Dividendes : les actionnaires se gavent, les salariés trinquent !
- administrateur
- 19 mai 2018
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L’ONG Oxfam a publié un rapport sur les profits des entreprises du CAC 40. Le CAC 40 est un indice boursier de Cotation Assistée en Continu à partir des actions de quarante des 100 entreprises dont les échanges sont le plus abondants. Oxfam, dans son rapport, insiste sur la difficulté à collecter les informations devant l’opacité des documents de ces entreprises. Bien entendu, aussitôt sorti, ce rapport est largement critiqué par le MEDEF via Gattaz, par les économistes qui défendent le système libéral et les journalistes aux ordres, petits soldats sans scrupules des milliardaires qui possèdent la presse.
Il ressort de ce rapport que ces entreprises françaises sont particulièrement généreuses avec leurs actionnaires au point qu’en proportion elles distribuent les plus larges dividendes dans le monde, soit 67,4% des bénéfices quand les USA sont à 48%, le Japon 57%, le Royaume-Uni à 60%. Cela au détriment des deux autres postes où sont affectés les bénéfices : l’investissement pour 27,3% et les primes aux salariés… pour 5,3%. Cette part reversée aux actionnaires étaient de 30% dans les années 2000.
Que signifie cette répartition ? D’abord, dans le système actuel, on ne peut pas reprocher aux actionnaires de faire rémunérer leur capital engagé dans la propriété de l’entreprise. Mais le niveau atteint pose deux problèmes. Le premier est incontestablement le choix de la finance au détriment de l’investissement puisqu’il y a fort à parier que les dividendes versés iront alimenter les produits financiers proposés sur le marché, plus rémunérateurs que l’actionnariat dans les entreprises. Or, sans un niveau élevé d’investissement, et bien plus que le fameux coût du travail, la compétitivité de l’entreprise est menacée. D’autant plus que la concurrence internationale tend toujours à produire au moindre coût pour prendre des parts de marché et contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit. Le moindre coût signifie aussi la modernisation de l’outil de production, ce qu’un investissement au minimum ne permet pas.
Ensuite, la répartition des fruits du travail est totalement déséquilibrée entre ceux qui créent la richesse (les salariés par la valeur ajoutée) et ceux qui détiennent la propriété des moyens de production. La rémunération du capital a donc progressé 4 fois plus vite que celle des salariés de 2009 à 2016. Ainsi, ces entreprises ont reversé 15 fois plus de bénéfices à leurs actionnaires qu’à leurs salariés sous forme d’intéressement et de participations. Si le choix de maintenir la répartition de 2009 avait été fait, chaque salarié des entreprises du CAC 40 auraient perçu 14 000 euros sur la période…
D’autre part, comme si cela ne suffisait pas, les dividendes et les salaires des PDG du CAC 40 ont augmenté respectivement trois fois et deux fois plus vite que la moyenne des salaires de leurs entreprises. Ils gagnent en moyenne 257 fois le SMIC et 119 fois la moyenne de leurs salariés. Qu’est-ce qui peut signifier que quelqu’un vaille 257 fois plus qu’un autre ? Rien, sinon la capacité des premiers à faire gagner encore plus aux actionnaires. Rappelons ici que contrairement au mythe du petit porteur, les dividendes sont versés aux 0,1% des plus riches dont le patrimoine est composé à 90% d’actifs financiers alors que ce taux n’est que de 32,6% sur l’ensemble de la population…
Les entreprises du CAC 40 n’hésitent pas non plus à utiliser les paradis fiscaux pour « optimiser » leur fiscalité, en fait pour échapper à l’impôt. Ainsi ; elles possèdent ensemble 1 454 filiales dans ces paradis en 2016, 20% en plus qu’en 2008. Quand on parle de vertu des entreprises dans la lutte contre ces paradis fiscaux, il s’agit d’une blague ! Parmi ces « optimiseurs », LVMH détient 28% de ces filiales dans les paradis fiscaux, soit 28% d’entre elles. BNP avec 172 filiales (28%) suit de près devant Société Générale (133 filiales), le Crédit Agricole (131 filiales) et Total (130 filiales). Notons que parmi ces paradis, figurent des pays européens : Luxembourg, Hollande, Ile de Jersey (GB), Guernesey (GB) ou les Bermudes (GB).
Pire encore : des dividendes sont versées alors que les entreprises n’ont fait aucun bénéfice, voire ont connu des pertes ! Ou encore qu’elle verse des dividendes supérieurs aux bénéfices. Il en va ainsi d’Arcelor Mittal qui verse entre 2009 et 2016 3,4 milliards d’euros de dividendes alors que les pertes cumulées sur cette période sont de 7,4 milliards d’euros. D’Engie qui verse sur la même période 27,6 milliards de dividendes alors que les bénéfices ne sont que de 8,4 milliards. De Véolia avec 3,6 milliards de dividendes contre 3,2 milliards de bénéfices…
Les grands sacrifiés sont les salariés qui pourtant créent la richesse. La priorité donnée aux dividendes a conduit certaines entreprises à évoquer des difficultés suite à la crise de 2008 pour réduire l’effectif afin de préserver leur situation économique. Les plans sociaux qui en ont résulté ont fait faire des économies dérisoires comme le montre le tableau ci-dessous !

Cependant, les PDG des entreprises du CAC 40 ont su ménager leur salaire. Deux schémas sont suffisants pour montrer une situation insensée :
Encore, Carlos Ghosn n'est-il pas dans ce classement puisque plus de la moitié de sa rémunération provient de Nissan, soit au total 15,8 millions d'euros par an... De plus, les conseils d’administration de ces entreprises s’entremêlent dans un entre-soi quasiment oligarchique :

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