Allemagne : un modèle ?
- administrateur
- 26 févr. 2018
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 mars 2018
La réussite allemande est souvent mise en exemple à l’opposé de la France : la première a réussi sa mutation grâce aux courageuses réformes tandis que l’autre est figée sur un modèle archaïque, incapable de se réformer.
Une remarque déjà s’impose : il est alors admis que le système capitaliste ultra-libéral est le seul qui fonctionne (on l’a vu en 2007/2008…). Cette doxa n’est valable que dans la mesure où les puissants ont réussi à inculquer cette vérité dans le sens commun. Mais il est vrai que les plus riches, qui ne tiennent pas à partager le bien mal acquis, possèdent pratiquement tous les médias et une bonne partie des « intellectuels » qui font l’opinion…
Voyons tout d’abord ce qui explique la puissance actuelle du modèle allemand. En premier lieu, la faible démographie de l’Allemagne : entre 2000 et 2016, la population allemande a augmenté de 276.000 habitants alors qu’en France, c’est plus de millions d’habitants en plus. La faible natalité a donc deux conséquences : l’Allemagne dépense 0,7 point de PIB de moins pour l’éducation qu’en France alors qu’il y a moins d’élèves par classe et que les enseignants y sont mieux payés. Le rapport d’actif sur inactif est de 1,9 en Allemagne (1,9 actif pour 1 inactif) contre 1,7 en France. Ce rapport est donc plus favorable en Allemagne. La population des actifs a augmenté de 5,5% en Allemagne sur la même période contre 10% en France. C’est donc la démographie qui est en grande partie la raison du différentiel de taux de chômage entre les deux pays.
L’Allemagne a, d’autre part, largement profité des pays émergents puisque son industrie est orientée vers les biens d’équipements. Cette orientation est ancienne quand, dans notre pays, les pouvoirs successifs, cédant aux sirènes des penseurs soldés par le capitalisme français, poussaient aux services, peu exportables. Cette spécialisation a permis une capacité à l’exportation qui n’est pas possible sur les produits grand public. Enfin, l’orientation de l’industrie automobile allemande vers les grosses berlines a permis d’investir le marché des riches chinois (1% sur 1,4 milliards d’individus, ça fait quand même 14 millions de clients potentiels…) alors que l’industrie automobile française restait sur le moyen de gamme (l’Allemagne exporte 2,7 fois plus que la France mais importe aussi 1,8 fois plus pour une économie 1,4 fois plus importante).

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