LIBERTÉ, ÉGALITÉ, DROITS NOUVEAUX
- administrateur
- 6 mars 2018
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Ce livret a été rédigé par un groupe de travail coordonné par Jean-Charles Lallemand, attaché d’administration, et Camille Barré, bibliothécaire.
Notre constat : la réaction en embuscade
En cette fin de quinquennat PS, les questions concernant les droits des personnes marquent le pas dans un climat de frilosité de Hollande et de renouveau réactionnaire…
Par exemple, si les droits des lesbiennes et des gays ont connu une progression réelle avec la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe, l’égalité entière des droits reste à conquérir. Les personnes transgenres et intersexuées continuent de subir des discriminations violentes. Tou·te·s les LGBTI ont eu à subir le déchaînement de violences, verbales et parfois physiques. Ce sont elles et eux, leurs familles, leurs enfants – et non les homophobes de la « Manif pour tous », comme le prétend Emmanuel Macron – qui ont été humilié·e·s par les injures.
Comment en sommes-nous arrivé·e·s là ? Hollande et son gouvernement ont tenté d’instrumentaliser le débat sur le mariage pour tou·te·s, en le mettant en avant pour faire oublier leurs renoncements sur les questions sociales et économiques. Le débat sur le mariage a traîné au début du mandat, tandis que le PS faisait voter des lois contraires aux promesses de 2012, comme le traité budgétaire européen ou le pacte de compétitivité… Il a ainsi ouvert la porte à un renouveau du courant conservateur et réactionnaire dans le pays, avec les grandes manifestations contre l’égalité appuyées par les religieux les plus rétrogrades et, depuis 2013-2014, une explosion des actes homophobes ou transphobes. Qu’a fait François Hollande ? Il a reçu les homophobes à l’Élysée, puis a invoqué une prétendue « clause de conscience » pour les maires qui refuseraient d’appliquer la loi républicaine sur le mariage. Cette même proposition choquante de « clause de conscience » est revenue, fin 2016, lorsque des maires ont censuré des campagnes de prévention du VIH présentant explicitement des couples homosexuels. Depuis cinq ans, l’action du gouvernement n’a été que reculades et promesses non tenues, sur le terrain des droits des personnes comme sur celui des droits sociaux. En témoignent :
· Le recul sur les « ABCD de l’égalité » d’apprentissage à l’école d’une éducation non sexiste, que Benoît Hamon a enterrés (seule mesure de son bref passage comme ministre de l’Éducation nationale)
· La loi sur le mariage de 2013 qui a évacué la PMA (Procréation médicalement assistée) pour toutes les femmes, pourtant promise. On l’attend depuis 2013 comme l’Arlésienne, elle revient comme promesse du PS en 2017. Comment les croire ?
· La loi Leonetti sur la fin de vie de 2016, qui tourne autour du sujet sans oser instaurer un droit de mourir dans la dignité, fondé sur le libre choix réitéré des personnes
· La loi Justice du XXIe siècle de 2016 qui réussit le tour de force de déjudiciariser le divorce et le changement de prénom à l’état civil, sans déjudiciariser la détermination du genre par les personnes : bref, les transgenres ont elles et eux aussi été floué·e·s, leurs droits attendront.
Dans ce contexte déjà lourd de déceptions et d’hypocrisie de la part du PS, on a vu aussi des manifestations particulières d’homophobie dans le sport impunies, ou des émissions comme « Touche Pas à Mon Poste » passer la ligne rouge sans réac-tion du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Le sentiment d’inachevé, voire de jamais commencé, du quinquennat Hollande ouvre les portes aux pires reculs. De François Fillon à Marine Le Pen en passant par Emmanuel Macron, nombreux sont les appels du pied vers ceux qui avaient participé à la Manif pour tous et les complaisances avec les milieux réactionnaires, religieux et intégristes, qui n’ont jamais renoncé à s’attaquer aux conquêtes émancipatrices acquises : qu’il s’agisse des familles homoparentales, de la filiation, de l’égalité femmes-hommes, et même du droit à l’interruption volontaire de grossesse.

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