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17 novembre : j'y vais ou j'y vais pas ?

Dernière mise à jour : 17 nov. 2018

Cette journée, à l'initiative de citoyens mécontents de la hausse des taxes sur les carburants, doit être l'occasion de manifester son mécontentement contre cette politique jugée injuste du gouvernement Macron/Philippe.

Rappelons que la hausse du prix des carburants est justifiée par deux causes : l'augmentation du coût du baril de pétrole suite, d'une part à la réduction de production d'un certain nombre de pays producteurs comme l'Arabie saoudite pour faire remonter le cours de cette matière première et, ainsi, récupérer une part de plus-value perdue par une demande en baisse et, d'autre part, l'embargo sur l'Iran qui soustrait au marché un producteur d'importance ; l'augmentation de la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP) qui est sensée alimenter un fonds pour la transition écologique et aligner la fiscalité du gas-oil sur celle de l'essence. Pour mémoire, cette taxe sur le gas-oil était moins élevée que sur l'essence pour que Renault et surtout Peugeot puissent garder et augmenter leur part de marché face à une concurrence qui les mettait en danger sur une technologie motoriste où ces deux constructeurs étaient (et restent) forts.

Malheureusement, la science finit par nous apprendre que si le gas-oil émet moins de CO2 que l'essence, il est responsable d'émissions de micro-particules tout aussi dangereuses pour la santé, sinon plus. Nous ne discuterons pas pour savoir s'il vaut mieux avoir un 1,2l diesel qui consomme 4 à 5 litres aux cent km qu'un gros 4x4 essence de 3l qui consomme 12 à 15 litres aux mêmes cent kilomètres... Cependant, il est rare de voir un salarié au SMIC et même au salaire médian rouler dans ce dernier type de véhicule (dont les ventes ne diminuent pas au demeurant). Ce salarié qui vit ou en banlieue ou en zone péri-urbaine puisque le coût de l'immobilier lui interdit maintenant de vivre dans les centres urbains et qui doit donc soit prendre les transports en commun dans des conditions parfois indignes de notre pays, soit prendre sa voiture puisqu'il n'aura même pas la possibilité d'utiliser des transports en commun qui n'existent pas. Et qui consacrera une partie non négligeable de son salaire à ses déplacements. Pire, puisque éloigné des centres, il devra aussi utiliser son véhicule pour ses activités extra-professionnelles ou celles de ses enfants ou pour faire ses courses, le commerce de proximité ayant été assassiné par les grands groupes de distribution. Pire encore, il devra faire de plus en plus de kilomètres pour accéder aux services publics qui réduisent leurs points d'accès au nom de la sacro-sainte règle des économies budgétaires.

C'est donc ce salarié qui sera victime de l'augmentation du prix du carburant qui viendra s'ajouter à la hausse des prix, à la stagnation des salaires, à la baisse des prestations sociales, etc., les attaques de la politique de Macron ne manquant pas. On comprend alors son ressentiment et l'impression, très juste d'ailleurs, que c'est sur les moins favorisés qu'on tape le plus alors que les plus riches vont de mieux en mieux. Et quelque soient les discours ou les contre-mesures prises par le pouvoir pour nous faire croire que tout va bien, le mécontentement monte. Et il s'agrège sur cette question du carburant. Soyons clairs : la transition écologique ne fera pas l'économie de la suppression des moteurs diesel. Mais certainement pas dans ces conditions qui sont plutôt des sanctions prises contre les automobilistes que réellement la volonté de changer nos modes de déplacement. Et ces mesures punitives visent surtout les 80% de nos compatriotes qui n'ont pas les moyens de passer immédiatement à d'autres moyens de transport, si peu qu'ils en existent non polluants... Ce n'est pas sur des mesures prises sans projet plus large qui permettront de réduire notre impact écologique. Surtout qu'une petite partie des taxes supplémentaires iront à cette transition écologique, le reste servant à combler le manque à gagner des recettes de l’État suite aux cadeaux faits aux plus riches : suppression de l'ISF, CICE maintenu alors qu'il ne sert pratiquement qu'à redistribuer des bénéfices aux actionnaires et très peu à l'investissement...


On comprend donc la colère des gens face à ce qui est perçu, justement, comme une énième mesure visant leur porte-monnaie sans que l'on sache trop où va l'argent. Surtout que le discours de Macron, encore hier, est celui de quelqu'un qui entend sans doute mais n'écoute pas la colère qui monte. Si on ajoute à cela, à titre d'exemple, le fait que le gouvernement autorise Total à la prospection pétrolière en Guyane maritime, on comprend que Macron et consorts se moquent de nous...


Maintenant, est-ce que cette manifestation du 17 novembre est la meilleure réponse ? Si elle reste fixée sur la seule augmentation du prix des carburants, incontestablement, NON ! Si maintenant, elle est le prélude à des manifestations plus vastes contre l'ensemble de la politique ultra-libérale que mène Macron avec le soutien et la bénédiction de l'Union Européenne, alors OUI ! Encore qu'il faille se méfier des tentatives de récupération de l'extrême-droite d'un mouvement qui pourrait ressembler à du poujadisme(1). La Le Pen se frotte d'ailleurs les mains, espérant bien tirer les marrons du feu de ce mouvement que le FN essaie de récupérer, bien que les initiateurs s'en défendent. Jean-Luc Mélenchon le soulignera à Lille : « il y a des fachos mais surtout des gens fâchés » dans ce mouvement des gilets jaunes.

Il est donc difficile de se positionner par rapport à ce mouvement du 17 novembre. Être avec ceux qui en ont assez de cette politique qui frappe toujours les mêmes tout en se démarquant des militants FN qui pourraient animer, ici et là, ce mouvement. Aussi, des militants France Insoumise participeront à cette journée, comme à Tours :https://latouraineinsoumise.blogspot.com/2018/11/pourquoi-nous-participerons-au.htm

Et d'autre non. Pour le groupe d'appui de Fondettes, aucune décision d'appel n'a été prise. Participer ou pas, c'est un choix que chacun fera. Mais peut-être mieux vaut-il être là qu'absent. En aucun cas en se bouchant le nez mais en comprenant bien qu'il ne faudra pas s'arrêter à cette journée : en effet, même si c'est un succès, que faire après ? Et là, la réponse ne pourra qu'être politique : nous serons alors présents !

Ci-dessous, un texte de Matthias Tavel, candidat FI aux européennes de 2019 « La journée du 17 novembre contre la hausse du prix des carburants a vite été cataloguée comme une « colère ». Pour les éditocrates, c’est une manière de dénigrer. Mais le dictionnaire est clair. Colère : sentiment d’irritation contre ce qui nous blesse. « Cachez donc cette colère » entend-on si souvent. Mais en réalité, c’est la blessure qu’il faudrait cacher ! Des ouvriers en légitime défense sociale contre des licenciements ? Un président de groupe parlementaire d’opposition s’offusquant de perquisitions menées par un procureur soumis au gouvernement ? Des automobilistes voyant leur salaire disparaître de plus en plus dans leur plein d’essence ? Et ils voudraient qu’il n’y ait pas de colère ou qu’on ne le dise pas ? Qui aurait à y gagner ? Les plus illustres ne s’y sont pas trompés. Ni Gramsci disant « je hais les indifférents ». Ni Hugo disant « J’effaroucherai le bourgeois peut-être, qu’importe si je réveille le peuple ». Ni Jaurès défendant les ouvriers : « Ah le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer son action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! ». Dans l’affaire des carburants, il y a beaucoup à dire. Oui la sortie des énergies carbonées est vitale face au changement climatique. Oui, la lutte contre les pollutions du diesel est un impératif majeur de santé publique. Mais le carburant de la colère est surtout dans l’absurdité de la situation. Le plein d’essence coûte plus cher pour qui prend sa voiture mais son salaire n’augmente pas. On lui reproche de se déplacer mais on ferme les services publics comme la maternité du Blanc. Comment aller chez l’ophtalmo quand il faut faire 200 km ? Faut-il y aller en TGV hors de prix ? Et s’il n’y a plus de TER ? Comment reprocher aux petites gens d’utiliser leur bagnole tout en laissant les périphéries des villes devenir des centres commerciaux à ciel ouvert ? Comment comprendre la hausse des taxes pour les particuliers mais pas pour le kérosène des compagnies aériennes ? Où est la politique de mobilité durable quand l’Union européenne encourage le dumping social le plus féroce sur le transport routier et la privatisation du rail ? A quoi sert donc l’euro s’il ne permet pas de se passer du dollar pour contrer les sanctions de Trump contre l’Iran ?

Le principal carburant de cette colère, c'est l'injustice. Et en l'occurrence, l'injustice fiscale du Président des riches. L ’injustice de la suppression de l’impôt sur la fortune et de l’évasion fiscale des multinationales. Les riches se gavent pendant que le peuple en bave. C’est cette colère qu’il s’agit de voir. Pour l’accompagner, la structurer, et en faire non une jacquerie réactionnaire mais un mouvement social et politique. C’est le propre des moments destituant que d’emprunter des chemins tortueux. Rien n’empêche qu’ils finissent à bon port. Encore faut-il le vouloir. »


(1)Mouvement des années 53/58 de défense des intérêts particuliers des petits commerçants et artisans qui, par extension, est devenu un terme désignant tout mouvement de défense d'intérêts corporatistes à tendance réactionnaire. Jean-Marie Le Pen sera élu député poujadiste en 1956, ce qui situe bien ce qu'est le poujadisme.

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