L’ESPACE, NOTRE HORIZON COMMUN
- administrateur
- 2 mars 2018
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Dernière mise à jour : 29 mars 2018
Ce livret a été rédigé par un groupe de travail coordonné par Bastien Lachaud, professeur d’histoire-géographie, et Élisa Vernier, physicienne.
Notre constat : l’espace, un bien commun en danger
La France est une grande nation spatiale. Elle occupe une place d’excellence dans l’aventure spatiale car c'est le seul pays européen ayant la maîtrise de l’ensemble des technologies spatiales, couvrant les domaines des lanceurs à toutes les gammes de satellites.
Notre pays dispose du deuxième budget par habitant au monde pour l’espace (35 € par habitant et par an). Une partie de cet argent finance 22 % du budget de l’Agence spatiale européenne (ESA).
La fusée Ariane est le lanceur de satellites le plus fiable au monde et elle doit l’essentiel de son développement aux scientifiques, ingénieur·e·s, technicien·ne·s et ouvrier·e·s français. La base de lancement de Kourou, en Guyane, offre à notre pays un atout extraordinaire. La France a envoyé neuf hommes et une femme dans l’espace. Plusieurs instruments embarqués à bord de l’atterrisseur Philae, posé sur la comète Tchouri, ont été construits et pilotés depuis les locaux du Centre national d'études spatiales (CNES) à Toulouse. L’espace et la maîtrise de son accès constituent une des conditions essentielles de la souveraineté, de la sécurité et de la puissance de la France. Cette excellence, ainsi que les 14 000 emplois de la filière spatiale, doivent être défendus comme une priorité industrielle.
L’espace est une frontière qui fait rêver. Cette voûte céleste étoilée, vers laquelle l’humanité a toujours levé les yeux, continue de fasciner, comme le montre le succès populaire de la mission du spationaute Thomas Pesquet dans la Station spatiale internationale.
Les télescopes terrestres et spatiaux, les vols spatiaux ont révolutionné notre manière de regarder le ciel. Depuis les années 1970, de nombreuses sondes spatiales sillonnent l’espace, permettant d’observer les objets de notre système solaire de façon toujours plus précise. La France a pleinement pris sa part dans ces découvertes.
Les recherches liées à l’espace ont des retombées importantes dans notre vie quotidienne. Elles ont contribué à des avancées technologiques majeures dans le domaine des matériaux, dans l’imagerie médicale et ont également permis le développement des ordinateurs modernes, de nouveaux services tels que la téléphonie mobile, les prévisions météorologiques, le guidage par GPS, etc. L’étude de l’espace repousse les limites de nos connaissances et développe ainsi notre humanité.
L'espace, bien commun, fait l'objet de nombreuses convoitises. Alors que l’espace semblait à l’abri de l’appétit destructeur de l’oligarchie depuis le traité de l’espace de 1967 et l’accord sur la Lune de 1979 (personne ne peut s’en arroger la propriété), les États-Unis, en novembre 2015 rompent unilatéralement ces derniers en adoptant un SPACE Act qui autorise les entreprises américaines à explorer et exploiter les ressources spatiales. En France aussi, le gouvernement Valls a ouvert la brèche en finalisant la privatisation d’Arianespace, la société qui commercialise la fusée Ariane, en vendant la participation publique du CNES à Airbus Safran Launchers, une coentreprise de droit privé.
La pollution de l’espace menace son utilisation future. Aujourd’hui, plus de 29 000 objets dont la taille dépasse celle d’un ballon de foot encombrent l’orbite basse. Ce sont autant de facteurs potentiels de collisions catastrophiques. La privatisation de l’espace et son exploitation par des acteurs privés devraient amplifier cette pollution.
Notre projet : une politique spatiale au service de l’intérêt général
Notre projet vise à proposer une politique spatiale européenne et française recentrée sur les enjeux prioritaires suivants : exploration spatiale, environnement, recherche, souveraineté et coopération internationale. Il réaffirme et défend l’interdiction de toute propriété privée dans l’espace.
Les activités d’exploration spatiale doivent donner une suite à la mission Rosetta qui, avec Philae, a permis l’amélioration de nos connaissances sur l’origine du vivant. Les recherches menées par les différentes agences spatiales (ESA, CNES, etc.) avec l’objectif d’un voyage de longue durée dans l’espace, à destination de Mars ou d’une base lunaire, y contribuent. Afin de favoriser le partage scientifique, la France défendra le principe de l’open data pour l’ensemble des données récoltées lors des missions scientifiques. Afin de favoriser la recherche, nous lutterons contre la pollution lumineuse pour encourager le dynamisme des clubs d’astronomie. Les observations qu’ils organisent sont un vecteur important pour donner le goût des sciences aux plus jeunes. Au-delà de cet aspect grand public, la disparition progressive des "zones noires" (zone où le rapport entre brillance artificielle du ciel et sa brillance naturelle est inférieure à 1,1%) dans notre pays, et plus largement sur la planète, menace l’existence même des observatoires scientifiques. Notre capacité à explorer l’espace ne peut reposer exclusivement sur des télescopes spatiaux. Face au réchauffement climatique, l’ingénierie spatiale est mise à contribution pour comprendre les évolutions à l’œuvre et apporter des réponses à cette menace. Plus largement, les techniques spatiales sont un moyen essentiel de garantir à l’humanité l’accès aux besoins fondamentaux que sont la nourriture, l’eau ou l’air. Pour garantir l’intérêt général, notre politique spatiale doit être souveraine. La France doit se garantir un accès indépendant à l’espace. Ainsi, nous renationaliserons Arianespace. De même, le CNES sera mis à contribution pour favoriser le développement d’une filière publique de satellites. Pour préserver nos entreprises dites « stratégiques » de la prédation de leurs concurrents étrangers, des mesures seront prises pour empêcher toute prise de participations majoritaires de capitaux étrangers. L’espace est une composante importante de notre Défense nationale. Face notamment à la politique de militarisation de l’espace menée par les États-Unis d’Amérique, nous devons être lucides et développer les outils garantissant la souveraineté de la France face aux menaces venant de l’espace. Nous reviendrons sur les abandons de souveraineté technologique spatiale consentis dans la période précédente, notamment dans le domaine des radars spatiaux en faveur de l’Allemagne. Dans le même temps, notre pays agira pour développer la coopération internationale, indispensable pour réaliser des projets spatiaux d’ampleur. Nous œuvrerons à la mise en place d’un programme international de dépollution de l’orbite basse, à la poursuite de la présence permanente de l’être humain dans l'espace et stimulerons la coopération internationale pour un vol habité interplanétaire.

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