Joli mois de Mai
- administrateur
- 6 mai 2018
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C’est en mai 1789, le 5, que s’ouvrent les Etats Généraux à Versailles. C’est le début de la Révolution française. C’est le même jour de mai, en 1818 que naîtra Karl Marx. C’est le 22 mai 1848 que la Martinique connaîtra enfin, un mois après le vote à l’Assemblée Nationale et sous la pression de la rue, l’abolition de l’esclavage, et quelques jours plus tard, le 27 mai, en Guadeloupe. Savez-vous que ces deux dates sont fériées dans ces départements français ? C’est en mai aussi que la Commune de Paris sera l’espoir d’un peuple. Et qu’elle finira dans un bain de sang, les Versaillais massacrant les Communards ou les déportant en Nouvelle-Calédonie. Le 3 mai 1936, le Front Populaire gagne les élections législatives. Les mouvements qui en suivent voient la semaine de 40 heures et les Congés Payés, entre autres. C’est le 13 mai 1968 qu’un million de personnes défilent à Paris à l’appel des organisations de gauche (160 000 selon la Préfecture, déjà des difficultés pour elle de compter…). Et que le 27 mai de cette année 68 sont signés les accords de Grenelle, augmentant de 35% le SMIG (salaire minimum interprofessionnel Garanti qui sera aussi appliqué aux ouvriers agricoles) et accordant le droit syndical dans les entreprises. La Grande Peur du patronat à ce moment…
Et ce mois de Mai 2018 ? Il commence par les défilés du 1er Mai, dont on peut dire qu’ils n’ont pas été à la hauteur des espoirs que nous pouvions porter en termes de mobilisation. Peut-être le pont, mais plus surement la désunion syndicale et le manque de perspectives à la politique de Macron. Au demeurant, les organisations syndicales porteront une lourde responsabilité si le mouvement sombre. Il faudra alors en tirer les conséquences. Et puis les heurts à Paris que le gouvernement et le Président se sont empressés de manipuler pour accuser directement la France Insoumise d’en être sinon l’auteure, au moins l’incitatrice. C’est de bonne guerre, même si la ficelle est grosse qui visait à disqualifier d’avance la Fête à Macron. D’autre part, très curieusement, qu’en est-il des 283 interpellés suite à ces heurts ? Et bien 109 gardes à vue initiales, 47 déférés dont 14 se sont vus infligés un simple rappel à la Loi et 19 en comparution immédiate. Bilan : 1 condamnation à 1 000 euros d’amende et 3 personnes inculpées pour… refus de prélèvement ADN ! Et que dit le Préfet de police, Michel Delpuech : « La manifestation du 1er Mai a démontré la pertinence du dispositif de traitement judiciaire mis en place ». On peut dire que ce monsieur est un grand comique !
Ce mot d’ordre de la manifestation du 5 Mai, initié par un collectif regroupant des politiques, des syndicalistes et des anciens participants au mouvement Nuit Debout a été immédiatement fustigé par LREM (La République en Marche) qui a sorti la grosse artillerie pour prédire des violences inhérentes à ce mot d’ordre de Fête à Macron. Comme si c’était la volonté des organisateurs de créer le désordre : dans quel but, je vous prie ? Les zélateurs de Macron ont oublié de le dire…
Il n’empêche que cette manifestation festive a connu un réel succès, regroupant, selon les sources, entre 100 000 et 160 000 personnes. Je ne parlerai pas des chiffres de la Préfecture (40 000) ni de ceux de Convergence[i] (précisément 38 900 : curieux ce nombre très rond ; pourquoi pas 38 899 ou 39 001 ?). Plus important, elle a prouvé que lorsque le Peuple le décide, tout se passe dans l’ordre. Pas l’ordre de Macron. L’Ordre Républicain tel que conçu par les organisateurs : 8 interpellations dont 4 gardes à vue, un véhicule de Radio France malmené. Alors, où sont les débordements cataclysmiques annoncés par les macronistes ? Dans leurs cauchemars de trouillards face à la colère populaire. Peut-être ont-ils raison de cauchemarder… parce que la colère est réelle et d’ampleur.
Et après ce 5 mai ? Plusieurs organisations discutent actuellement d’une manifestation d’ampleur pour le 26 mai : CGT, SUD, Snes-FSU, Attac, Fondation Copernic, Femmes Egalités, France Insoumise, PCF, NPA, PCOF, PG, Réso, Convergence pour le service public… Car c’est là le problème : assurer l’unité des forces de Gauche pour proposer une alternative à la politique anti-sociale de Macron. Pour le moins, le faire reculer sur les mesures prises qui satisfont les plus riches au détriment de la grande majorité des Français. Il ne s’agit plus de manifester pour manifester, mais bien d’assurer à la fois la coordination des luttes et de construire, ensemble, des propositions alternatives à la politique ultra-libérale de ce gouvernement de droite. C’est en tout cas ce à quoi vont s’employer les militants de la France Insoumise dans les discussions à venir…
… Pour faire vraiment de ce mois un joli mois de Mai.
[i] Voir post « 22 mars 2018 : la presse va compter les manifestants… un gag ! »
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