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Gilets Jaunes : et maintenant ?

Dernière mise à jour : 17 déc. 2018


Les manifestations de ce dernier samedi ont été incontestablement moins importantes que celles des précédents samedis. Sans se soucier des chiffres donnés par le ministère de l'intérieur et le clown qui fait office de ministre, l'ex-voyou Castagnettes, il faut le reconnaître.


Plusieurs causes expliquent cette baisse de mobilisation.


La première est l'annonce des fausses mesures de Macron et la division jetée sur le mouvement des Gilets jaunes (GJ). En effet, celui-ci est particulièrement hétéroclite, réunissant sur un minimum revendicatif (la fiscalité) des travailleurs pauvres, des chômeurs, des commerçants, des professions libérales, des artisans, des petits patrons, des salariés du public et du privé... Les annonces ont désamorcé la grogne d'une partie des GJ, notamment celle qui était impactée dans son activité par la hausse des taxes sur les carburants (petits patrons, transporteurs routiers, commerçants, professions libérales...). D'autre part, certain(e)s initiateur(e)s du mouvement, que les médias ont aussitôt promus au rôle de porte-parole, ont eu des positions soit très à droite, soit complotiste, ou encore ont réussi leur essai de popularité. Ainsi, Jacline Mouraud et consorts se sont empressés d'appeler à la suspension du mouvement dès les (fausses) annonces de Macron. Il est vrai que ceux-là sont plus ultra-libéraux que réellement préoccupés par les problèmes d'une population de plus en plus proche des seuils de pauvreté. D'autres, connus pour leur proximité avec l'extrême-droite, se voient contraints ; vu les positions du FN qui auraient aimé voir les GJ reprendre le thème de l'immigration (que l'abruti de Nicolas Bay essaie vainement de développer sur les plateaux télés et qui n'a jamais été abordé par les GJ), de prendre de la distance avec eux. Enfin, les derniers, complotistes qui se répandent en vidéos insensées, notamment sur l'attentat de Strasbourg, sont disqualifiés par leur ridicule. Alors, le gouvernement comme les médias sont à la recherche d'interlocuteurs et, au hasard, nomment comme tels ceux qui passent par là. On voit alors un fonctionnaire non affecté (donc payé un salaire assez confortable à rester chez lui), parce qu'il a un langage structuré, devenir un porte-parole alors que même dans son département (l'Indre), il est malvenu sur les points de fixation des GJ.


La deuxième est la guerre déclarée par les médias aux GJ qui en font maintenant des abrutis incapables de comprendre la géniale parole de leur président. Toute la presse, nous disons bien toute la presse, audio, télé, papier, est liguée contre ce mouvement. Dans un premier temps en essayant de faire croire que c'était les déclassés de la modernité qui contestaient un système, pourtant devenu inique, auquel ils ne comprennent rien et qui ne veulent pas s'y intégrer (ceux qui sont des gens de rien qui ne veulent pas traverser la rue...). Puis des violents qui compromettent le PIB en empêchant les commerces de fonctionner normalement, voire mettent en péril le fameux 3% de déficit autorisé (sous certaines conditions, on verra ça un autre jour) par la Commission Européenne. Maintenant, les GJ ne devraient pas continuer le mouvement parce que (au choix) :

- à Strasbourg, les forces de l'ordre, occupées à contenir les violences des GJ, n'ont pas pu prévenir et empêcher l'attentat meurtrier (sous-entendu, les GJ sont responsables)

- cela compromet l'image de la France à l'étranger et impacte le tourisme

- il mettent pratiquement en deuil les fêtes de fin d'année et le commerce

- les annonces de Macron ont "satisfait" leurs revendications (?)

- et, pourquoi pas, le chat de la grand-mère qu'il faut faire descendre de l'arbre...


Les médias (1) qui ne se cachent plus de mépris en venant à insulter les GJ sur les plateaux télés, à se moquer d'eux dans les émissions radios, à mentir sur le nombres de manifestants. Ainsi, partout, ils ne citent plus que les chiffres du ministère de l'intérieur, soit 66 000 le 15/12 alors que 89 000 policiers étaient mobilisés... là, on peut parler de gâchis. Si on fait le calcul, comme la dernière fois, de ce que cela représente, c'est à peine 700 manifestants par département, 543 si on enlève les 19 700 manifestants sur les 7 plus grosses manifestations... À Paris, 4 500 manifestants pour... 8 000 policiers ! À Tours, la NR reprend les chiffres de la préfecture, soit 800 manifestants. Non, faux ! Près de 2 000 en une foule très compacte compte-tenu de la pluie glaciale. Il fallait attendre que l'on passe sous la passerelle de la fac des tanneurs pour pouvoir donner un chiffre raisonnable, la manifestation ayant grossi tout le long du parcours. On a même vu une pancarte "Macron dégage !" censurée dans le journal de FR3, c'est dire (2). D'autre part, les médias se sont maintenant focalisés sur d'autres priorités : l'attentat de Strasbourg, Macron s'y rendant pour rendre hommage essentiellement aux forces de l'ordre, la réouverture du marché. Quand Mélenchon demande une minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage aux victimes tombées lors des manifestations, dont une dame âgée tuée par un tir de policier, le gouvernement reste assis sur les bancs de cette assemblée, comme une provocation. Par ailleurs, ce même gouvernement use et abuse des victimes de l'attentat à Strasbourg contre les GJ avec abjection. Ces victimes là seraient-elles donc au-dessus de celles des GJ ? Ces événements dramatiques ne pouvaient pas tomber mieux pour Macron et LREM. Il est urgent maintenant de faire oublier cet épisode malheureux des GJ. Sans comprendre que la colère dont il est l'expression n'est pas retombée.


Quelques centaines place de l'Opéra à Paris selon un journaliste de l'Obs !

Enfin, le mouvement s'épuise puisqu'il dure depuis un mois et qu'à la fois le froid et les fêtes de fin d'année approchent. Il y aura donc, sans surprise, une pause. Mais la cause principale de cet épuisement est bien le manque de perspective politique. Car, au-delà des manifestations, des blocages et des autres actions, demain que faire ? Une partie non négligeable des GJ souhaite se constituer en association (qui sera, que les GJ le veuillent ou pas, politique). Le risque ici est de voir surgir en France un Mouvement 5 Étoiles (M5S), comme en Italie, qui sera tellement disparate qu'il en sera vite conduit à ses limites (souvenons-nous du succès du M5S aux élections municipales, notamment à Rome en 2016 et tous les problèmes qui en ont suivis, de la corruption aux promesses non tenues). Limites qui sont apparues aux dernières législatives, servant de marchepied à la Ligue du Nord de Salvani. De fait, c'est maintenant l'extrême-droite qui dirige l'Italie. Nous ne voulons pas d'un tel exemple en France. Même si, aujourd'hui, il apparaît qu'électoralement c'est bien le FN qui profitera de cet épisode lors des européennes.


Il faudra donc, si nous voulons voir ce mouvement déboucher sur la prise en compte de ses revendications, qu'il y ait convergence avec celles des salariés du public et du privé puisqu'elles sont largement communes. À ce propos, notons bien que les manifestations de vendredi et de samedi, l'une organisée par une intersyndicale, l'autre par les GJ, n'ont pas forcément rassemblé les mêmes populations. Il est temps qu'elles se rejoignent sur une plate-forme commune. C'est le seul moyen de faire plier Macron et sa clique d'arrivistes au service des plus riches. Il y va de la responsabilité à la fois des GJ, des organisations syndicales (où la base commence à largement contester les décisions de leur direction, y compris dans certaines fédérations de la CFDT contre Berger, leur secrétaire macroniste) et des organisations politiques se réclamant d'une gauche alternative à la politique des multinationales, de l'Europe et de ceux qui les servent. Il est urgent qu'il y ait aussi convergence avec les revendications pour une alternative écologique au réchauffement climatique. Parce que jamais ni les GJ ni les autres mouvements ne se sont inscrits contre les revendications des écologistes.


Il va y avoir encore quelques moments sporadiques avant la fin de l'année. Il y aura aussi les évacuations des points de blocage que tiennent encore les GJ, les accès aux super marchés, les rond-points, puisque c'est aujourd'hui l'appel de Castagnettes. Nous aurons donc encore des scènes de violence.


Mais l'objectif est maintenant de préparer la rentrée 2019 avec les GJ, les lycéens, les étudiants, les syndicats, les partis de gauche pour construire une riposte unie à la politique de Macron. En interpellant partout où nous le pouvons les responsables et les militants de ces mouvements et organisations pour construire un avenir en commun !

(1) Nous vous recommandons la lecture de ces articles parus sur Acrimed :

https://www.acrimed.org/Gilets-jaunes-les-editocrates-applaudissent

https://www.liberation.fr/checknews/2018/12/16/le-jt-de-france-3-a-t-il-censure-une-pancarte-anti-macron_1698174

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