu de baisse des tarifs. Quant aux autres exemples, ils ne sont pas des meilleurs. L’Italie a certes vu une baisse des tarifs sur les grandes lignes, mais la qualité et la sécurité se sont considérablement dégradées sur les lignes régionales. En Angleterre, les tarifs ont largement augmenté (300€ par mois pour un pass sur l’agglomération londonienne contre 75€ pour un pass Navigo en région parisienne) et la qualité s’est tellement dégradée que le réseau a été repris en charge par l’État anglais…[5] Ce mensonge est complété par l’exemple de la téléphonie en France où l’arrivée d’un nouvel opérateur privé a fait baisser les prix. Mais il faut d’abord rappeler que les trois principaux opérateurs ont été condamnés en 2012 pour entente illégale afin de maintenir les prix et que l’arrivée de Free s’est traduite par une considérable casse sociale, notamment à Orange. Ce secteur souffre maintenant d’un considérable sous-investissement.
Enfin, dernier mensonge et pas des moindres sur les conséquences qu’il peut impliquer, Macron affirme avoir les preuves de l’utilisation d’armes chimiques par le régime Syrien. Étonnamment, aucun autre pays ne s’est engagé sur cette affirmation qui rappelle les armes de destructions massives de Saddam Hussein… Même Theresa May reste prudente sur la question. Macron, qui n’hésite pas à utiliser la force en France contre les étudiants et les zadistes, se voit-il grand chef de guerre ? Pourtant, sa politique est calée sur la politique des USA et de l’Otan. Avec Trump, ce qui est une référence, prendra-t-il l’initiative d’une riposte hors mandat de l’ONU, donc une riposte illégale du point de vue du droit international ? Il est à souhaiter que non car la réaction des Russes pourrait être le début d’une grave crise internationale qui pourrait entraîner notre pays dans des affrontements où le monde entier perdrait…
Nous verrons dimanche soir si l’exercice sera aussi facile de malhonnêteté devant des journalistes qu’on espère moins complaisants que le présentateur de TF1.
En attendant, comme vous dites dans votre langue du vieux monde, Macron, cessez-donc de raconter des « carabistouilles » aux français, ils pourraient s’en souvenir rapidement !
[1] Impôt sur la fortune immobilière
[2] Privilégié pour 1 200 € de revenus mensuels pour 1 personne seule et 1 844 € pour un couple…
[3] Au fait, n’a-t-il pas été secrétaire général adjoint de l’Élysée sous Hollande puis ministre de l’Économie ?
[4] Deutsch Bahn, équivalent allemand de la SNCF
[5] L’association britannique We Own It, qui se bat pour la rationalisation du rail en Angleterre, a adressé un message aux français les incitant à ne pas commettre la même erreur qu’au Royaume Uni et à se battre pour le maintien d’un service public, voir la vidéo ci-dessous.
Nous vous recommandons la lecture du blog de Samuel Gontier, Ma vie au poste : excellentes analyses sur la façon dont la télé manipule...
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