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La République des copains et des coquins

Les membres du gouvernement et les affaires


Drapé dans l’étoffe de la probité, Macron s’élevait contre le vieux monde fait de copineries et de tricheries. Pendant sa campagne, parce qu’après… Mais les promesses électorales de droite (et parfois de ‘gauche’, hélas !) ne valent que pour ceux qui y croient, pas par ceux qui les font.

Ainsi, il n’était pas question de s’entourer de gens qui avaient affaire à la justice où dont la position leur aurait fait profiter d’avantages divers. François Bayrou et Marielle de Sarnez en ont fait les frais, contraints de démissionner de leur poste de ministre à peine nommés. Mais les deux personnages n’étaient pas du cercle proche de Macron.


Il en va différemment d’autres ministres ou proches collaborateurs du président des riches.

Ainsi, dans un ordre indifférent, Agnès Buzin dont le mari Yves Lévy est directeur de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm) et qui doit remettre en jeu son mandat le 12 juin. Déjà, on voit le conflit d’intérêt entre la ministre de la santé et le plus important institut de recherche médical de France. D’autant plus que le mari de la ministre a largement favorisé, dans son poste, une équipe sur la recherche vaccinale qui lui est proche. Etonnement, on voit Buzin se battre et gagner sur la question des 11 vaccins maintenant obligatoires (sans préjuger de la pertinence de ces vaccins, nous n’avons pas l’expertise nécessaire pour trancher sur les polémiques nées à l’occasion de la mise en place de cette obligation). Le bon sens voudrait que Yves Lévy ne se représente pas à ce poste. Il est par ailleurs professeur de médecine, nous n’avons donc pas à nous inquiéter pour son avenir. Or le Canard Enchaîné du mai dernier, citant un proche de l’Elysée, laisse clairement entendre que la ministre ferait le forcing pour que son mari soit nommé à nouveau à la tête de l’Inserm. Cela s’appelle du favoritisme et c’est puni par l’Article 432-14 du Code Pénal : « Est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende le fait par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public ou investie d'un mandat électif public ou exerçant les fonctions de représentant, administrateur ou agent de l'Etat, des collectivités territoriales, des établissements publics, des sociétés d'économie mixte d'intérêt national chargées d'une mission de service public et des sociétés d'économie mixte locales ou par toute personne agissant pour le compte de l'une de celles susmentionnées de procurer ou de tenter de procurer à autrui un avantage injustifié par un acte contraire aux dispositions législatives ou réglementaires ayant pour objet de garantir la liberté d'accès et l'égalité des candidats dans les marchés publics et les délégations de service public. "


Muriel Pénicaud a été placée sous le statut de témoin assisté à la suite de l’affaire Business France. Pour rappel, cet organisme public de promotion de l’économie française à l’étranger avait organisé le voyage très médiatisé de Macron à Las Vegas en 2016 au Consumer Electronics Show, grand raout de l’innovation technologique. Il est reproché à Pénicaud, directrice[i] de cet organisme public à cette époque, d’avoir confié l’organisation de cet événement à l’agence Havas sans appel d’offre public prévue par le code des marchés publics puisque le coût était de 300 000 euros (en fait 390 000 euros mais après la pub faite autour de cette affaire, Havas a réduit le montant de la facture) et dépassait largement le plafond fixé par ce code (25 000 euros) quand il n’y a pas recours à la mise en concurrence et l’obligation de faire appel au mieux-disant. Ce choix d’Havas n’est sans doute pas un hasard : cette agence est dirigée par un fils Bolloré et est l’agence privilégié du groupe Danone… dont Muriel Pénicaud fut la DRH[ii]. Si le parquet cherche à savoir si Havas n’a pas bénéficié de conditions favorisées sur cette prestation, on peut se poser une autre question : Macron n’a-t-il pas utilisé de l’argent public pour promouvoir sa personne dans l’optique de sa candidature à l’Elysée ? La réponse est claire puisque lors de cet événement en janvier 2016, Macron ne cachait plus ses ambitions présidentielles.


Richard Ferrand a été impliqué dans une affaire mettant en cause son ex-épouse et les Mutuelles de Bretagne. Il aura pris la décision de démissionner de son poste de ministre pour devenir Président du groupe LRM au Parlement et y faire régner une discipline militaire, menaçant d’exclusion tout député qui ne voterai pas les textes proposés sous la direction du gouvernement. Dans cette affaire où il était directeur général des Mutuelles de Bretagne de 1998 à 2012 (et élu local PS !), il y a un soupçon de favoritisme envers son ex-compagne, Sandrine Doucen, sur la question de la location de locaux à cette Mutuelle. En effet, la SCI créée à cette occasion par Sandrine Doucen a ainsi pu bénéficier d’un prêt bancaire sur la promesse de location signée par les Mutuelles sur la totalité de l’achat. Les locaux étant en mauvais état, les Mutuelles y ont été d 184 000 euros de frais de rénovation. Ce qui est un beau cadeau à la SCI de Doucen dont la valeur des parts a été multipliée par 3 000 en six ans ! Le parquet avait classé l’affaire sans suite en octobre 2017 sous prétexte de prescription… Ce qui n’innocentait pas Ferrand qui pourtant s’est répandu à l’époque sur son honnêteté dans cette affaire. En d’autres termes, le parquet estimait qu’ « il y avait peut-être une infraction mais c’est prescrit ». Qu’en est-il des administrateurs dans cette affaire ? Déjà, trois d’entre les neuf ignoraient les liens entre Ferrand et Doucen, et notamment le Président du Conseil d’Administration. On peut se poser des questions sur les six autres… Cependant, l’affaire n’en reste pas là puisque l’association Anticor[iii] a décidé de mener une action contre l’ancien ministre pour prise illégale d’intérêts. Le parquet national Financier a donc ouvert une information judiciaire le 12 janvier 2018. Nous attendons la suite, sans grand espoir de voir la justice contredire la décision du tribunal de Brest sur la prescription.



Les copains et les coquins...


Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée et conseiller de l’ombre de Macron, est impliqué dans une affaire de conflit d’intérêt pour avoir caché ses liens avec l’armateur italo-suisse MSC. En effet, des liens familiaux unissent Kohler et la cofondatrice de la compagnie, Rafaela Aponte. Or Kohler a géré le dossier du constructeur naval STX à partir du début des années 2000 puis en devenant en 2010représentant de l’Etat à STX France à une époque où le chantier STX ne vivait que par les commandes de MSC. Or l’Etat versaient des aides publics au chantier naval de St Nazaire, ce qui revenait à financer en partie la construction des bateaux exploités par MSC. En 2012, alors que Kohler est directeur adjoint du cabinet de Moscovici, il retrouve le dossier STX et le problème du financement des bateaux de croisière construits par MSC. Quand Moscovici quitte Bercy en 2014, Kohler tente de rejoindre MSC mais la commission de déontologie de la fonction publique donne un avis défavorable considérant qu’il y a quand même un problème de conflit d’intérêts. Pourtant, cette commission ignorait les liens familiaux de Kohler avec MSC. Macron fera revenir Kohler au ministère de l’économie. Il sera alors en charge du dossier STX pendant deux ans. En 2016, il finira par devenir directeur financier de MSC, la commission donnant alors un avis favorable sur la caution de Macron qui s’était porté garant que Kohler n’avait jamais traité du dossier STX pendant ses deux années à Bercy, et même avant, sous Moscovici, contre la réalité des fonctions de Kohler ! Médiapart, qui a travaillé sur ce dossier, estime sur l’avis de nombreux observateurs que c’était plutôt un emploi fictif, Kohler devenant le N°2 de la campagne de Macron. En mai 2017, Kohler devient secrétaire général de l’Elysée. Si le dossier STX n’a plus être suivi par Kohler depuis son arrivée à l’Elysée, il n’en demeure pas moins qu’Anticor a décidé de déposer plainte pour « prise illégale d’intérêts, trafic d’influences et corruption passive » pour la période où Kohler était en charge du dossier STX, de 2010 à 2016. Logiquement, l’Elysée crie au complot et jure ses grands dieux que jamais Kohler n’a confondu les intérêts de l’Etat et les siens. Et Castaner de faire le tour des plateaux télés pour expliquer combien Kohler est blanc et combien Anticor est une association spécialisée dans la calomnie[iv]. Bien que Castaner[v] ressemble de plus en plus à un clown tant il est grotesque, prière de ne pas rire !


Nous finirons par Eric Woerth qui, bien que n’étant pas membre de LRM mais président de la Commission des Finances de L’assemblée Nationale, a té mis en examen dans l’affaire du financement par la Lybie de la campagne présidentielle de Sarkozy en 2007. Ce n’est pas la première fois que Woerth est mis en examen (affaire ADO – Association Départementale de l’Oise-, affaire de l’hippodrome de Compiègne, affaire Bettencourt). Il aura toujours échappé à une condamnation, ce qui ne pourrait pas être le cas sur cette dernière affaire à la vue des charges et des témoignages retenus. Malgré cette mise en examen, avec le soutien des députés LRM (le M signifiant mansuétude avec les députés LR qui partagent la même politique), il reste président de la commission des finances. Il est vrai qu’il a une certaine expertise en matière financière, notamment en magouilles… Et puis c’est presque un membre de la famille LRM puisqu’il est aussi de droite.


Pour Macron, il vaut mieux dénoncer ceux « qui ne veulent rien foutre », « les gens de rien » que ses amis empêtrés dans des affaires troubles. Mais les uns sont pauvres, les autres sont riches ou les servent.

[i] L’une des premières mesures de Pénicaud à la tête de cet organisme public a été d’augmenter son salaire de 20% pour 225 000 euros par an…

[ii] A ce titre, elle mettra en place plusieurs plans sociaux et percevra 4,7 millions de rémunérations entre 2012 et 2014 ! Rappelons qu’elle a été comme conseillère à la formation dans le cabinet de Martine Aubry de 1991 à 1993.

[iii] Association française qui lutte contre la corruption. Son but est de mener des actions en vue de réhabiliter la démocratie représentative, de promouvoir l'éthique en politique, de lutter contre la corruption et la fraude fiscale. Son site : www.anticor.org

[iv] Ce qui doit faire plaisir au juge Eric Halphen, co-fondateur de cette association, soutien de Macron aux dernières présidentielles et lui-même candidat En Marche aux législatives qui ont suivi (où il est battu).

[v] Le même Castaner qui voulant faire preuve de grand savoir s'attaque au RSA affirmant qu'il a augmenté de 50% en dix ans ! Oui, c'est vrai, parce que le nombre de chômeur en bénéficiant a lui aussi augmenté de 50%, passant de 1,1 million à 1,66 million, conséquence de la crise de 2008. Mais il préfère préparer le terrain pour la suppression possible de cette aide en prétendant qu'il vaut mieux investir et accompagner vers le travail qu'aider. Quel travail quand qu'il y a plus de 5 millions de demandeurs d'emploi et à peine 250 000 offres non couvertes ?

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