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Gilets Jaunes : la violence d’État !

Les événements de samedi nous interpellent sur plusieurs points :

- la difficulté du mouvement des Gilets Jaunes à trouver une expression politique à leurs revendications

- la difficulté à trouver des formes d'actions efficaces et structurées

- la difficulté à faire face à la violence d’État

En ce qui concerne les revendications, elles se sont indiscutablement radicalisées et vont largement au-delà de la simple suppression de la taxe sur les carburants. Elles sont maintenant l'expression d'un peuple qui ne supporte plus le poids de l'exploitation, qui ne supporte plus l'inégalité fiscale, qui ne supporte plus l'indifférence sociale des gouvernants. Ces revendications, qui vont jusqu'à la démission de Macron ou à la dissolution de l'Assemblée Nationale, sont très majoritairement partagées par la population qui n'en peut plus du mépris de Macron et de ses acolytes. Le gouvernement et la grande majorité de la classe politique se trouvent démunis devant un mouvement qui rejette massivement les organisations, quelles soient politiques ou syndicales. Le ''tous pourris'' justifie cette défiance, conséquence des multiples trahisons de ceux qui ont tant promis et si peu fait, pour ne pas dire rien. En 2012, lorsque Hollande est élu, les gens s'attendaient, comme il en était fait promesse pendant la campagne, qu'il s'attaquerait à ce qu'il appelait alors son ennemi, la finance. Élu, il va au contraire faire peser davantage le poids de la crise sur les couches populaires et médianes sans toucher aux plus riches qui sont pourtant à l'origine de la situation de pauvreté de plus en plus large de la population. Macron, qui se présentait comme un homme du nouveau monde contre un supposé ancien, se presse de reproduire une fois élu les réflexes de cet ancien monde, devenant le Président des riches et restant sourd à la colère qui rapidement montera. Avec un tel mépris qu'il devient le Président le plus haï, y compris par ceux qui l'avait si peu élu dix-huit mois auparavant. La conséquence est une grande dispersion des revendications qui peuvent conjuguer à la fois une baisse de la fiscalité avec une hausse des services publics, une augmentation des salaires avec la baisse des charges sociales, le maintien d'une retraite par répartition avec la suppression des charges sociales... De plus, quelques figures tentent de récupérer le mouvement en s'autoproclamant porte-paroles (ou en l'étant par le JDD, groupe Lagardère, soutien actif de Macron !), sans que jamais une consultation ait eu lieu pour leur accorder d'être les porteurs de cahiers de doléances qui n'existent pas auprès du pouvoir. Pouvoir qui ne comprenant pas la révolte populaire cherche des interlocuteurs pour faire comme d'habitude, blablater jusqu'à l'épuisement du mouvement avec deux/trois mesurettes. - D'ailleurs, Bruno Lemaire parle déjà de continuer à réduire les services publics pour réduire les impôts, c'est dire s'il a bien compris les revendications des Gilets Jaunes qui demandent, notamment, plus de services publics dans les zones aujourd'hui abandonnées par le pouvoir central. Ce même Lemaire, ratatiné lors de la primaire à droite et qui se retrouve Ministre de l'Economie de Macron. Ce Lemaire qui prétendait que son seul handicap était son intelligence, l'abruti ! - Et un statut accordé aux soi-disant porte-paroles qui fera qu'ils deviendront vite beaucoup plus conciliants. De plus, ces porte-paroles sentent parfois le souffre, entre une conspirationniste illuminée et un ancien candidat FN aux élections, entre un ancien militaire et un courtier en immobilier. Entre hommes au demeurant puisque seulement deux femmes sur les huit que Philippe souhaite recevoir. On le voit, très hétéroclite et pas forcément d'accord entre eux sauf pour tendre la main au gouvernement, jugeant que c'est allé trop loin. Trop loin pourquoi, pour qui ? Pour une bande de gens qui sont plus préoccupés par leur image sur les réseaux sociaux que par la misère, conséquence de la politique du Président des riches ? D'autres Gilets Jaunes demandent la transformation du mouvement en parti politique pour présenter des candidats aux européennes et après. Le danger, ici, est de voir surgir un mouvement type Cinq Étoiles qui finira par être phagocyté par l'extrême-droite comme cela est entrain de se passer en Italie. Et de se méfier des Le Pen, Wauquiez et autres toujours à l'affût d'une récupération qui se fera toujours au détriment du peuple : ceux-là, se répandant dans les médias, refusent toute augmentation du SMIC et refusent aussi le rétablissement de l'ISF, c'est un signe... Signalons ici l'UDI d'Indre-et-Loire, si proche de LREM, qui publie un communiqué... pour soutenir le courage des forces de l'ordre ! Le courage de frapper dur des familles et des gosses !


1er décembre à Tours, photos de Pascal Vall En ce qui concerne la difficulté à trouver des actions efficaces et durables tient là aussi au manque d'organisation. On l'a vu ce dernier samedi où les mots d'ordres confus ont semé le trouble, particulièrement à Paris. Beaucoup de manifestants ont erré toute la journée ne sachant pas trop où devait se tenir la manifestation, permettant alors à quelques individus douteux de lancer très tôt les hostilités contre les forces de l'ordre (?), prétexte aussitôt trouvé pour que Castaner lâche ses chiens de garde avec une violence qui monte en puissance à chaque manifestation. Ici, le refus d'une partie des Gilets Jaunes et des syndicats à faire converger les manifestations crée les conditions de l'incapacité à s'organiser, notamment en profitant de l'expérience des organisations syndicales en matière de service d'ordre. C'était donner du grain à moudre aux responsables politiques pour engager la répression et les conséquences inévitables que cela a engendré : la casse. Il est vrai que lorsqu'on a été tabassé par les flics alors qu'on venait manifester pacifiquement relativise très vite son pacifisme. Les exactions de la part des forces de l'ordre ou de groupuscules néo-fascistes qui ont justifiées les premières, ont permis des images de chaos largement diffusées par les médias. Depuis samedi, 95% des temps d'antenne concernant les Gilets Jaunes sont consacrés aux violences et aux résultats de celles-ci sur le thème larmoyant de l'image de marque de la France ou des pertes pour les commerçants sur les avenues de luxe. Le reste, de temps en temps parce qu'il faut placer les publicités, parle un peu des revendications des Gilets Jaunes en privilégiant la baisse des taxes et impôts qui semblent préoccuper en premier les journalistes. Peut-être y voient-ils le moyen de suivre l'exemple de leurs maîtres, échapper à l'impôt puisque qu'il restera toujours assez de monde pour le payer.

Sur la vidéo ci-contre, le sang-froid de la police selon Castaner . Le jeune homme, retrouvé par Le Monde, donne sa version.



Maintenant, la violence comme réponse politique... A ce jour, c'est la seule réponse du pouvoir. Allant jusqu'à parler d'instaurer l'état d'urgence, revenant rapidement là-dessus, quelques conseillers avisés leur ayant sans doute signalé le risque d'une telle mesure : augmenter la colère, développer les mouvements de révolte et que cela conduise à l'insurrection ! Cependant, les moyens mis en œuvre ce week-end, et y compris dans des villes qui n'avaient jamais vu ça, pose la question de ce que veut le pouvoir et jusqu'où il est prêt à aller... Ce que veut le pouvoir, c'est incontestablement créer un climat de peur pour disqualifier le mouvement, de faire en sorte que les gens hésitent à aller manifester au risque de prendre des coups qui pourraient devenir de plus en plus graves à force d'user les forces de l'ordre. Mais, et c'est une question qu'il faut se poser, est de savoir jusqu'où est prêt à aller ce pouvoir dans la répression. La visite éclair de Macron, le dimanche matin, aux forces de l'ordre (sous les huées des passants que les médias ont toute la journée essayé de minimiser) et son recueillement sur la tombe du soldat inconnu est un signe donné : c'est à ceux qui ont réprimé que va sa compassion, en aucun cas aux manifestants qui, comme à Tours, n'étaient souvent que de simples familles qui n'en peuvent plus de sa politique. Samedi 8 décembre, il semble qu'une nouvelle manifestation soit à l'ordre du jour. Il faudra s'attendre, de nouveau, à un déferlement de violence contre les Gilets Jaunes au prétexte des casseurs. Il faudra alors se poser la question de savoir quoi faire... En d'autres termes, sans jamais prôner la violence, s'organiser pour des services d'ordre efficaces, pour isoler les casseurs (s'il y en a, ce ne semblait pas être le cas à Tours samedi, comme d'ailleurs vendredi lorsque les 'force de l'ordre' ont chargé les lycéens...) et pour répondre à la violence inadmissible du pouvoir contre le droit de manifester.


En aucun cas, cette violence de l'Etat ne doit nous faire céder devant un Macron de plus en plus isolé.


Voir les articles sur La Rotative :

https://larotative.info/rien-ne-justifiait-cette-explosion-3048.html

https://larotative.info/manifestation-des-gilets-jaunes-3046.html

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